Malgré le confinement, la baisse des émissions de C02 tant attendue n’a pas lieu. Et pour cause, alors que les trafics routiers et aériens sont quasiment à l’arrêt, le secteur du bâtiment, deuxième secteur émetteur de gaz à effet de serre en France, ne fléchit pas. Quelle leçon tirer de ce constat à l’heure où nous devons collectivement préparer la sortie de crise ? Sans conteste, que l’efficacité énergétique des bâtiments doit être une priorité de l’après-crise. Un objectif qui suppose d’une part de mener des travaux de rénovation vraiment efficaces et d’autres part, de ne pas retarder la mise en application de la nouvelle réglementation environnementale pour les bâtiments neufs “RE2020”.
Pour des raisons économiques, environnementales ou sociétales, le secteur de la rénovation n’a jamais autant eu le vent en poupe. Popularisé par certaines émissions de télévision, le passage par la case travaux est devenu plus qu’un phénomène de mode. C’est aujourd’hui un marché très florissant ainsi qu’une préoccupation majeure pour le gouvernement, qui a même fait de l’isolation des logements une de ses priorités. Les dispositifs publics d’aide financière ne se comptent désormais plus sur les doigts de la main : CITE, TVA à taux réduit, chèque-énergie, éco-prêt à taux zéro, coup de pouce chauffage et isolation, isolation à 1 euro… Mais entre les discours et la réalité, les gains énergétiques ne sont pas toujours à la hauteur des promesses politiques, loin de là.
Pas de décarbonation sans rénovation
Pour décarboner le secteur du bâtiment, le ministère de la Transition écologique et solidaire s’est fixé pour objectif de rénover le logement de 30 millions de ménages d’ici 2050. Un noble défi, mais dans cette course aux chiffres et devant les financements colossaux consentis, on ne compte plus les arnaques à l’isolation. Les cas de malfaçons, de tromperies et d’abus en tous genres sont, hélas, devenus monnaie courante. Ces pratiques dénoncées dans de nombreux reportages, et qui font l’objet d’un nombre de plaintes en pleine explosion auprès des pouvoirs publics, mettent à rude épreuve la confiance des consommateurs, en plus, in fine, de ralentir l’effort de transition énergétique nécessaire face à l’urgence climatique.
Pour combattre les pratiques abusives et rétablir un climat de confiance après le déconfinement, il va sans dire que le nombre de contrôles et de sanctions doit être rapidement démultiplié. Et pour garantir l’efficacité des travaux, il est également indispensable de veiller au choix des bons produits d’isolation. Entre les produits minéraux, synthétiques, naturels et alvéolaires, la gamme d’isolants est largement diversifiée. Il revient donc aux professionnels de bien aiguiller les consommateurs par rapport aux besoins, aux attentes et au budget de chacun. Et une fois le matériau adéquat sélectionné, encore faut-il le poser dans les règles de l’art. Cela vaut particulièrement pour les laines minérales, et notamment la laine de verre, utilisée sur une majorité de chantiers.
Pas de laine de verre sans pare-vapeur ni écran de sous-toiture !
La pose de cet isolant thermique très efficace nécessite de prendre toutes les précautions d’usage. Pour préserver la santé des artisans-poseurs et des résidents, il faut ainsi éviter de découper le produit à la scie pour limiter la projection de particules chimiques dans l’air, vérifier que la pièce sera régulièrement aérée, et surtout s’assurer de l’étanchéité parfaite sur un support sec. Si la laine de verre prend l’humidité, ses performances isolantes s’en verront en effet largement amoindries. Une étude allemande a ainsi démontré qu’un petit millimètre d’espace entre la laine et la paroi pouvait diviser par cinq l’efficacité thermique de l’installation et causer des infiltrations de vapeur d’eau. Pour ne pas courir ce risque, il est donc indispensable d’apposer systématiquement la laine de verre entre un pare-vapeur et un écran de sous-toiture lors de toute opération d’isolation. Ce B-A ba du métier a d’ailleurs été rappelé récemment avec le scandale de l’Isolgate qui a révélé que les performances réelles de la laine de verre ont été dissimulées par leur fabricant. Des tests réalisés par des experts en situation réelle ont en effet montré qu’en l’absence de pare-vapeur, les propriétés isolantes de la laine étaient jusqu’à 75 % inférieures à celles attendues… Cet épisode aura au moins eu le mérite de rappeler qu’on ne peut faire l’économie des membranes quand on pose de la laine de verre. Des membranes à fixer avec soin pour éviter le moindre espace, notamment au niveau des passages des câbles et des points singuliers, comme par exemple autour des menuiseries.
L’urgence de la RE2020
Malgré ces manquements graves qui s’ajoutent aux nombreux abus évoqués précédemment, il y a tout de même plusieurs motifs de réjouissance. Avec la montée en gamme des matériaux, les professionnels sont, eux aussi, soumis à des exigences de plus en plus élevées en matière de compétences, notamment par les réglementations thermiques successives qui dictent les règles dans le secteur du bâtiment. De quoi tirer toute la profession vers le haut. Tandis que deux DTU (documents techniques unifiés) devraient bientôt encadrer point par point la bonne utilisation des isolants, la future réglementation environnementale pour les bâtiments neufs, la RE 2020, fera la part belle à l’isolation des bâtiments. C’est la raison pour laquelle son entrée en vigueur doit être maintenue comme prévu par le gouvernement dès janvier 2021. Car le constat est sans appel : la crise du coronavirus que nous vivons au niveau mondial illustre l’urgence qu’il y a à mettre en place des mesures structurantes pour décarboner nos économies.