En France, face aux leaders mondiaux Christie’s et Sotheby’s, un acteur français parvient à jouer dans la cour des grands, il s’agit de la société Artcurial.
Nous disions, dans notre article précédent, que la France ne possède pas de maison de ventes de taille internationale, que seul Artcurial parvient à tenir tête, sur le marché français, aux filiales françaises de Christie’s et Sotheby’s, les deux géants mondiaux. Justement, faisons le point sur la situation en France puisque les trois principaux acteurs viennent de publier leurs chiffres d’affaires pour l’année 2016.
Les trois principales maisons de vente en France se tiennent à peu de choses : Christie’s arrive en première position avec 244,6 millions d’euros, suivi de Sotheby’s avec 220 millions d’euros puis Artcurial avec 210,1 millions d’euros. Ce dernier connaissant la plus forte progression par rapport à 2015 (+ 10%), le podium sera peut-être modifié l’année prochaine.
Ce sont les collections qui assurent une partie importante des ventes, ainsi que de la médiatisation : on citera la collection du cinéaste Claude Berri ou la collection de bronzes d’Alain Delon pour Christie’s, les œuvres du peintre Boutet de Monvel ou la collection de l’amateur d’art Robert de Balkany pour Sotheby’s, la collection de bandes dessinées du chanteur Renaud ou la succession du photographe Willy Ronis pour Artcurial. Certains lots atteignent des sommets et l’on compte 27 enchères millionnaires chez Christie’s, 26 pour Sotheby’s et 11 pour Artcurial.
Pour se faire une place face aux deux mastodontes mondiaux, Artcurial joue sur les spécificités du marché français. Paris est la 2e place mondiale pour les ventes de voitures de collection, après Pebble Beach aux Etats-Unis, et la maison française est très bien placée dans ce domaine puisqu’elle y réalise 38% de ses ventes. Elle a même décroché le record mondial : 32 millions d’euros pour une Ferrari 335 Sport Scaglietta de 1957. Paris est leader pour la bande dessinée, également un domaine d’excellence pour Artcurial, ainsi que le luxe (sacs Hermès, montres, joaillerie, vins), qui représente 12% de ses ventes.
Petit regret : 70% des objets vendus par Artcurial et 67% de ceux de Sotheby’s (on n’a pas le chiffre pour Christie’s) partent à l’étranger. Les acheteurs non-résidents représentent les deux tiers des acquéreurs, la France se vide de ses objets d’art. Mais avec une fiscalité aussi confiscatoire, faut-il s’en étonner ?