Faut-il investir dans les énergies renouvelables ?

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Modifié le 29 novembre 2022 à 9h16
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37 %La consommation d'énergie au niveau mondial va augmenter de 37 % d'ici à 2040.

La situation environnementale préoccupante et l’instabilité du marché des énergies fossiles, nous amènent à nous interroger sur les convictions nouvelles d’une mutation du paysage énergétique. Depuis le début du XXème siècle, le monde est de plus en plus énergivore.

En France, nous consommons trois fois plus d’électricité qu’il y a 40 ans et nos besoins ne vont être que grandissant du fait de l’augmentation et du développement des populations, de l’essor des voitures électriques, des objets connectés et des villes intelligentes. Selon l’Agence Internationale de l’Energie, la consommation d’énergie dans le monde pourrait augmenter de 37% d’ici à 2040 avec en tête la Chine et l’Inde qui devraient représenter 60% de la demande mondiale.

Les enjeux de la transition énergétique

En 2012, la consommation mondiale de carburants fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel) a représenté 81% du total des énergies consommées selon les données de la Banque Mondiale. Cependant, la consommation d’énergies fossiles a un impact néfaste sur l’environnement et la santé publique : pollution de l’air, de l’eau et des sols, émissions de gaz à effet de serre. En outre, ces ressources naturelles sont vouées à s’épuiser progressivement. Un rapport datant de 1970 commandé par le Club de Rome soulignait déjà, à l’époque, les dangers de la croissance économique et démographique sur l’environnement.

La combustion d’énergie constitue la principale source des émissions de gaz à effet de serre. En 2013, la combustion des ressources fossiles et les cimenteries ont émis 36 milliards de tonnes de CO² dans le monde. En 2005, la Chine a d’ailleurs dépassé les Etats-Unis en devenant le premier émetteur de CO². Aujourd’hui, ces multiples pollutions et les changements climatiques nous imposent de repenser la stratégie énergétique.

Dans le monde, 127 pays ont mis en place des politiques de soutien aux énergies renouvelables (EnR). Aux Etats-Unis, le « Clean Power Act » de 2014 prévoit la réduction de 30% des émissions de CO2 à l’horizon 2030 par rapport à 2005. Les perspectives en Chine, où la pollution de l’air constitue un enjeu croissant de santé publique, sont très prometteuses. D’ici à 2035, les investissements en énergie renouvelable y dépasseront la somme de ceux engagés en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. De son côté, l’Europe s’est engagée à réduire de 20% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.

L’indépendance énergétique et la sécurité d’approvisionnement constituent d’autres enjeux majeurs de la transition énergétique. Actuellement, l’Union Européenne importe plus de la moitié de l’énergie dont elle a besoin. L’UE dépense quotidiennement un milliard d’euros pour ses achats de combustibles fossiles (pétrole et gaz). Fortement dépendante de la Russie, elle cherche à réduire ses importations de gaz également rendues difficiles du fait du contexte géopolitique et plus précisément du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Accélération de la croissance verte

Les énergies renouvelables pourraient connaître un important développement industriel et une croissance économique considérable. L’Agence Internationale de l’Energie prévoit que d’ici à 2035, 60% des investissements dans la production d’électricité seront dédiés au renouvelable (éolien 34%, hydroélectrique 26%, solaire 22%). En Europe, les EnR devraient représenter 27% du « mix » énergétique à l’horizon 2030. La France ambitionne d’y consacrer 32% de la production d’énergie totale. En 2013, 254 milliards de dollars ont été investis dans les infrastructures d’énergies propres et ces investissements devraient atteindre 1610 milliards d’euros d’ici 2020 selon l’AIE.

Les pays émergents comme l’Inde, la Chine ou le Brésil, centres de gravité de la croissance mondiale, pourraient exploiter le potentiel des énergies renouvelables. Celles-ci leurs permettraient de répondre à l’explosion de leurs besoins énergétiques en profitant des ressources naturelles : ensoleillement, hydrauliques, vent, biomasse dont ils disposent. L’AIE prévoit d’ailleurs que les pays émergents connaitront la plus forte croissance du secteur.

La propagation de ces technologies à l’échelle mondiale et le flux d’innovations technologiques va permettre d’accélérer leur croissance. De plus, les coûts de développement et les investissements dans les équipements de production deviennent de plus en plus compétitifs. Le coût de production des systèmes photovoltaïques a d’ailleurs baissé de 60% en dix ans et le coût du kWh éolien terrestre a baissé de 40% sur la même période.

Le marché des matières premières énergétiques

La progression des marchés mondiaux des énergies renouvelables engendre de multiples opportunités d’investissements. Premièrement, les indices sectoriels permettent de suivre l’évolution des valeurs du secteur des énergies renouvelables. Puis, il est également possible d’investir sur une valeur en particulier. Dans l’hydraulique par exemple, le groupe EDF (EDF-FR) se place comme le premier hydro-électricien en Europe. Le groupe produit 10% d’électricité d’origine hydraulique. EDF a investi un budget de 900 millions d’euros sur la période 2007-2015 pour améliorer ses centrales hydraulique en France. A l’international, EDF réalise des projets d’envergures comme au Laos où le groupe conçoit un barrage d’une puissance de 1070 MW.

Le parc éolien mondial représentait une puissance installée de 300 GW en 2013 soit l’équivalent de 5 fois celle du parc nucléaire français (63 GW). Vestas Wind Systems (VEST), co-leader mondial de l’énergie éolienne fait jeu presque égal avec General Electric. En 30 ans, le groupe Vestas a installé 38 000 éoliennes dans plus de 60 pays. Les parcs les plus importants se trouvent en Chine (75 GW), aux Etats-Unis (60) et en Allemagne (31). Toutefois, l’éolien représente déjà 30% de la production d’électricité au Danemark, 20% au Portugal et 18% en Espagne.

Canadian Solar Inc. (CSIQ) est l’un des leaders mondiaux de la fabrication de systèmes et de panneaux solaires. La société est entrée en bourse en 2006 et est devenue la première entreprise solaire canadienne cotée au Nasdaq. En 2012, Canadian Solar a remporté le prix solaire de l’année et est classée parmi les entreprises ayant la croissance la plus rapide au sein du classement Technology Fast 500. Autre spécialise des systèmes photovoltaïques, First Solar Inc. (FSLR) vient de remporter un important contrat avec le groupe Apple qui poursuit une stratégie de Green IT. Ce dernier va investir 848 millions de dollars dans une ferme solaire en Californie pour alimenter son campus et ses Datacenters. La ferme sera capable d’alimenter l’équivalent de 60 000 foyers.

Dans les décennies à venir, le secteur des EnR est appelé à jouer un rôle prédominant face aux défis environnementaux. L’utilisation d’énergies renouvelables offre un potentiel inégalé principalement car les ressources utilisées sont pour la plupart infinies et n’épuisent aucun stock. Le village planétaire est ainsi probablement à la veille de changements sans précédent. En décembre prochain, 195 pays se retrouveront pour un sommet dans la capitale française et tenteront de trouver un accord sur les enjeux climatiques. La 21ème conférence du climat pourrait ainsi marquer une étape décisive dans la négociation du futur traité international qui entrera en vigueur en 2020 et symboliser ainsi un changement de paradigme.

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Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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