Vingt ans après sa création, le mensuel homosexuel Têtu a été placé ce lundi en redressement judiciaire. Un communiqué du magazine met en avant la situation financière critique du titre et appelle du pied les grands groupes de presse.
Quatre mois pour trouver un repreneur, c'est le délai imparti à Têtu avant la liquidation. Il faut dire que depuis sa création en 1995 par un groupe de militants dans la lutte contre le sida, le mensuel n'a jamais gagné d'argent. Cette année, ses ventes sont tombées à 28 275 exemplaires en moyenne.
Depuis 2013, le titre est la propriété de l'homme d'affaires Jean-Jacques Augier, ancien de la promotion Voltaire, la même que François Hollande, et trésorier de la campagne de l’actuel président en 2012. Selon lui, les pertes sont de 1,1 million d’euros en 2014 et devraient s’élever à 500 000 euros en 2015. La société qui édite le magazine est en cessation de paiement depuis mai.
Quand redresser la barre n'est pas suffisant
Cela fait deux ans que Têtu vit une restructuration en profondeur. Près de la moitié des effectifs ont été supprimés, ne laissant plus que dix salariés. Les frais ont été drastiquement réduits de 60 %. La ligne éditoriale, plus soft, n'a pas fait mouche : moins 12 000 exemplaires depuis 2012.
Têtu avait été cédé pour un euro symbolique par M. Bergé (actuel co-actionnaire du Monde) en 2013. Les pertes annuelles étaient alors de 2 millions d'euros, mais régulièrement épongées par l'ancien patron. Il laissa derrière lui une trésorerie de 2,4 millions d'euros qui fut vidée dès 2013.
A la recherche d'un repreneur
Les agences publicitaires « étranglent » le titre d'après M. Augier. « Nous avons une cible qui consomme, qui plaît aux annonceurs, nos pages reçoivent de la publicité, mais nous peinons à maintenir nos tarifs et à obtenir les paiements. »
A ses yeux, la réponse se trouve dans le rapprochement de Têtu avec un groupe de presse, « seul à même de donner au titre un poids suffisant face aux agences de publicité ». L'appel est clair.