Peu de secteurs ont été aussi sévèrement frappés par la crise sanitaire et son cortège de conséquences économiques que celui du tourisme, qui enregistre un manque à gagner de 20 milliards d’euros en 2020. Entre les confinements successifs, les fermetures administratives par décret et le flou général qui entourait cette période d’incertitude, 2020 à des allures d’année noire pour un secteur qui semble enfin retrouver son dynamisme. Malgré un contexte de relatif reprise, les entreprises du secteur doivent toujours gérer les conséquences du tarissement des revenus en 2020, et œuvrer à trouver des solutions qui suscitent l’adhésion de tous devant des propriétaires s’estimant lésés.
Personne ne sera surpris d’apprendre qu’aucune entreprise majeure du secteur touristique n’a connu un chiffre d'affaires florissant en 2020. Plus surprenant peut en revanche être le constat de l’ampleur des dégâts. Ces grands opérateurs touristiques ont en effet dû gérer un soudain imprévu aux allures de cauchemar : l'arrêt inexorable (car légalement acté) du flux de vacanciers et des revenus associés. La brutalité du choc ne s’est pas fait attendre pour la trésorerie des entreprises concernées : 360 millions d’euros de pertes nettes et 800 millions d’euros de perte de CA pour le groupe Pierre & Vacances.
Un business model qui a testé la résilience d’acteurs comme Pierre & Vacances
La déléguée générale du Syndicat national des résidences de tourisme (SNRT) Pascale Jallet a ainsi confié à Capital que “à la mer comme à la montagne, le chiffre d’affaires a chuté de 30% en moyenne sur l’année 2020”.
La particularité du business model des acteurs comme Pierre & Vacances est en effet de gérer des parcs immobiliers appartenant principalement à des propriétaires individuels. Majoritairement situés à la montagne et à la mer, ces appartements sont confiés par un bail à des opérateurs touristiques, qui versent un loyer fixe aux propriétaires et qui gèrent donc les locations aux vacanciers et la logistique associée. Il s’agit donc d’un modèle économique qui assure d’ordinaire une certaine sérénité aux propriétaires, qui peuvent ainsi compter sur un revenu fixe. En 2020, la crise du Covid fut néanmoins le pavé qui bouleversa les équilibres : Dominique Ménigault de Pierre & Vacances a ainsi expliqué au Monde avoir "dû mettre tous les vacanciers dehors dès le 15 mars 2020, alors que nos stations d’altitude étaient pleine”.
La problématique qui se posa cruellement pour Pierre & Vacances fut alors la suivante : comment partager un gâteau qui n’existe plus ? Continuer à verser les loyers aux propriétaires en dépit de logements vides auraient en effet été une entreprise particulière délicate et risquée pour les perspectives futures de l’entreprise. Ce constat amer a donc contraint les opérateurs du secteur à suspendre les loyers aux propriétaires, pis-aller permettant alors de traverser la tempête. Notons néanmoins que dans le cas de Pierre & Vacances, la plupart des propriétaires ont touché leur loyer sur les périodes d’ouverture de l’année 2020 (c’est-à-dire de juin à fin octobre).
Pierre & Vacances fait un pas vers les propriétaires d’appartements et cottages
On le comprend, la tension qui ne manque pas de se manifester entre opérateurs et propriétaires réside dans la nature théoriquement “garantie” des loyers, principe qui fondait un business model qui a fait face à des contraintes exogènes et impondérables dues à la pandémie. Dès lors, comment ces entreprises peuvent-elle assurer leur survie financière tout en tenant compte des doléances des propriétaires, qui pour beaucoup réclament leur versement de leur loyer tel qu’il aurait dû être versé en l’absence de cette situation de crise exceptionnelle ? Pierre & Vacances a ainsi formulé une première proposition en juillet 2021, consistant pour les propriétaires à toucher 50% de leurs loyers de la période 15 mars 2020 - 30 juin 2021 (alors même que le taux d’occupation était réduit à quasi-néant sur cette temporalité).
Mais avec un secteur enregistrant une relative reprise à mesure que la pandémie s’éclipse, un groupe comme Pierre & Vacances a vu son activité repartir à la hausse à l’été 2021, avec un taux d’occupation de 90% (contre 84% en 2019). Un regain de vitalité qui a poussé Pierre & Vacances à améliorer sa proposition, plus avantageuse pour les propriétaires, grâce à ces performances estivales encourageantes. Ainsi, les propriétaires auront notamment la possibilité de percevoir « 100% du loyer contractuel pour la période courant à compter du 1er juillet 2021 », de même que, sur la période allant de mars à juin 2021, le versement des loyers à hauteur de 50% des montants initiaux.