Les plans de relance, c’est bien beau – mais il faut aussi les financer. Qui a le genre de sommes nécessaires actuellement ? La réponse tient en un mot…
Dans le New York Times la semaine dernière :
« Le produit intérieur brut américain, la mesure la plus large des biens et des services produits dans l’économie, a chuté au taux annuel de 4,8% au premier trimestre de l’année, selon une déclaration du département du Commerce US mercredi. C’est le premier déclin depuis 2014, et la pire contraction trimestrielle depuis 2008, lorsque le pays traversait une profonde récession. »
Il y a bien pire à venir. Les licenciements de grande envergure et les fermetures d’entreprises n’ont pas atteint leur sommet avant la fin mars dans la majeure partie du pays. Les économistes prévoient que les chiffres du trimestre actuel, qui capteront l’impact du confinement de manière plus globale, montreront que le PIB s’est contracté au taux annuel de 30% ou plus, des proportions qu’on n’avait plus vues depuis la Grande dépression.
« Ce seront les pires qu’on ait vus de notre vie », a déclaré Dan North, chef économiste pour la compagnie d’assurance de crédit Euler Hermes North America, au sujet des chiffres du deuxième trimestre. « Ce seront les pires de la période de l’après-Deuxième guerre mondiale. »
Sur CNN :
« Kevin Hassett, conseiller économique senior du président Donald Trump, a averti mardi que le taux de chômage aux Etats-Unis pourrait atteindre un pic entre 16% et 20% d’ici juin.
Ce serait une envolée stupéfiante par rapport aux niveaux actuels de 4,4%, et marquerait le chômage le plus élevé depuis les années 30. (Le chômage a atteint un sommet de 25% en 1933, selon les estimations du Bureau américain des statistiques de l’emploi.) »
Ne vous inquiétez pas. Hassett annonce aussi que les autorités travaillent à de nouveaux programmes géants qui régleront tout.
C’est une chose sur laquelle aussi bien la droite que la gauche réussissent à s’accorder : dépenser plus. Joe Biden affirme qu’il dépenserait « sacrément plus ». Donald Trump propose d’arroser encore plus les secteurs compères – pétrole, compagnies aériennes… et même 2 000 Mds$ de plus en infrastructures.
Comment ces nouveaux programmes d’envergure seront-ils financés ? Les recettes fiscales s’effondrent. Les déficits explosent.
Il n’y a qu’un seul financeur de premier-et-dernier-recours : la Réserve fédérale.
Vaudou monétaire
C’est bien dommage, mais la Fed ne peut pas imprimer des emplois. Ou des voitures. Ou des maisons. Ou des carottes. Elle ne peut pas imprimer un gâteau au chocolat, un frappuccino, de l’eau pétillante, une histoire d’amour, des mariages, des enfants…
… Elle ne peut pas imprimer une carrière… ou des leçons de piano… ou des vacances d’été… ou un repas au restaurant. Tout ce qu’elle peut imprimer, c’est ce qu’elle appelle « de l’argent ».
Lundi dernier, par exemple, elle a battu un nouveau record. Elle a « imprimé » (tout est électronique, désormais) 190 Mds$. Comme ça.
Quelques tapotis sur le clavier… et pouf !… une somme équivalente (à peu près) au PIB annuel de la Nouvelle-Zélande ou du Pérou est apparue tout d’un coup.
Telle est la magie vaudou dont les autorités prétendent qu’elle va « stimuler » l’économie et remplacer les pertes nées de leur approche du Covid-19 par le confinement.
Sur les six dernières semaines, la Fed a ajouté 2 260 Mds$. C’est équivalent au PIB de la Grande-Bretagne. Goldman Sachs affirme que les Etats-Unis devraient accumuler des déficits de 6 000 Mds$ sur les deux prochaines années. C’est supérieur au PIB de l’Allemagne ou du Japon.
Nulle part au monde ne trouve-t-on 6 000 Mds$… ou même 1 000 Mds$… attendant de financer le manège dépensier du gouvernement américain.
Tout cela devra être financé par la Fed… ce qui implique de l’impression monétaire à une telle échelle que cela fera exploser l’économie mondiale toute entière.
Désespérément dollar
Que se passe-t-il lorsqu’on imprime des sommes de ce genre ? Selon le candidat à la présidentielle US indépendant Emanuel Pastreich :
« Tout l’argent qu’ils créent par magie a ouvert la porte à l’hyperinflation. Lorsque l’hyperinflation sera là, le coût d’une miche de pain pourrait passer de 3 $ à 100 $, voire 1 000 $ en un très court laps de temps. Cela s’est déjà produit, dans des circonstances similaires.
[…] En réalité, l’inflation des prix de l’alimentation et des services est déjà beaucoup, beaucoup plus élevée que les chiffres annoncés au cours de la dernière décennie. Vous le savez par votre propre expérience. Pas besoin qu’un professeur de Harvard vous le dise. »
Ici en Argentine, nous voyons comment cela fonctionne. Il y a une semaine seulement, on pouvait aller sur la place centrale de Salta et échanger 1 $ contre 90 pesos. Cette semaine, on peut en obtenir 110 pesos.
Le taux d’inflation était déjà à 50% par an en 2019. A présent, le confinement réduit les salaires, les profits des ventes… et les recettes fiscales du gouvernement.
L’an dernier, le déficit gouvernemental de l’Argentine était à peu près équivalent à celui des Etats-Unis – environ 4% du PIB. A présent, il explose à 8% du PIB… et au-delà (aux Etats-Unis, ce déficit atteint désormais les 20% du PIB).
Tous les gauchos, professeurs de tango et joueurs de polo savent ce qu’il se passe ensuite : une hausse des prix. Les gens qui ont des pesos cherchent désespérément à obtenir des dollars pour se protéger.
Hélas, dans leur hâte de fuir leur navire en perdition, ils sont montés à bord du Titanic.
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