En 2012, les 83 millions de touristes internationaux ayant visité la France ont dépensé chacun 503 euros en moyenne et généré plus de 40 milliards d'euros de recettes (1). Ces 40 milliards d'euros de recettes internationales annuelles ont permis de dégager 12 milliards d'euros d'excédent de la balance des paiements et 4 milliards d'euros de rentrées fiscales de TVA. Ils représentent également 2 millions d'emplois emplois directs et indirects (2), pour la plupart non délocalisables.
Tout le monde s'accorde à dire que le tourisme représente un « atout formidable pour la France » (3).
Encore faut-il ne pas se tromper d'objectif !
L'objectif d'une augmentation du nombre de touristes accueillis focalise l'attention...
Le chiffre de 100 millions de touristes par an accueillis en France est souvent retenu comme objectif. Cela passe par bien sûr par une politique de promotion de la destination France, qui se doit de véhiculer une image toujours plus riche et dynamique auprès des touristes internationaux, dans un contexte de concurrence accrue. Mais atteindre cet objectif ne semble a priori pas poser de difficultés. La hausse du nombre de touristes accueillis par la France est en effet portée par le développement naturel et structurel du tourisme international. Ainsi, l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) prévoit qu'en 2020, il y aura 1,5 milliards de touristes internationaux (croissance annuelle de 4%), dont 114 millions qui visiteront la France (1).
... mais ne doit pas faire oublier l'importance d'un objectif ambitieux concernant le montant moyen de dépenses par touriste
Cet indicateur du montant de dépenses moyen par touriste est trop souvent oublié. Il représente pourtant le levier le plus efficace sur lequel pouvoirs publics et acteurs privés devraient travailler de concert et concentrer leurs efforts. Aujourd'hui, un touriste en Espagne dépense 753 euros (1) en moyenne. Cette différence s'explique en partie par une durée moyenne de séjour plus longue en Espagne qu'en France. En effet, 14 millions de touristes internationaux ne font que transiter par la France (4), en y passant qu'une seule nuit. Mais, même en corrigeant cette « anomalie », et en gardant uniquement les 69 millions de touristes internationaux séjournant réellement en France, cela donne une dépense moyenne par touriste de 605 euros, encore loin des 753 euros espagnols. Alors pour quelle(s) raison(s) ferions-nous moins bien que nos voisins hispaniques ?
Tout l'enjeu est de mobiliser l'ensemble des acteurs publics et privés du secteur autour d'un plan d'actions précis et détaillé qui nous permette d'atteindre les prévisions de l'OMT concernant le nombre de touristes accueillis, mais surtout d'agir concrètement sur le montant moyen dépenses par touriste.
comment encourager les touristes à dépenser plus lors de leur séjour en France ? en travaillant par exemple sur une « offre touristique à haute valeur ajoutée »(2)
comment inciter les touristes à allonger la durée de leur séjour en France ? en développant par exemple des offres spécifiques, notamment pour les 14 millions de touristes en transit
comment accueillir plus de touristes à fort potentiel de dépenses ? en ciblant par exemple les nationalités les plus contributrices et les secteurs les plus porteurs (tourisme d'affaires et tourisme de luxe)
Ainsi, en 2020, 114 millions de touristes internationaux visitant la France et dépensant 753 euros en moyenne, pourraient générer 85 milliards d'euros de recettes et de doubler le montant de recettes actuelles. Quel levier !
Ces 85 milliards de recettes internationales annuelles permettraient en effet de renforcer de plusieurs milliards d'euros l'excédent de la balance des paiements et de collecter plus de 8 milliards d'euros de rentrées fiscales de TVA. Ils pourraient également être à l'origine de la création de plusieurs centaines de milliers d'emplois directs et indirects, toujours non délocalisables.
Ces éléments donnent une idée claire du très fort potentiel du secteur du tourisme (sans compter le poids du tourisme domestique !), de son impact déterminant sur l'ensemble de l'économie française et de la considération que nous devrions réellement lui porter.
(1) OMT (conversion euros/dollars avec le cours moyen de l'année 2012 : 1 euro =1,2856 dollar)
(2) https://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0203024329477-il-faut-relancer-notre-offre-de-tourisme-en-france-612467.php
(3) Rapport des sénateurs MM. André FERRAND et Michel BÉCOT « Le tourisme, un atout formidable pour la France »
(4) https://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/ref/fratour08d.pdf