Comment les constructeurs automobiles gonflent les chiffres de leurs ventes

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Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 10 février 2017 à 7h58
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@shutter - © Economie Matin
14%Depuis 2010, la part de ventes de voitures neuves auprès des particuliers a chuté de 14 %.

Le marché automobile a repris des couleurs l’an dernier, après plusieurs années de baisse. Le mois de janvier est aussi très bon avec une hausse des ventres de plus de 10 % par rapport à janvier 2016. Et pourtant, selon nos confrères de L’Argus, la situation est loin d’être aussi rose : une partie de ces ventes sont un peu bidonnées. Explications.

Pour gonfler les chiffres les voitures sont vendues à des loueurs

Si vous louez une petite voiture de catégorie A ou B chez un loueur de voiture, il est fort probable que l’on vous propose une Fiat et ce n’est pas le fruit du hasard : 45 % des ventes de Fiat l’an dernier dans l’Hexagone ont été réalisées auprès de loueurs de voitures.

La pratique n’a évidemment rien d’illégal, sauf que ces ventes, qui sont réalisées à des conditions financières canon pour les loueurs - ils obtiennent de super remises dont les particuliers ne peuvent même pas rêver - servent en fait à doper les ventes du constructeur. La marque italienne n’est pas la seule dans ce cas : tous les constructeurs vendent des voitures aux loueurs pour terminer leurs mois ou l’année dans le vert.

Mais ce que révèle l’enquête de nos confrères de l’Argus publiée le 9 février 2017, c’est que la pratique prend énormément d’ampleur. Jugez un peu : depuis 2010, la part de ventes de voitures neuves auprès des particuliers a chuté de 14 %. Cela veut dire que nous sommes de plus en plus nombreux à acheter non plus des voitures neuves, mais des voitures d’occasion, même si elles sont d’occasion récente.

Et d’ailleurs, les Français n’achètent pas que des voitures passées entre les mains d’un loueur automobile pendant quelques mois, 6 en moyenne… Non, vous achetez aussi beaucoup de voitures chez les concessionnaires, présentées comme des « voitures d’essai », avec parfois même le panneau « occasion zéro kilomètre » ou « occasion faible kilométrage ». Et quand on regarde le compteur, effectivement certaines n’ont parcouru que quelques centaines voire quelques dizaines de kilomètres.

Les voitures d’essai sont nécessaires mais trop nombreuses

Bien évidemment, nous sommes tous contents de pouvoir essayer une voiture avant de l’acheter. On ne sait jamais, on pourrait ne pas l’aimer ou la trouver inconfortable et dépenser des milliers d’euros c’est un budget. Sauf que l’on a pas besoin de 10 voitures d’essai du même modèle ; or, pourtant, c’est bien ce qui arrive de plus en plus chez certains concessionnaires.

Ils ne sont pas fautifs, il faut bien le préciser, mais complices d’un système destiné, là encore à doper les ventes des constructeurs. Ces derniers, en fin de mois ou d’année, toujours pour gonfler les statistiques, demandent à leurs concessionnaires d’immatriculer un certain nombre de véhicules, qui deviennent donc mécaniquement des voitures d’occasion... et sont considérées comme vendues.

Et ce sont ces voitures, ensuite, que l’on va vous proposer à parfois 20, ou 30 % moins cher. La seule chose, c’est que vous ne pourrez pas choisir la couleur ou les options mais comme par hasard, il y a de fortes chances qu’il y en ait une sur le parking qui ait la couleur que vous souhaitiez.

Conséquence de tout cela : si vous devez changer de voiture prochainement, n’hésitez pas à vous tourner vers ces voitures « zéro kilomètres » ou « véhicules d’essai » pour faire de vraies économies.

Autre conséquence, inédite celle-là : cette baisse du prix d’acquisition d’une voiture neuve présentée comme d’occasion pèse sur le marché de l’occasion récente : les particuliers qui essayent de revendre leur voiture après un ou deux ans seulement se retrouvent en concurrence directe avec ces véhicules et doivent donc, eux aussi, baisser leurs prix.

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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