Avec la crise Covid-19 et le reconfinement, le sport amateur est une nouvelle fois jeté aux oubliettes. Une triste nouvelle pour tous ses acteurs et pour l’économie française.
Lors du confinement de mars à mai 2020, le milieu du sport français a été mis à l’arrêt. La France a ainsi été le seul pays d’Europe à interrompre totalement ses compétitions professionnelles.
Pendant ce premier confinement, c'est bien le sport pro qui a été le plus touché, perdant droits TV et billetterie. Les ligues et les clubs de haut niveau ont contracté des prêts pour faire face à un manque à gagner en ce qui concerne les droits TV.
Les structures de sport amateur ont elles été moins impactées car les cotisations des licenciés et les subventions des partenaires institutionnels et privés avaient été versées en début de la saison.
La Ministre des Sports Roxana Maracineanu a assuré à la fin du mois d’octobre "travailler main dans la main avec les associations". Pour elle, il ne faut pas oublier que les clubs amateurs "ont fait des économies pendant la crise, avec l'annulation des déplacements (...) et l'allègement des charges. Ils ont aussi gardé de la trésorerie grâce aux cotisations de l'année dernière."
Mais avec ce confinement “Acte II”, le sport amateur est la vraie victime du milieu car il subit un véritable coup d’arrêt. A la rentrée, les clubs amateurs comptaient déjà un quart d’adhésions en moins vis-à-vis de la saison passée. Denis Masseglia, président du Comité National Olympique du Sport Français (CNOSF), estime cette perte à “autour d’un milliard d’euros”.
Avec la crise sanitaire, certaines familles n’ont pas le pécule nécessaire pour inscrire leurs bambins au sport. D’autres se préservent d’une nouvelle interruption de la saison à cause du Covid-19 et prennent donc leurs précautions.
Autre problème trop souvent ignoré, les sportifs amateurs perdent le lien social généré par les séances de sport. Se pose également une question de santé publique. Bon nombre de pratiquants se fient à leur structure pour se dépenser, avec toutes les vertus qu’apporte la pratique sportive. La notion de plaisir est aussi en jeu. “Nos adhérents, de tout âge, ne peuvent plus prendre ce plaisir que leur apportait cette magnifique récréation hebdomadaire.” regrette Christophe Denis, entraîneur et dirigeant de la section basket-ball à l’USM Malakoff.
Le secteur privé du sport amateur, qui pèse 77 milliards d’euros en France, se retrouve au point mort. Les projets de développement de certains clubs ou salles de sport sont mis à mal car les partenaires peuvent être tentés de jeter l’éponge.
Denis Masseglia anticipe que “certains clubs ne vont pas s’en sortir” sans un coup de pouce financier. De son côté, Christophe Denis refuse de se positionner en victime face à cette crise sanitaire. “Cette période donne finalement l’opportunité d’en ressortir en étant meilleurs. Elle nous oblige à trouver des solutions.” clame-t-il.
Dans une tribune publiée sur le site du Point, l'ancien président de la Ligue de Football Professionnel (LFP) Frédéric Thiriez préconisait quelques mesures. Il évoquait par exemple un allègement des charges sociales pour les clubs amateurs employeurs ou encore le lancement d'un plan d'équipements sportifs de proximité (terrains et salles de sport) qui participerait aussi à la relance économique du secteur sportif.
La solution passe certainement par une aide financière pour les structures de sport amateur. Les pratiquants seront eux perdants à coup sûr, l’éducation, le vivre ensemble et le lien social étant menacés par cette mise à l’arrêt. L'état d'urgence est déclaré. Alors, fallait-il arrêter le sport amateur en général et le football en particulier ?