Fatigués de Trump

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Par Bill Bonner Publié le 2 novembre 2020 à 5h14
Donald Trump Covid 191
@shutter - © Economie Matin
78000 MILLIARDS $La dette des USA a atteint 78.000 milliards de dollars.

Cinq ans que Donald Trump domine l’actualité : les Américains semblent commencer à fatiguer… et à souhaiter un retour à moins de bruit.

Joe Biden ferait-il un meilleur président que Trump, nous demandions-nous hier. Aujourd’hui, nous essayons de répondre à cette question… en commençant par une autre :

Qui va gagner l’élection ?

Il est très probable que ce soit Biden… mais pas parce que sa politique est meilleure, ni même parce qu’il est de loin le favori du Deep State.

Les deux candidats sont socialistes. Tous deux sont pour un rôle important du gouvernement dans l’économie. Tous deux continueront la tradition Bush/Obama/Trump : moins de liberté, plus de contrôle, moins de prospérité, plus d’inégalités, plus de fausse monnaie.

Non, nous supposons – et ce n’est qu’une supposition – que l’électeur marginal en a un peu assez du grand homme. Trump domine l’actualité depuis cinq ans, depuis avant même son élection.

Il faisait la une en grande partie parce qu’il était prêt à dire des choses « scandaleuses » – dont certaines étaient vraies, au fond.

Cette approche rebelle était appréciée… et elle a captivé les médias et le public pendant 60 mois. A présent, le lumpenélectorat semble s’en être fatigué. Les électeurs se languissent d’un retour à la normale.

Endormi… et c’est tant mieux

Le vilain surnom donné par Trump à Joe « l’endormi » Biden s’est peut-être retourné contre lui. Endormi, c’est ce que les gens veulent. Ils veulent un président anesthésique… un dirigeant du rêve… qui permettra de remiser les conflits enragés et les drames amers.

La réalité est assez dure en ce moment. La reprise cale. Les riches deviennent bien plus riches, les pauvres bien plus pauvres. Le coronavirus ne donne pas signe de disparaître, ce qui suggère que nous nous sommes qui suggère que nous nous engagés dans une guerre éternelle engagés dans une guerre éternelle et impossible à gagner de plus.

Nombre de gens blâment le président – même pour des choses qui ne sont pas de sa faute.

Mais s’ils choisissent M. Biden, quelle différence cela fera-t-il ? Peuvent-ils se mettre à somnoler… et faire en sorte que les erreurs d’hier et les défis d’aujourd’hui… disparaissent ?

Les déficits ? Les programmes crétins ? Le marigot qui s’approfondit ? La dette croissante ? L’écart qui se creuse entre riches et pauvres ? Les 76 millions de baby-boomers américains à qui il faut payer une retraite et des soins de santé ? Les billets tout neufs – sous forme électronique – qui s’écoulent de la planche à billets ?

Non. Les choses – du moins les choses qui comptent le plus, la guerre et l’inflation – continueront à peu près comme elles le font depuis 20 ans.

L’art d’apprécier ce qui s’est perdu

Allez, une fois n’est pas coutume, abandonnons notre morosité habituelle. Evidemment, l’empire américain est sur la pente descendante. Et nous ne pouvons rien y faire.

Mais entre la lumière qui s’affaiblit aujourd’hui et les premières lueurs du chaos demain, il y a un peu de temps…

Le temps d’allumer les chandelles… de profiter du crépuscule… d’ouvrir notre placard, autrefois plein, et de verser les dernières gouttes d’une bouteille de Highland Malt que nous avions achetée lorsque nous étions pleins aux as…

… Le temps de s’asseoir à une table antique… alors que les derniers rayons du soleil méridional filtrent par les carreaux fêlés… devant le vieux papier peint qui part en lambeaux…

Et là, en paix après tant de guerras inutiles… tant de batailles menées pour tenter de tenir bon face aux gâchis et à l’idiotie… tant de combats perdus contre des ennemis insensés…

… Enfin, il y aura le temps d’apprécier les fruits d’une civilisation désormais disparue.

