Union européenne : une mutation socio-économique en stand-by

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Par Jacques Martineau Publié le 24 avril 2015 à 5h00
Europe Mutations Socio Economiques
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1,7 %La croissance de l'Union européenne devrait s'établir en 2015 à 1,7 % selon les prévisions.

La mutation socio-économique des pays industrialisés de l’OCDE est commencée depuis longtemps, mais elle est loin d’être maîtrisée. Elle touchera l'ensemble des secteurs industriels, technologiques, numériques, scientifiques, sociaux et culturels tout comme les domaines politiques, économiques et financiers. A en croire les prévisions du FMI, la croissance reposera cette année sur les Etats-Unis et un peu sur l’UE. Les pays émergents sont à nouveau en difficulté.

Cette évolution ne sera pas non plus sans conséquence sur les décisions et les réponses à apporter aux questions sensibles non résolues concernant l’Union européenne toujours en panne, au plan, politique, économique, social, de défense ou d’immigration clandestine. D’autres problèmes importants ne manquent pas non plus, qu’il s’agisse du soutien aux nouveaux partenaires européens venus de l'Est, de l'aide globale aux pays du tiers-monde, sans oublier aussi l'appréhension, au bon niveau, des risques écologiques liés à la protection de l'environnement.

Le climat social se détériore en Europe

En relation avec nos partenaires et concurrents, tout en respectant l’autonomie et le choix de chacun, partout des interventions, des gestes et des engagements concrets devront sceller les principes de ce qui peut n'apparaître encore aux yeux du grand public que comme une traduction politico-médiatique de l'évolution de notre société dans la mouvance d'un environnement complexe interdépendant.

La crise de l'emploi et l'aggravation du chômage, mises en exergue par une conjoncture économique jusqu'ici défavorable et un manque de perspectives crédibles mobilisatrices, contribuent à détériorer le climat social, accentuant à terme le caractère dual de notre société. La morosité ambiante persistante, amplifiée par une perte progressive de confiance et d'espoir, masque de fait la désadaptation, voire les risques réels de rupture de notre société, face aux multiples changements en cours dont il est difficile de dire s'ils en sont la cause ou l'effet.

La mutation des sociétés industrielles

Les conséquences de tous ces changements, d'origine, de nature et d'amplitude différentes, ne sont pas toujours perçues à leur juste mesure quand on les analyse séparément. Leur nombre, leur fréquence, leur interactivité et leur complexité correspondent à l'amorce d'une profonde mutation des sociétés industrielles. La France va devoir l'appréhender à sa façon, avec ses atouts et ses contraintes. L'accélération relative de cette mutation, prévue par certains socio-économistes, est difficile à contrôler. Elle est autant liée aux progrès technologiques qu'à l'évolution des rapports de force dans une mondialisation des échanges et une interdépendance politique, sociale, économique et financière, croissante. Cette accélération surprend autant qu'elle dérange. Elle prend de cours l'ensemble des sociétés industrialisées au moment où, déjà en crise, celles-ci traversent une période de récession, à la recherche d'un nouvel équilibre planétaire.

L'élément nouveau, à n'en pas douter, c'est que l'ordre de grandeur de l'unité de temps qui caractérisait les périodes de transition d'un cycle de civilisation à un autre ne cesse de diminuer. Des origines de la civilisation égyptienne à nos jours, il a été réduit par un facteur 1000 ! Ce qui pouvait s'apprécier sur des périodes de plusieurs milliers d'années, l'est maintenant sur une échelle de temps de plus en plus courte, souvent bien inférieure à la dizaine d'années !

Une nouvelle forme de réactivité cyclique

Cette tendance à l'accélération du raccourcissement des cycles de vie concerne tout autant les biens et les produits de grande consommation que les applications industrielles issues des progrès scientifiques et techniques. De la même façon, sur un plan sociologique, on constate une nouvelle forme de réactivité cyclique. Celle-ci se traduit, presqu'en temps réel, par des mouvements forts d'opinion et d'humeur, souvent associés à des nouveaux comportements qu'ils s'agissent des salariés, des consommateurs et des citoyens. De plus, ces comportements sont eux-mêmes très différenciés, suivant les générations, les genres et les catégories sociales.

Au niveau de l'Hexagone, comme de nos autres partenaires des pays industrialisés, il n'y a pas forcément identité d'appréciation sur la perception et l'interprétation de ces changements multi facettes et disparates, encore moins sur les solutions. Lesquels constitueront à terme une rupture franche avec le passé ? Lesquels ne seront que des effets de mode ? Il n'est pas facile de le dire. Gérer en priorité leurs intérêts à court terme et les préserver à long terme aux conditions actuelles préoccupent davantage les Etats et les gouvernements que de se livrer à une hypothétique élucubration sur le futur.

Et pourtant, ne serait-il pas urgent de penser et de réagir autrement, avec audace et détermination ? Ne faudrait-il pas tenter d'identifier, de quantifier et de qualifier la réalité, la durabilité, l'importance et les conséquences de ces changements et de ces mutations indispensables pour l’avenir de l’Union si celle-ci a encore un sens ?

Article publié initialement sur Club Espace 21

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

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