Après avoir omis de communiquer pendant deux mois sur l'inflation, la publication du chiffre d'août par la banque centrale donne l'occasion de faire le point sur l'économie du Venezuela.
60%, c'est à l'heure actuelle le taux d'inflation du pays qui est parmi les plus élevés au monde, on s'en doute. A cela, s'ajoute un naufrage économique aisément perceptible. Bien que le pays publie de manière très irrégulière les indicateurs macroéconomiques clés, en se fiant aux données disponibles ayant trait au secteur manufacturier, à la construction automobile et également aux importations de biens de production, on peut sans l'ombre d'un doute confirmer une récession technique au premier semestre de l'ordre de -3% à -5%.
Notre recommandation:
Pour s'en sortir, le pays a deux solutions. La première, c'est la fuite en avant. Autrement dit, recourir à la planche à billets, ce qui équivaut à entretenir l'inflation, et s'appuyer sur les subsides de PDVSA qui s'amenuisent à cause de l'absence de modernisation de l'appareil productif et de la fuite massive des cadres.
La deuxième, qui parait indispensable pour restaurer une marge de manoeuvre budgétaire, consiste à augmenter progressivement le prix de l'essence. Pour un pays qui possède les plus importantes réserves de pétrole prouvées au monde, une telle décision peut paraître aberrante au premier abord mais elle souligne surtout les conséquences dramatiques des errements économiques depuis 2002-2003, date de la grève générale.
En divisant seulement par deux les subventions sur l'essence, le pays pourrait retrouver une aisance financière de 31.25 milliards de dollars sur les cinq prochaines années. Il faudrait, en parallèle, revoir la politique d'approvisionnement privilégiées à certains pays alliés, comme Cuba, qui ponctionne souvent inutilement les réserves nationales.
Cela impliquerait bien-sûr un virage idéologique important qui n'est pas d'actualité à court terme mais qui commence à être évoqué, y compris au sein du parti au pouvoir, le PSUV.
L'impact politique et social:
La conséquence politique et sociale immédiate d'une hausse des prix de l'essence sera d'inévitables manifestations populaires voire, dans le pire des scénarios, une révolte similaire au Caracoza de 1989 résultant en une destabilisation politique de l'exécutif qui pourrait favoriser une révolution de palais.
Celle-ci n'est en rien absurde. Le dernier remaniement ministériel de l'été souligne à quel point le président Maduro est isolé face aux chavistes historiques et à l'armée, contrôlée par le président de l'Assemblée Nationale, Diosdado Cabello.
Dans cette crise, les partis d'opposition, encore discrédités, font office de spectacteurs. Au mieux, de commentateurs. Un retour au pouvoir parait bien éloigné en dépit du résultat encourageant de la dernière présidentielle.