Pour la première fois, l'Autorité de la concurrence s'est opposée à l'acquisition d'un hypermarché par une enseigne concurrente. Le risque ? La création d'un duopole et des prix susceptibles d'augmenter.
L'hypermarché Géant Casino de Barberey-Saint-Sulpice, près de Troyes (Aube), ne sera finalement pas racheté par son concurrent E. Leclerc, représenté par la société Soditroy (qui gère plusieurs points de vente E. Leclerc dans la région) et l’Association des Centres Distributeurs E. Leclerc (ACDLec). L'Autorité de la concurrence exerce ici son veto, pour la première fois depuis qu'elle dispose de cette compétence, soit depuis 2009. L’opération aurait entraîné la constitution d’un duopole entre les enseignes d’hypermarché Carrefour et E. Leclerc dans l’agglomération troyenne, facilitant la mise en place d’un comportement de coordination tacite dans la zone de chalandise concernée.
Risque de duopole
Les deux repreneurs avaient offert de réduire la surface de l'hypermarché Géant Casino pour répondre aux craintes sur la concurrence, mais Les engagements présentés par les parties n’ont pas été considérés comme adaptés pour écarter les risques concurrentiels identifiés. « En effet, un tel engagement aboutirait à réduire l’offre disponible aux consommateurs », précise l'Autorité qui a considéré que les entreprises candidates à l'acquisition n'avaient pas apporté la preuve que l'opération était susceptible d'engendrer des « gains d'efficience suffisants » pour contrebalancer les risques concurrentiels relevés.
Atteinte à la concurrence
Pour parvenir à sa conclusion, l'Autorité de la concurrence a procédé à une analyse approfondie du projet de rachat, en consultant des opérateurs dans la zone ainsi que des clients du Géant Casino et de l'hypermarché E. Leclerc de l'agglomération. L'opération présentant « des risques élevés d’atteinte à la concurrence sur le marché de la distribution au détail de produits à dominante alimentaire en hypermarchés dans l’agglomération troyenne », l'organisme n'a pas eu d'autre choix que de ne pas l'autoriser.