Transition énergétique : les groupes français de l’énergie jouent-ils le jeu ?

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Par Michel Delapierre Modifié le 29 novembre 2022 à 9h15
Transition Energetique Energie Renouvelable Europe
@shutter - © Economie Matin

Il y a encore quelques années lorsque les énergéticiens français parlaient de développement durable, cela prêtait à sourire. Derrière les déclarations d’intention, on percevait des industriels en déficit d’image espérant surfer sur la vague verte.

Aujourd’hui les choses ont changé. Avec les engagements pris lors de la COP 21 contre le réchauffement climatique, l’industrie des énergies renouvelables prend son envol.

Bien entendu, les énergies propres restent marginales dans les chiffres d’affaires globaux des grands énergéticiens, mais ces derniers ne peuvent plus rester en marge d’un mouvement de fond international. Sous pression également de fonds d’investissements éthiques qui souhaitent des engagements accrus dans ce domaine, ils multiplient donc les annonces.

Les grands s'y mettent aussi

EDF s’est ainsi engagé à doubler ses capacités renouvelables à l’horizon 2030 en passant de 28 gigawatts aujourd'hui à 50 gigawatts. Déjà premier producteur européen dans les énergies renouvelables grâce à l’hydraulique, le groupe mise surtout sur l’éolien à travers sa filiale EDF Energies Nouvelles et investit environ 2 milliards d’euros par an dans les renouvelables, autant que dans le nucléaire.

De son côté, le pétrolier Total vient de créer une nouvelle branche dédiée, Total Gas Renewables Power. Déjà très engagé dans le solaire, Total a récemment confirmé que les objectifs étaient de porter la part des énergies nouvelles à 20% de son portefeuille d’ici 20 ans.

A l’instar de Total et EDF, d’autres groupes semblent en mesure d’accorder une place importante aux énergies renouvelables dans leur business model.

Parmi eux, Engie (ex-GDF-Suez) est probablement le plus emblématique. Isabelle Kocher, sa directrice générale, annonçait il y a quelques mois que l’avenir du groupe passait désormais par les gaz renouvelables, notamment les biogaz produits à partir de déchets. L’objectif est d'augmenter la production de gaz à partir de déchets et de boues de 30% à 50% d'ici à 2020, autant dire demain. Engie a par ailleurs décidé de stopper ses investissements dans les centrales charbons fortement émettrices en CO2 et Isabelle Kocher ne mise plus sur le nucléaire, un marché qu’elle qualifie « de niche ».

Air Liquide, spécialiste des gaz industriels, souhaite lui devenir un acteur clé de la mobilité durable (les modes de transports propres) et mise pour cela sur le biométhane. Depuis un an, le groupe a mis en service 12 unités de purification de biogaz en Europe. Ces unités permettent de transformer le gaz issu des méthaniseurs en biométhane injectable dans le réseau. Le groupe investit également dans des stations-services distribuant du biométhane.

La mobilité durable est aujourd’hui principalement portée par les collectivités locales qui achètent en priorité des bus roulant à l’électricité ou au gaz ainsi que par les acteurs de la grande distribution, tel Auchan ou Carrefour, qui incitent de plus en plus leurs partenaires transporteurs à abandonner le diesel pour des camions utilisant du bioGNV (biométhane).

Développer les capacités de production

Stimulés par les objectifs gouvernementaux de la transition énergétique - les filières vertes doivent assurer 32% de la consommation totale d’énergie à l’horizon 2030 - le virage des grands groupes français de l’énergie vers le renouvelable semble donc réel.

Pour autant, leur engagement permettra-t-il d’atteindre ces objectifs ? Sur ce point, il ne faut pas trop attendre des grands groupes car les énergies propres ne sont pas leur cœur de métier.

La production en énergies renouvelables dépend surtout du développement des filières vertes et des entreprises qui les composent. Ces filières, quelles qu’elles soient, éolien, solaire, biomasse, ont encore besoin du soutien des pouvoirs publics à travers la mise en place de cadres règlementaires et fiscaux qui inciteront les banques et les fonds à investir dans leurs projets. C’est avant tout à travers la croissance de ces PME que le secteur des énergies renouvelables en France atteindra une certaine maturité.

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