La réinvention de la valeur boursière

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Par Gilles Langlade Modifié le 26 mai 2014 à 8h31

Il est nécessaire de repenser la volatilité des marchés actions en modifiant les normes actuelles inadéquates.

Avant la révolution financière et comptable des années 80, les variations des cours de Bourse étaient logiquement limitées à un prix pour une quantité de titres échangés. Nous étions dans le monde de la gestion directe (pas de fonds de placement). C’était le temps des "boursicoteurs" connaisseurs et avertis, et des professionnels (agents de change, etc…). Dans ce monde de professionnels, avant de parler de performance, on demandait si on avait pu vendre ou acheter, ensuite pour quelle quantité, enfin pour quel cours de transaction, dans le but de connaître le gain ou la perte réalisé.

De cette ère de connaisseurs et de professionnels, nous sommes passés à l’ère de la démocratisation boursière à outrance avec, entre autres, les fonds de placement. Fonds de placement, qui ne vous annoncent pas un prix, mais une évaluation comptable. Cette réalité trop souvent oubliée est source de quantité de mécompréhensions et de situations fâcheuses. En effet, le principe de valorisation comptable des fonds de placement fait fi de la possibilité de réaliser, pour tous les porteurs de parts, les performances qui leurs sont annoncées.

Et pourtant, les normes comptable IFRS offrent trois options comptables de valorisation des outils d’investissement collectif type fonds de placement :

  • 1) Première option : Le Mark-to-Market (juste valeur), lorsqu’il existe un marché actif et représentatif en terme d’échanges (ce qui n’est pas le cas des marchés boursiers), qui extrapole mécaniquement une valeur réalisée lors d’un échange à tous les titres, en considérant qu’elle est réalisable par tous.
  • 2) Deuxième option : En l’absence de marché actif, on peut valoriser en observant la valeur des actifs similaires. Exemple, je veux vendre 100 titres de la société X et je prends comme référence le prix qui a été réalisé il y a plusieurs jours lors d’une vente d’un nombre de titres plus ou moins équivalent
  • 3) Troisième option : Le Mark-to-Model. Dans cette option, le prix peut être obtenu par des techniques de valorisation interne selon une règle édictée logique et compréhensible par tous. Cette option est intéressante lorsqu’ il n’y pas de véritable cohérence entre le prix échangé pour un volume et les volumes détenus, ce qui est le cas en Bourse.

Etonnement, alors qu’en Bourse où les volumes d’échange sont très faibles par rapport au nombre de titres en circulation, il a été choisi d’utiliser mécaniquement le Mark-to-Market et non le Mark-to-Model.

Quelques Français gagnent (ou perdent) un jeu de grattage quelconque à 17h30 et on dit à tous les possesseurs de billets qu’ils ont tous gagné… ou perdu. Imaginez la "volatilité". Voir site www.agencedecotationihr.com.

Attention aux comparatifs de performances qui dans les faits ne sont que des comparatifs de valorisations comptables. Inutile de dire que les informations sur les "performances" doivent être retraitées par des professionnels pour en connaitre la véritable crédibilité et faisabilité. Nous sommes dans une pyramide inversée où la base, qui est en fait le pic, constituée des prix de transactions des quelques opérations réalisées à la fermeture des marchés, est écrasée par la pyramide des valorisations comptables de tous les autres titres en circulation. A ce stade, inutile de vous préciser que l’information des hausses ou baisses boursières pour les épargnants et investisseurs non spéculateurs est non pertinente car irréalisable en terme de prix et de volumes.

Dans les faits, les krachs ne sont que le retour à la réalité : un prix pour une quantité échangée.

Ne l’oublions pas, la Bourse en elle-même est un simple lieu d'échange de titres financiers. "En soit, elle ne peut ni monter ni baisser". Seules les quantités de titres négociées font l’objet de prix à la hausse ou à la baisse. Pour le reste, ce n’est que des histoires. L’effet "kiss cool" de la comptabilité expliqué par l’effet "kiss cool" de l’exploitation de l’actualité. Les corollaires de cette aberration ont des effets considérables en termes de déstabilisation SOCIOECOPOFI© (SOCIOlogie, ECOnomie, POlitique, FInancier).

- Sociologique : ces valeurs sans fondement génèrent, suivant les cas, défiance, crainte, peur, panique, confiance, euphorie avec les problèmes de la liquidité qui vont avec.

- Economique : manque de consommation (en phase de crainte, peur, panique), consommation excessive (en phase d’euphorie, avec le crédit) générant suivant les cas déflation ou inflation.

- Politique : Etude de prospective faussée, analyse erronée, décision à mauvais escient, défiance des peuples, manifestations, etc…

- Financière : Une estimation faussée des patrimoines par les banquiers lors d’opération d’endettement ; une base de référence fiscale fausse car identique pour tous les porteurs de parts contribuables. Etc…

C’est pour cela qu’il est urgent d’imposer l’obligation de doubler l’information de la Variation Spéculative du Jour© (VSJ©), certes officielle mais qui dans les faits n’intéresse que les spéculateurs, par la Variation Humainement Responsable© (VHR©).

La VHR©, a contrario de la variation actuelle (et officielle) des marchés financiers, à titre d’information, n’extrapole pas la hausse ou la baisse boursière réalisée par un petit nombre à tous les porteurs de parts, mais, en parfait respect de la règle juridique de "l’égalité des porteurs de parts", divise le gain ou la perte du jour sur l’ensemble des porteurs de parts.

On peut ainsi constater que les variations pondérées par les volumes annulent tout effet (ou presque) de volatilité. Car c'est bien sur cette volatilité, fabriquée par le choix de normes comptables inadéquates, que les marchés dérivés spéculatifs trouvent leur terrain de jeux. Marchés dérivés qui trop souvent, sont utilisés pour détourner les capitaux de l'économie réelle.

N’est-ce pas plus logique ? Moins déstabilisateur que le système actuel ? Plus respectueux des investisseurs non avertis ? Ne serait-ce pas plus logique en terme juridique ? Ne serait-ce pas tout simplement une "Information Humainement Responsable" (IHR) ?

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