Alors que s’ouvre aujourd’hui 26 août 2015 l’Université d’été du MEDEF ayant pour thème « formidable jeunesse », Benjamin Suchar, jeune entrepreneur de 28 ans membre fondateur des Moineaux (mouvement dédié à la parole des jeunes entrepreneurs) et co-fondateur de la start-up Yoopies.fr dénonce le manque de représentativité de cette organisation patronale pour les jeunes entrepreneurs.
En ce jour d’ouverture de l’Université d’été du MEDEF, je salue la prise de conscience soudaine de cette organisation patronale pour la cause des jeunes. Mais je suis également convaincu que cette organisation ne nous représente pas.
Les mots même de « patron » et de « patronat » semblent aujourd’hui dépassés pour notre jeune génération d’entrepreneurs. Plus que la baisse du coût du travail, c’est l’innovation et la culture du risque qui doivent selon nous être mis en avant.
Nous nous sentons ainsi aujourd’hui davantage représentés par Xavier Niel que par Pierre Gattaz. Quelle autre grande figure que le créateur de Free finance autant de start-ups ? Crée des écoles ? S’engage pour la jeunesse ?
Le corporatisme des syndicats que dénonce bien souvent le MEDEF semble ne pas avoir de meilleur égal que celui du patronat : mêmes grandes écoles, mêmes parcours, « consanguinité » des conseils d’administrations. Où est l’ouverture, la diversité ?
Seules quelques grandes entreprises françaises pratiquent le « corporate venture », l’investissement dans de jeunes pousses. Qu’il est compliqué pour un jeune entrepreneur de vendre un service ou un produit à de grands groupes ! Avant de demander un « small business act » pour ouvrir des parts de marché publics aux PME, il reviendrait aux grandes entreprises de faire plus confiance aux start-ups qui les entourent.
On entend souvent les leaders patronaux dénoncer le manque de « culture d’entreprise » de nos représentants politiques. Nous pourrions pourtant faire le parallèle avec certains dirigeants de grandes entreprises, qui manquent cruellement de vision sur les innovations des start-ups révolutionnant les modèles économiques et sociétaux de demain. Quels grands patrons nous parlent d’économie collaborative ou d’entrepreneuriat social et solidaire ?
L’entrepreneuriat ne devrait pas être marqué ou récupéré idéologiquement par des partis politiques ou des organisations qui s’en rapprochent. Nous ne souhaitons pas entendre toujours les mêmes dans le débat public. Pour être crédibles et écoutés, il me semble important de rentrer dans une logique qui soit non partisane.
Si le MEDEF dénonce régulièrement le manque de réforme du gouvernement français, il serait opportun qu’il commence par se remettre en question lui-même pour être plus en phase avec la jeunesse et la nouvelle économie numérique.
Il est temps de donner la parole aux jeunes entrepreneurs. Ce sont eux qui sont les mieux placés pour susciter des vocations et faire aimer l’entreprise.