« The Uber Files » : Emmanuel Macron, lobbyiste d’Uber numéro un en Europe

Anton Kunin
Par Anton Kunin Modifié le 11 juillet 2022 à 8h21
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34Entre 2014 et 2016, les dirigeants d'Uber ont tenu un total de 34 réunions avec la Commission européenne.

Une grande enquête publiée par le Consortium international des journalistes d’investigation révèle que non seulement Uber avait choisi la France comme point d’entrée pour conquérir les marchés européens, mais qu’en plus la société avait lié des liens étroits avec Emmanuel Macron, qui, diront certains, avait réservé un traitement de faveur à la société américaine.

Un « accord » secret entre Emmanuel Macron et Travis Kalanick

C’est une nouvelle page qui s’ajoute à l’histoire des VTC en Europe. Grâce à une grande enquête du Consortium international des journalistes d’investigation, basée sur 124.000 documents fuités datés de 2013 à 2017, on en sait désormais beaucoup plus sur les coulisses de l’arrivée d’Uber sur notre continent. Mails et SMS des dirigeants d'Uber (dont Travis Kalanick lui-même), d’Emmanuel Macron (alors ministre de l’Économie et du Numérique, en charge notamment des VTC) et de la commissaire Neelie Kroes (la commissaire européenne à la concurrence jusqu’en 2010), présentations, notes, factures… Des milliers de documents accablants qui mettent en lumière les relations privilégiées qu’entretenait la firme américaine avec les plus hauts décideurs politiques de l’époque.

Les journalistes ayant réalisé cette enquête révèlent qu’un total de quatre réunions ont eu entre Travis Kalanick et Emmanuel Macron, en plus d’un grand nombre d’échanges par mail et SMS. Un « accord » secret a même été mis en place entre les dirigeants d'Uber et les politiciens français. À l’époque ministre de l’Économie, Emmanuel Macron avait à cœur de faire sauter toutes sortes de verrous dans la vie économique du pays, au premier chef dans le domaine de l’emploi : il était persuadé que c’est précisément un service comme Uber qui pouvait donner du travail à de nombreux Français au chômage.

Uber a proposé lui-même la nouvelle mouture de la législation française en matière de VTC

Mais à en croire cette enquête, même si UberPop a été interdit en France, la législation française en matière de VTC a été réécrite spécialement pour faciliter le fonctionnement du reste des services d’Uber dans le pays. Les auteurs de l’enquête ont notamment trouvé un mail de Travis Kalanick à Emmanuel Macron dans lequel le PDG d’Uber affirmait que son entreprise écrirait, ensemble avec les services d’Emmanuel Macron, une proposition législative qui encadrerait le fonctionnement d’Uber dans l’Hexagone. « Uber fournira les grandes lignes du cadre réglementaire en matière de VTC. Nous mettrons en relation nos équipes respectives afin qu’elles commencent à travailler sur une proposition réaliste qui pourrait constituer le futur cadre législatif en France ».

Après les manifestations des taxis fin juin 2015, Emmanuel Macron a d’ailleurs tendu la main à Uber. En atteste un message du ministre de l’Économie de l’époque à Travis Kalanick : « Je réunirai tout le monde la semaine prochaine afin de préparer la réforme et corriger la loi ». Le jour même, Uber a annoncé la suspension de son service UberPop. Puis, plusieurs mois plus tard, Emmanuel Macron a signé une ordonnance assouplissant l’immatriculation de chauffeurs de VTC.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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