Un nouveau modèle économique pour la presse grâce à Facebook ?

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Par Marianne Tournery Publié le 30 août 2016 à 5h00
Facebook Modele Economiques Medias Audience
@shutter - © Economie Matin

La baisse d’audience des médias ne signifie pas pour autant que la consommation d’informations est en berne, bien au contraire. Les géants du web social font désormais concurrence aux médias dits « traditionnels ».

En effet, les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Snapchat) se positionnent désormais dans l’écosystème de l’information via le lancement d'applications dédiées telles qu’Instant Articles, Moments ou encore Snapchat Discover. Par conséquent, la consommation de l’actualité migre chaque jour davantage vers les médias sociaux, qui rebattent les cartes de la presse traditionnelle tout en lui ouvrant des opportunités. Seraient-ils ainsi en passe de réinventer le modèle économique de la presse traditionnelle ?

Facebook génère autant de trafic en ligne que… Google !

« Tout le monde s'informe sur Facebook, il faut donc y être ! » s’exclame Christopher Meighan, directeur du design pour l'info numérique et les nouveaux produits émergents au Washington Post. « Les gens restent sur Facebook […] car l'expérience y est meilleure », ajoute-t-il. L’expérience utilisateur est certainement, en effet, une des clés du succès grandissant de Facebook. L’étude de Pew Research révèle que le volume des membres consommant de l’information d’actualité sur le réseau social a progressé entre 2013 et 2015 de 47% …à 63 % ! Le réseau social aux 1.5 milliard d’utilisateurs mondiaux drainait, en août 2015, 39 % du trafic contre 36 % pour Google. Facebook est donc devenu un acteur incontournable du web puisqu’il draine autant de trafic que le moteur de recherche numéro 1 mondial.

Instant articles de Facebook héberge désormais des contenus de presse

Le lancement, par Facebook, en mai dernier, d’Instant Articles, qui permet aux éditeurs de presse d’héberger leurs contenus directement sur le réseau social, est arrivé à point nommé. En effet, les lecteurs peuvent à la fois accéder aux articles sans quitter l’application, et ce, avec un chargement beaucoup plus rapide que sur les sites médias. Il convient donc de se demander quel intérêt Instant Articles représente-t-il pour les medias ?

Une source d’audience accrue et nouvelle…

Avec Instant Articles, ces derniers peuvent toucher de nouvelles audiences. Pour Francis Morel, PDG du groupe Les Échos, « C’est l’occasion de faire découvrir le contenu d’un journal à des gens qui ne le lisent pas, de toucher les jeunes qui ont une lecture éclatée des titres d’information ». Un relais d'autant plus pertinent que la communication devient davantage segmentée et personnalisée, et que l’algorithme de Facebook vise justement à proposer le bon contenu, au bon moment, et à la bonne personne. Cartes interactives, ressources multimédia, photos haute résolution, vidéos autoplay… A l’heure où les publics sont ultra-sollicités, les fonctionnalités ne manquent pas de proposer des expériences singulières qui font sens et génèrent de la viralité.

Il semblerait donc que les médias doivent composer avec le géant californien pour diversifier leur audience mais aussi, bénéficier de nouvelles rentrées publicitaires.

… Et une manne de revenus publicitaires pour les médias traditionnels

Fin novembre, Instant Articles a débarqué en France avec des contenus sélectionnés sur trois grands médias : Les Echos, Le Parisien et 20 Minutes. Ils recevront 70 % des revenus publicitaires générés, ou 100% s’ils disposent de leur propre régie. On peut donc s’attendre à ce que d’autres éditeurs jouent le jeu dans les mois qui viennent… Paris Match, le site Démotivateur, Gentside, ou Ohmymag en font déjà partie. Les éditeurs, dont certains dénoncent l’hégémonie de Facebook, ne peuvent rester indifférents à la nécessité de bénéficier de ce trafic et de ces revenus publicitaires non négligeables. Certes, ils ne savent pas précisément comment l’algorithme du réseau social classe les articles dans les fils d’actualités des utilisateurs.

Twitter moments et Snapchat Discover accueillent également les contenus journalistiques

Le nombre d’utilisateurs de Twitter qui accèdent à l’information depuis le réseau social est passé de 52% en 2013 à 63% en 2015, d’après la même étude de Pew research. Lancé le 6 octobre dernier aux Etats-Unis, et en projet en France, Moments de Twitter, est un nouveau service qui présente les informations clés de la journée en temps réel dans le but d’attirer de nouveaux utilisateurs et annonceurs. Les Twittos peuvent ainsi accéder aux sujets les plus populaires sélectionnés par une équipe éditoriale et des partenaires médias, ou s’intéresser à une rubrique en particulier (actualité, sport, humour,). En lançant Moments, Twitter s’adapte à ces nouveaux usages et franchit un cap important en tant que canal d’information à part entière d’autant que son audience est en croissance.

Quant à Snapchat, l’application mobile phare des jeunes, centrée sur le partage de photos et de messages à durée de vie limitée, peut être aujourd’hui considérée comme un outsider dans la course à la diffusion de l’information sur les médias sociaux. Avec environ 100 millions d’utilisateurs actifs par jour, Snapchat n’a pas la gigantesque base utilisateurs et les perspectives de revenus de Facebook. Pourtant, il y a maintenant presqu’un an, Snapchat a lancé Discover qui révolutionne la manière dont le contenu des éditeurs est consommé sur les terminaux mobiles. Les utilisateurs y découvrent en effet les contenus des médias partenaires sélectionnés par des équipes de Snapchat, qui disparaissent maximum 24 heures après publication. Aucun média français n’a pris part à l’aventure pour le moment, mais des tests seraient envisagés prochainement…

Grâce à Instant Articles, Moments et Snapchat Discover, les médias peuvent ainsi toucher de nouvelles audiences parmi lesquelles les « Millenials », peu friands des sites médias. Ils doivent donc proposer des contenus adaptés (vidéo, tweets, GIFs...) à ces cibles toujours plus connectées. Il y a fort à parier que les médias passeront demain de plus en plus par des placements sur Facebook, Twitter et autres. Qui aurait crû il y a quelques années que le salut de la presse viendrait des géants du web social ?

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Marianne Tournery, digitalmarketing project manager chez Kantar Media

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