Un spectacle sordide

Oui, l’enantiodromie va dans les deux sens. Elle met à bas… mais elle élève aussi. Joe l’endormi va peut-être gagner… mais les « conservateurs » pourraient se réveiller.

Lorsqu’ils arrivent au pouvoir, les gens deviennent orgueilleux et pragmatiques, brûlant de tirer parti de cette occasion pour punir leurs ennemis, récompenser leurs amis et mettre la main sur tout ce qu’ils peuvent. C’est généralement un spectacle sordide.

C’est pour cela que gagner une guerre… ou une élection… est souvent l’une des pires choses qui puisse arriver à un peuple.

Les Romains avaient gagné tant de batailles, pendant si longtemps, qu’ils ont commencé à croire que leurs armées – bien que majoritairement composées de barbares – étaient invincibles.

Au Vème siècle, au lieu de protéger la mère-patrie… leurs armées sont restées déployées aux marges de l’empire – luttant souvent entre elles…

… jusqu’à ce que les barbares marchent sur Rome… violent les femmes… massacrent les hommes… brûlent la cité… et repartent avec tout ce qui avait de la valeur.

Les Allemands ont aisément vaincu les Français en 1870… et en ont tiré l’idée qu’ils pouvaient le refaire. (Les Français n’ont rien appris du tout.)

Durant la guerre suivante, l’Allemagne – qui suivait à peu près la même stratégie – a été ruinée… mise en faillite… et deux millions de ses jeunes hommes sont morts.

Et les Etats-Unis ne s’en seraient-ils pas mieux tirés s’ils avaient pris une raclée un peu plus sévère de la part des Vietnamiens ?

Au lieu de cela, leur armée a considéré que le retrait des troupes était une décision « politique ». Suite à quoi, ayant hâte de retrouver sa fierté, menée par le général Norman Schwarzkopf, l’armée US a attaqué l’Irak en 1991. N’aurait-il pas mieux valu qu’elle perde là aussi ?

C’est très probable. Ainsi, elle n’aurait jamais cru pouvoir s’en tirer avec une deuxième Guerre du Golfe.

Ce que nous essayons de dire, c’est qu’on apprend plus des échecs que des succès… On pense aussi plus clairement quand on a une botte sur la nuque.

L’échec, surtout s’il est indiscutable, excite le cerveau. La première chose qu’on réalise, c’est que la guerre n’est pas toujours une proposition qui rapporte. Se mêler de ses affaires devient une vertu plutôt qu’un signe de couardise. Le conservatisme – apprendre du passé, s’en tenir aux règles traditionnelles d’une honnête société ouverte –, lui, rapporte.

Quant aux va-t-en guerre… aux bonnes âmes… aux activistes et aux bâtisseurs d’empire – on commence à les voir sous un jour différent… comme les clowns et les crétins qu’ils sont vraiment.

On réalise aussi que ces idiots qui ruinent l’empire nous rendent en fait à tous un fier service.

Le bon côté des choses

Ainsi, cher lecteur, regardant du bon côté des choses, comme d’habitude, nous voyons la gloire dans tout son éclat au bout du tunnel.

Une fois vaincus, les Américains seront une race plus intelligente et plus sympathique.

Humiliés, ils seront moins enclins à donner des ordres aux autres.

Ruinés, ils dépenseront leur argent plus prudemment.

Ayant perdu leur pouvoir suite à une victoire de Biden, nos « conservateurs » de jadis pourraient soudain reprendre leurs esprits et rejeter la guerre, les dépenses déficitaires, les escroqueries grandioses, la fausse monnaie, les allocations, les taxes douanières, les taux d’intérêt factice, l’interventionnisme dans l’économie, les contraintes, les confinements, le contrôle… et toutes les arnaques et les filouteries des deux partis sur les 50 dernières années.

Ces conservateurs régénérés pourraient même regagner assez de clarté et de courage pour empêcher l’administration Biden de faire plus de dégâts !

Oui, nous voyons une belle amélioration à venir.

Après l’effondrement… évidemment.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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