Un tiers des Français craint que son emploi ne soit « ubérisé »

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Par Nicolas Boudot Modifié le 18 septembre 2015 à 8h41
Uberisation Employes Inquietude France Management
@shutter - © Economie Matin
50%50% des Français estime que l'ubérisation est un danger pour le statut de salarié.

Q1 : On parle de plus en plus d'"uberisation" de l'économie, avec des métiers exercés en dehors des filières traditionnelles par des particuliers sous statut d'indépendants (RSI) ou d'auto entrepreneurs (par exemple, les taxis avec des particuliers ou l'hôtellerie avec la location de son propre logement).

Selon vous, est-ce une menace très importante, plutôt importante, plutôt pas importante ou pas importante du tout concernant… ?

• Votre métier ou l'un de ceux que vous avez exercés qui pourrait être "uberisé" :

o Sous total "menace très importante" : 34 %

o Sous total "menace pas importante" : 65 %

o NSP : 1 %

• Le statut de salarié qui serait concurrencé par des emplois exercés sous le statut d'indépendant ou d'auto entrepreneur :

o Sous total "menace très importante" : 50 %

o Sous total "menace pas importante" : 49 %

o NSP : 1 %

65% des Français interrogés considèrent comme une menace peu importante l’uberisation de leur métier, quand ils sont 49% à penser que le statut de salarié pourrait être menacé par la concurrence des statuts d’indépendants ou d’auto entrepreneurs…

Les deux questions posées décrivent le même phénomène : la transformation du travail en France grâce aux applications numériques. Paradoxalement, les résultats obtenus dans les deux questions diffèrent du fait des mots utilisés.

Cette différence entraine trois commentaires :

• La première remarque porte sur le recours au terme « ubérisation » : manifestement, ce terme, pourtant très utilisé par les commentateurs au moment des grèves et manifestations de taxi il y a quelques mois, ne peut manifestement pas encore revendiquer le statut d’antonomase (un nom propre devenant un nom commun par un usage répété) dans la langue française ! Les Français, en considérant que cette transformation du travail ne représente pas une menace pour leur propre métier, l’interprètent donc plutôt comme un phénomène de niche qui ne touche pas leur secteur et demeure cantonné aux taxis et aux transports en commun.

• Lorsque la question est posée de manière générale et macroéconomique, les Français sont plus partagés et considèrent que le statut de salarié peut être menacé par le recours de plus en plus important aux statuts d’auto entrepreneur ou d’indépendant.

Les Français commencent à percevoir que le recours aux outils numériques peut avoir un impact sur l’emploi salarié, ou bien que la structure du salariat en France pourrait être remise en cause par les nouvelles pratiques du travail telles qu’elles sont exercées dans les entreprises du numérique.

Finalement, ce résultat tout en paradoxe, montre que la perception des Français de la transformation du travail par le monde numérique est encore imprécise. Pour autant, ce sujet a fait l’objet d’un rapport remis cette semaine à la ministre du Travail, Myriam El Khomri. Le Premier ministre a par ailleurs promis que ces questions seraient inscrites à l’ordre du jour de la prochaine Conférence sociale et que certaines mesures, prenant en compte la transformation du travail par le numérique, seraient introduites dans le futur projet de loi sur le Droit du travail.

Pour une fois, le politique devance (un peu) l’opinion publique. Toutefois, nous pouvons faire le pari que si la perception des Français est encore imprécise sur ce point, ce sujet sera bientôt au cœur du débat public.

Q2 : Lors d'un achat en ligne, vous vous sentez tout à fait rassuré, plutôt rassuré, plutôt inquiet ou très inquiet concernant la sécurité de vos données bancaires et de vos paiements ?

• Sous total "rassuré" : 63 %

Sous total "inquiet" : 37 %

63% des Français interrogés sont rassurés sur la sécurité des données bancaires et des paiements en cas d’achat en ligne

Ce sondage vient démontrer qu’en quelques années le recours aux achats numériques est entré dans les pratiques courantes des Français et que sondage après sondage, le e-commerce est considéré comme une pratique normale d’achat. La question de la sécurité, qui a parfois été brandie comme une limite à son développement, est tout à fait écartée.

Ce résultat entraine deux remarques :

D’abord que la communication des plateformes de ventes en ligne, associée à la communication des institutions bancaires et des groupements de cartes bancaires a été parfaitement efficace.

• Ensuite, ce sondage vient nourrir l’argument des défenseurs de l’ouverture des magasins le dimanche qui considèrent que les magasins sont concurrencés par les plateformes d’achats en ligne qui, par définition, sont accessibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

Finalement, si les Français commencent à percevoir que le travail salarié, tel que nous le connaissons en France, peut être impacté par les usages des outils numériques, depuis longtemps, ils considèrent les achats en ligne comme un acte banal de consommation.

Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay pour La « Question de l’Éco » du 17 septembre 2015

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