Un nouvel épisode vient de s'écrire dans la guerre que se livrent les Taxis parisiens et les Voitures de Tourisme avec Chauffeur, puisque le Journal officiel vient d'ajouter quelques lignes de réglementation supplémentaires destinées à limiter les pratiques déjà particulièrement strictes des Voitures de Tourisme avec Chauffeur (VTC) à savoir les Uber, Chauffeurprivé et autres Taxiloc.
Le succès de ces applications a largement démontré l'obsolescence d'une règlementation qui en constituant un obstacle à l'exercice de ce métier a exercé une pression à la hausse sur les prix, freiné les innovations et diminué la qualité du service rendu aux usagers. La profession est aujourd'hui si auto-protégée que la notion de service qui lui est intrinsèquement attachée n'est plus aussi importante qu'elle le devrait.
Ne plus brider la création d'emplois dans un pays trop sensible aux humeurs des lobbies
Voilà ce qui semble le plus simple du bon sens. Si déjà le rapport Rueff-Armand de 1960, Cahuc-Kramarz (2004), Camdessus (2005) ou encore Attali et bien d'autres visionnaires et pourtant délaissés proposaient notamment de favoriser l'initiative à la réglementation pour lever les obstacles de notre expansion économique. Comme il a organisé la désertification médicale, le numerus clausus a organisé l'inefficacité économique et sociale de l'offre de taxis.
Derrière cette guérilla, c'est un regard sur notre capitale, sur l'évolution du droit du travail, notre rapport au digital et aux modalités de transports qui est en jeu.
Les faits sont simples: Paris ne dispose pas de moins de taxis que les grandes autres capitales mondiales mais l'encadrement de cette profession finit par les rendre inopérants, inaccessibles à certaines heures, introuvables dans certains quartiers et le ticket d'entrée pour devenir taxi particulièrement onéreux (au bas mot 130 000 euros la plaque).
Par ailleurs cette profession est encadrée par un numerus clausus étatique qui limite son évolution. D'un autre côté, avec l'arrivée des Smartphones et autres Android, des entrepreneurs malins et responsables se sont engouffrés dans la possibilité d'offrir aux parisiens et aux touristes des voitures de qualité, rapidement disponibles via le clavier téléphonique, un service "prestige", pour un prix souvent annoncé dès la commande, et légèrement plus élevé que le traditionnel taxi parisien, dont la réputation s'effondre à chaque enquête d'opinion supplémentaire.
Refuser ou chercher à contraindre ces initiatives privées et entrepreneuriales revient à refuser de voir notre capitale se doter d'outils modernes, efficaces complétant une offre déjà existante.
Limiter les possibilités de développement de tels services c'est renforcer cette image muséale de Paris qui nous coûte tant.
Chercher à encadrer davantage, avec plus encore de réglementation, de contraintes et de pénalisations revient à prendre le sujet du mauvais côté, c'est la nécessité de voir comment rendre les taxis parisiens plus opérationnels qui devrait être privilégiée et l'offre de VTC plus large de façon à l'accompagner dans le gisement d'emplois potentiels qu'ils seront amener à créer (évalués à 20 000).
Imposer un délai de 15 minutes minimum d'attente entre la commande du VTC et son arrivée renvoie à une approche préhistorique de l'outil digital au service de notre quotidien et ne vise qu'à créer une attente virtuelle. Harmoniser, développer les offres alternatives et diversifiées, utiliser davantage l'outil digital, faire reculer les normes administratives, voilà les vrais enjeux qui permettront de mieux se transporter dans la capitale, de façon choisie, adaptée, en prenant en compte les critères environnementaux et économiques, en créant ces emplois "de service" qui nous font cruellement défaut et en modernisant les outils actuels auxquels nos restons attachés que sont les taxis parisiens.
Comme partout ailleurs, de New-York à Londres, l'initiative personnelle et entrepreneuriale est plus forte que la réglementation. Les parisiens sont acteurs d'une société en mouvement, ils le démontrent chaque jour, ne laissons Paris manquer ce tournant... Sans minimiser la difficulté politique de cette indispensable réforme structurelle, la France ne peut plus attendre pour ouvrir les négociations sur les compensations nécessaires à l'ouverture du métier de taxi. Le Gouvernement doit s'engager à rembourser au propriétaire de la licence la différence de prix entre après et avant l'ouverture de la profession.
Peut-on vraiment se priver d'une multiplication par trois ou quatre des effectifs de cette profession?
D'autant que cette indispensable réforme ne menacerait pas plus la solvabilité des artisans en activité que les licences offertes par la préfecture à Paris et ailleurs par les mairies.
Ce mouvement de libéralisation s'observe aussi en Grèce et au Portugal. L'Italie de Mario Monti l'avait mise à l'étude et Cuba, dont l'économie est étatique à 90 % a ainsi libéralisé cette profession dès 2009...
Enfin, comment peut-on sérieusement laisser en place des restrictions injustifiées nuisant à notre compétitivité à l'heure où la contre-performance durable de la France sur le marché des services freine ses exportations et devient inquiétante...