Sur la forme comme sur le fond, les annonces de Manuel Valls en faveur de l’emploi dans les PME et TPE ont plutôt été une réussite en termes de communication.
Ces annonces viennent compléter les dispositions prévues par la Loi Macron, dont le processus législatif est en cours, et, d’un point de vue idéologique, elles s’insèrent dans le cadre voulu et défini par le président de la République : une politique économique de l’offre, de nature « sociale libérale ».
Une opération de communication politique réussie se mesure à la réunion de plusieurs critères :
• Un timing propice (accessoirement, un décor conforme aux messages délivrés).
• Des mesures clairement énoncées et compréhensibles par tous.
• Une opposition minimale des habituels opposants politiques sur le fond des sujets.
Manuel Valls a réuni l’ensemble de ces critères à l’occasion de ses annonces, qu’il a lui-même qualifiées de « Small Business Act » à la française… A un détail important près : Le timing. En effet, les annonces économiques du Premier ministre sont venues percuter un environnement de communication personnel polémique lié à son déplacement à Berlin samedi soir pour assister à la finale de la ligue des champions de football.
Les résultats du sondage de cette semaine montrent que l’opinion publique a été plutôt convaincue du bienfondé économique des mesures annoncées et a su dépasser le contexte politique polémique.
Q1 : Etes-vous favorable ou opposé à la possibilité offerte aux entreprises de renouveler les CDD (Contrats à Durée Déterminée) deux fois, au lieu d’une actuellement ?
- Sous total "favorable" : 65 %
- Sous total "opposé" : 34 %
- NSP : 1%
65% des Français interrogés approuvent la possibilité offerte aux entreprises de renouveler les CDD
Parmi les 18 mesures annoncées mardi dernier par Manuel Valls, l’une des mesures phares concerne la possibilité de renouveler deux fois un contrat de travail à durée déterminée, contre une seule fois actuellement. Cette mesure visant à créer de la flexibilité à l’embauche et réclamée de longue date par les représentants des organisations patronales, trouve ici une traduction dans les faits de la part de Manuel Valls.
Cette annonce est une réussite en communication politique : le Premier ministre s’est attiré le soutien immédiat de la part des dirigeants des organisations patronales, limitant ainsi l’opposition parlementaire, les Républicains ou UDI d’apporter une voix discordante. C’est la même chose pour les syndicats de salariés, l’extrême gauche ou encore les frondeurs. Aucune de ces organisations n’a pu émettre une critique suffisante pour ternir l’impact en termes de communication de ces mesures.
Symboliquement, cette mesure pourrait demeurer dans l’opinion comme une des mesures phares de la politique sociale-libérale voulue par le président de la République, mise en œuvre par Emmanuel Macron sous l’impulsion du Premier ministre.
Q2 : Etes-vous favorable ou opposé à la limitation des indemnités que les salariés peuvent obtenir auprès des prud’hommes en cas de licenciement (création d’un montant maximum selon la taille de l’entreprise et l’ancienneté du salarié) ?
- Sous total "favorable" : 49%
- Sous total "opposé" : 49%
- NSP : 2 %
Un résultat équilibré (49% des Français interrogés se prononçant pour, 49% se prononçant contre) en ce qui concerne la limitation des indemnités que les salariés peuvent obtenir auprès des conseils de prud’hommes en cas de licenciement
La seule limite que l’on peut apporter à ce quasi sans faute en termes de communication économique concerne les indemnités prud’homales que le gouvernement entend plafonner en cas de licenciement. Il convient de noter que les indemnités prud’homales ne dépendent pas seulement de la seule décision des conseils de prud’hommes, mais aussi des conventions collectives dont dépendent les salariés en fonction de leur entreprise. Le droit à l’indemnité est aussi encadré en fonction du type de licenciement (pour faute, économique etc.)
Il n’en demeure pas moins que ce résultat n’est pas véritablement une surprise, car la mesure pourrait faire courir potentiellement un risque aux portefeuilles des Français concernés. En communication, une annonce qui implique un risque financier est rarement plébiscitée.
Q3 : Etes-vous favorable ou opposé au versement d’une prime de 4000 euros aux entreprises sans salariés pour l’embauche d’un premier salarié ?
- Sous total "favorable" : 65 %
- Sous total "opposé" : 33 %
- NSP : 2 %
65% des Français interrogés favorables au versement d’une prime de 4000 euros aux entreprises sans salariés pour l’embauche d’un premier salarié
Si Manuel Valls a été aussi peu challengé par ses opposants politiques sur les annonces énoncées, c’est aussi parce qu’il a su équilibrer idéologiquement les annonces. Si le renouvellement du CDD est une mesure volontairement libérale, la création d’une prime supplémentaire, qui va peser sur les dépenses publiques, est plutôt une mesure d’accompagnement sociale à l’embauche. Le processus est différent mais l’esprit est le même que pour les emplois aidés. Cet équilibre politique dans la communication du Premier ministre (un coup de barre à droite sur les CDD, un coup de barre à gauche pour les primes d’embauches pour les TPE) explique également le soutien de l’opinion publique.
Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay pour La « Question de l’Éco » du 11 juin 2015