Une révolution budgétaire qui se poursuit

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Par Samy Chaar Publié le 28 juin 2021 à 13h23
Debat Trump Biden Analyse
@shutter - © Economie Matin
4000 MILLIARDS $Le plan pour les infrastructures de Joe Biden prévoit une enveloppe de 4.000 milliards de dollars.

A 6,4%, la croissance (annualisée) du PIB enregistrée aux Etats-Unis au premier trimestre a dépassé les attentes, ce qui nous a poussé à revoir à la hausse nos prévisions déjà optimistes pour 2021 (voir graphique 12). Au-delà de la réouverture plus rapide que prévu de l'économie et des solides mesures de relance qu'il reflète, ce taux de croissance confirme également que l'économie américaine s'est beaucoup mieux adaptée aux restrictions que durant la première phase de la pandémie. Le taux de vaccination ayant fortement augmenté, le reste de l'année s'annonce très favorable.

Après avoir obtenu en mars l'adoption de son plan de relance « Rescue Plan Act » (axé sur les revenus d'urgence et le soutien à la demande), le gouvernement Biden a entamé la mise en œuvre d'un plan d'infrastructure physique (« American Jobs Plan ») et sociale (« American Families Plan ») de grande envergure (USD 4'000 milliards) conçu comme un investissement productif dans l'offre.

Ce plan ambitieux vise un domaine où le sous-investissement est chronique. Il présente deux différences fondamentales avec les mesures d'aide qui l'ont précédé. Premièrement, il s'étend sur une période beaucoup plus longue. Alors que les chèques d'urgence avaient été émis de manière immédiate lors de la pandémie, les dépenses d'infrastructure s'étaleront sur une décennie entière et rien – ou peu – ne se passera durant les deux premières années. Le versement progressif des fonds atténue également le risque de surchauffe. De plus, contrairement aux mesures de soutien liées à la Covid, les dépenses d'infrastructure devraient être financées par des recettes fiscales plutôt que par un accroissement du déficit. Les principales mesures proposées par Joe Biden sont un relèvement de l'impôt sur les sociétés (ou un nouveau plancher fiscal) et du taux marginal maximal d'imposition des revenus, annulant en partie les baisses introduites par Donald Trump (voir graphique 13), ainsi qu'une plus grande taxation des revenus réalisés à l'étranger par les multinationales américaines, par le biais d'un taux d'imposition mondial minimum de 15%. A cet égard, un accord a été signé lors de la réunion des ministres des Finances du G7 du mois de juin et devrait être finalisé lors de la réunion du G20 en juillet.

Nous estimons que ce soutien budgétaire durable sans précédent aux Etats-Unis (conçu principalement pour ne pas répéter l'erreur commise – en tout cas vue comme tel – de revenir à une politique d'austérité trop rapidement après la crise financière mondiale) aura des avantages économiques (sur les investissements, l'emploi, Medicare, l'éducation, les revenus, la demande et la productivité) globalement largement supérieurs aux coûts. En outre, même si ce processus législatif complexe ne fait que commencer, nous pensons que, grâce au soutien des Démocrates et à la détermination de l'administration Biden, une version relativement proche de la proposition actuelle sera adoptée, probablement au dernier trimestre de cette année.

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Chef économiste, Lombard Odier

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