Paris : Anne Hidalgo lance la super taxe sur les bureaux vides

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 9 juillet 2014 à 8h23

Non non, ce n'est pas une taxe de plus se défend l'éxécutif parisien, mais un moyen de stimuler la transformation des bureaux vides en logements. Voire ! Les bailleurs qui ont sur les bras des locaux professionnels vides (il y aurait 6 à 7 % de la surface de bureau disponible dans la capitale en attente d'un locataire) faute de trouver une entreprise pour bien vouloir les occuper, ne l'entendront pas de cette oreille.

On parle de quoi ? D'une taxe votée mardi 8 juillet au soir au Conseil de Paris par la majorité municipale, et qui impose les propriétaires de locaux commerciaux vacants à hauteur de 20 % de leur valeur locative la première année. Et si cela ne suffit pas à les dégouter d'être propriétaire, alors qu'ils ne trouvent pas de locataire, la deuxième année, la taxe sera de 30 %. Encore ??? La troisième année, elle sera de 40 % ! Autrement dit, si vous êtes propriétaire de locaux dans Paris qui correspondent à ce descriptif, non seulement vous n'avez pas de locataire, mais en plus vous serez taxés à hauteur de 20, 30 ou 40 % sur des loyers que vous ne percevez plus.


S'il fallait une preuve supplémentaire que certains et certaines hommes et femmes politiques sont déconnectés de la réalité économique, celle-ci est pas mal, dans le genre. Car enfin, si des étages entiers d'immeubles de bureaux restent vides, y compris dans les quartiers d'affaires, mais aussi un peu partout dans Paris, c'est d'abord et avant toute chose à cause de la crise. 6 à 7 % de bureaux vacants, sur un total de 18 millions de mètres carrés, cela fait quand même plus 1, 15 million de mètres carrés en déshérence, et autant de manque à gagner pour les bailleurs. Si on ajoute le fait qu'une autre taxe, votée fin décembre 2012, taxe quant à elle les logements vacants à hauteur de 5 % de leur valeur locative, il ne fait décidement pas bon être propriétaire en France.

Une taxe punitive anti-propriétaires ?

Pire encore : la taxe frappe aussi les "commerces non exploités". Ainsi, le propriétaire d'une boutique fermée parce que son bailleur a déposé le bilan, boutique dont personne ne veut parce que trois autres boutiques ont elles aussi tiré leur rideau définitivement à côté, bam ! Non seulement il s'est pris souvent plusieurs mois de loyer impayé dans les dents, le précédent locataire lui a laissé une boutique dévastée après avoir déménagé sauvagement une nuit sans crier gare en arrachant toute la déco et les éclairages, mais en plus, voilà que la mairie de Paris va envoyer la facture et réclamer 20 % des loyers la première année.

Bureaux, boutiques, entrepôts, tout sera taxé

Même les entrepots vides seront frappés par la taxe. Vouloir faire croire que des boutiques ou des entrepôts pourraient, d'un coup de baguette magique, se transformer en logements, c'est vraiment prendre non seulement les propriétaires mais aussi les parisiens pour des imbéciles, ne mâchons pas nos mots. A jouer à ce genre de petit jeu, il ne faudra pas s'étonner qu'un jour une véritable révolte fiscale se déclenche dans le pays, ou que les derniers investisseurs étrangers qui pensaient encore placer ou garder du patrimoine dans la capitale s'enfuient...

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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