Audrey Pulvar : Les lunettes de l’archiduchesse valent-elles 12000 euros ?

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 5 octobre 2012 à 16h37

Bon, d'accord, c'était facile, mais en même temps Arnaud Montebourg, le compagnon d'Audrey Pulvar, s'est encore fait alpaguer l'autre jour en prenant le TGV (il en reste qui obéissent aux consignes au gouvernement) : un passager sur le quai lui a donné du "Monseigneur".

Donc, notre consoeur Audrey Pulvar porterait des lunettes de vue de la maison Bonnet, un artisan lunetier français. En cela, on ne peut que l'en féliciter. Acheter Français, quand on vit avec le ministre du Redressement Productif, c'est une excellente chose, un acte fort de soutien à son action.

Le couac, c'est que le magazine Technikart (rappelons qu'elle est directrice de la rédaction des Inrockuptibles, les deux chassent un peu sur les mêmes terres de toujours trop rares lecteurs) révèle dans son dernier numéro que ces lunettes vaudraient 12 000 euros. Oui, vous avez bien lu, des lunettes à 12 000 euros, cela existe, comme on achète des chaussures chez Berluti pour 4200 euros (prix de départ). Roland Dumas peut vous faire l'article.

Sauf que, sauf que, voilà. D'abord, Audrey (c'est une consoeur, entre confrères on se tutoie) a dit sur Twitter que les lunettes en question ne lui avaient pas coûté 12 000 euros. Elles ont beau être en écaille de tortue, sa paire de lunettes n'a en effet pas forcément coûté aussi cher, mais l'on sait que les premières lunettes chez Bonnet se négocient à 1 000 euros.

Et puis ensuite : si Valerie Trierweiler, également journaliste, occupe bien une place particulière en étant Première dame de France, même si ce titre et cette fonction n'existent pas en droit, issus d'une tradition voulant donner un rôle institutionnel à l'épouse du chef de l'Etat, Audrey Pulvar, elle, n'est "que" la concubine d'un ministre. Se demande-t-on si les autres femmes de ministres en exercice portent des robes ou des chaussures à 5 000 euros ? Non.

On ne se demande d'ailleurs pas non plus si les maris des ministres femmes au gouvernement s'interdisent de porter des montres à 10 000 euros. Une Breitling Navitimer référence 407, boitîer or jaune, coûte 11 290 euros. On la trouve, avec des tas d'autres marques de montres de luxe, dans les pages d'ouverture du Point, de l'Express, du Nouvel Observateur, etc. Pour Tecknikart et les Inrocks, je ne sais pas, je ne les lis pas, mais comme ils sont classés "magazines bobos", et revendiquent comme tous les autres un lectorat CSP+ (catégories socio-professionnelles supérieures, à fort pouvoir d'achat), j'imagine que oui. Or, quand on voit toutes les semaines des jolies montres, et vous allez en manger des tonnes à l'approche de Noël, difficile de résister. Même quand on est femme ou mari de ministre.

Quant aux lunettes d'Audrey, des publicités pour les lunettes Bonnet, moi, je n'en ai jamais vu. je ne savais pas que cette marque existait. Je trouve les lunettes d'Audrey relativement moches, mais c'est son choix. Comme elle le dit elle-même, toujours sur Twitter, "je fais ce que je veux de l'argent que je gagne".


Le vrai truc, c'est que le truc de luxe que porte Audrey sur son nez -qu'elle a mignon, c'est des lunettes. Qu'on les voit comme le nez au milieu de la figure partout où elle passe. Et ce sont des lunettes chères, d'où la surprise. Si Audrey Pulvar portait un caillou à son doigt, un rubis par exemple, à quelques milliers d'euros, y trouverait-on à redire ? A priori non, c'est "standard". La plupart des femmes mariées, préalablement fiancées, en portent. Si Arnaud la demande en mariage, il lui offrira peut-être une bague, et tout le monde trouvera cela normal, y compris le Président (normal). Si Audrey Pulvar portait une robe ou des chaussures chères, c'est féminin, donc normal. Entre les bijoux, les montres les robes, les chaussures, il y a des milliers de manières différentes de dépenser de l'argent. Beaucoup d'argent. Ostensiblement. Audrey Pulvar, elle, a choisi une paire de lunettes chères. C'est son petit plaisir à elle. On fait le pari qu'elle en prend grand soin, pour ne pas les abîmer. What'else ?

Elle a beau être la compagne d'un ministre, on cherche des poux dans la tête d'Audrey Pulvar parce qu'elle est journaliste, donc sensée avoir des réflexes en matière de communication. Ces lunettes, qui lui font plaisir, elles n'aurait pas dû se les acheter, voilà tout. Elle devait savoir que cela ne se fait pas. Qui a décidé cela ? Pas juste. Je doute que les femmes de ministres, fussent-ils socialistes, planquent dans les prochaines semaines leurs signes extérieurs de richesse. Ou leurs petites folies. Et les maris de ministres, encore moins !

J'ajoute encore un point, que me signale un lecteur en DM sur Twitter : Oui, bien entendu, Audrey Pulvar porte des lunettes parce qu'elle en a besoin. Pour travailler, pour vivre au quotidien. Probablement myope, sans lunettes, elle serait dans le brouillard. Alors qu'une belle montre ou un caillou, on peut aisément s'en passer... ou pas.

Alors laissons Audrey à ses lunettes, laissons Arnaud Montebourg faire le mieux possible le dur travail qu'il a accomplir, que l'on soit d'accord ou non avec sa méthode. C'est lui qui est au turbin pendant quelques temps. Et concentrons nous sur les vrais sujets du moment : Le vrai blues des entrepreneurs par exemple ! A lunettes ou non.

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Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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