La polémique a éclaté quelques jours seulement avant la date de l’Assemblée générale du constructeur automobile Stellantis, issue de la fusion de PSA et de FCA : le salaire de Carlos Tavares, estimé entre 20 et plus de 60 millions d’euros selon les paramètres pris en compte, paraissait trop élevé. Les actionnaires ont voté contre, mais ça ne devrait rien changer.
Salaire : plus de 60 millions d’euros pour Carlos Tavares ?
C’est le salaire de Carlos Tavares, Directeur Général de Stellantis, qui avait créé le scandale, rapidement dénoncé par les syndicats. Ce dernier, au titre de l’exercice 2021, doit toucher un salaire fixe de 2 millions d’euros, mais également une part variable représentant près de 89% du total et composée de prime à la performance, argent pour la retraite, prime de réussite ou encore prime sur les objectifs. L’ensemble de cette part variable représente environ 17,5 millions d’euros, portant le total à 19,5 millions d’euros.
Un salaire déjà élevé, mais qui le serait encore plus selon la société de gestion Phitrust qui a lancé la polémique. Cette dernière estime que le patron de Stellantis toucherait, en plus de ces sommes, près de 46 millions d’euros sur plusieurs années, en actions et en liquide. Une distribution d’actions ainsi que des primes pourraient être distribuées jusqu’en 2028. Ainsi, Phitrust estime le salaire réel du patron de Stellantis à 66 millions d’euros.
Les actionnaires votent contre, mais le vote n’est que consultatif
Le scandale semble être arrivé aux oreilles des actionnaires qui, lors de l’Assemblée générale du groupe qui s’est tenue le 13 avril 2022, se sont donc opposés à cette rémunération et à celles des autres grands pontes de Stellantis, tout autant élevées : 7,8 millions pour John Elkann, 14,8 millions pour Richard Palmer ou encore 26 millions d’euros pour les héritiers de Sergio Marchionne.
Les résultats du vote restent toutefois mitigés : les actionnaires se sont exprimés défavorablement à 52,1% et favorablement à 47,9%. Un vote qui pourrait bien ne rien changer : Stellantis, basée aux Pays-Bas, applique le droit local. Les avis des actionnaires sur ce sujet sont uniquement consultatifs, bien que le groupe ait déclaré qu’il « prendrait en compte » ce vote, sans plus de précisions.
Très bons résultats, mais des licenciements massifs prévus
Si le scandale a éclaté, c’est essentiellement à cause de la fusion, toujours en cours, entre FCA et PSA. Les deux groupes doivent encore concrétiser une bonne partie des synergies qui ont justifié l’opération, ce qui devrait donner lieu à des milliers de licenciements, tout particulièrement en Italie. La France n’est pas épargnée : en février 2022, un plan de départs volontaires de plus de 2.500 postes avait été annoncé par Stellantis, alors que le nombre d’employés de PSA a été réduit de plus de 20.000 en France depuis le milieu des années 2000.
Pour autant, la rémunération de Carlos Tavares et des autres dirigeants peut se justifier. Stellantis a enregistré des bénéfices record en 2021 : 13,4 milliards d’euros, quasiment trois fois plus qu’en 2020, et une marge opérationnelle qui a pratiquement doublé à 11,8%.