Ce sont des chiffres bien tristes que l’Insee a publié cette semaine : 2020 est l’année où sont nés le moins de bébés en France depuis la seconde guerre mondiale. Avec à peine 740.000 naissances et un taux de fécondité de 1,84 enfants par femme, la natalité française est en berne. Ce phénomène qui ne cesse de s’accentuer depuis 2012 (1) s’est encore aggravé sous l’effet du Covid : la chute des naissances est plus marquée en novembre et décembre où sont nés les premiers bébés conçus après l’arrivée en France du virus.
Dans son bilan démographique, l’Insee indique par ailleurs que les mariages ont chuté de 30% en 2020. Ces célébrations remises à des jours meilleurs – ou même parfois annulées – ne présagent rien de bon pour les chiffres de natalité des années à venir.
Certains néo-malthusiens se réjouiront peut-être de la réduction des naissances en France. Ils oublient un peu vite que les enfants qui naissent aujourd’hui sont ceux sur lesquels nous compteront dans 20 ans pour financer notre niveau de protection sociale et de retraites.
D’autres laissent entendre qu’il suffira de faire venir de l’étranger la main d’œuvre dont la France aura besoin. C’est oublier que ces actifs non formés en France, souvent mal payés, et générant des frais pour s’insérer en France ne pourraient pas assurer le maintien d’un haut niveau de protection sociale et de retraites.
D’autres encore, tournés vers un passé idéal appellent de leurs vœux une « grande politique nataliste » qui ne correspond peut-être pas aux désirs actuels de la majorité des français ni au niveau de dépenses sociales que la France peut aujourd’hui financer.
Entre ces extrêmes, le gouvernement serait bien avisé de prendre quelques mesures pour mieux accompagner les familles et leur permettre d’avoir un nombre d’enfants plus proche de celui qu’elles affirment souhaiter mettre au monde. Une récente enquête de l’UNAF indique en effet que les familles souhaiteraient avoir 2,3 enfants en moyenne, niveau permettant de renouveler les générations.
A défaut de mettre du viagra dans les doses de vaccin quand viendra le tour de vacciner les moins de 50 ans, quelques mesures simples et peu coûteuses pourraient être prises par le gouvernement pour faciliter l’accueil d’enfants par les familles qui en ont le désir :
- Développement d’une plus grande flexibilité choisie au travail sur le modèle de ce que font de plus en plus de pays européens (Royaume-Uni, Norvège,…).
- Développement de tous les modes de gardes (crèches, assistantes maternelles, garde partagée, congé parental court bien rémunéré, congé parental long plus faiblement rémunéré, …) pour offrir à moindre coût pour les finances publiques un plus grand nombre de solutions aux parents.
- Lutte contre la culture du « présentéisme » à la française qui laisse supposer qu’un salarié n’est engagé dans son entreprise que s’il y reste fort tard le soir.
- Meilleure valorisation de l’expérience qu’acquière toute personne qui s’implique dans le soin et l’éducation de ses enfants.
Espérons que dans le cadre de la réforme des 1000 premiers jours de l’enfant sur laquelle travaille le gouvernement, il saura proposer des mesures qui aideront la France à renouer avec une démographie permettant le renouvellement des générations et le maintien de la place de la France dans le monde.