Ce n’est pas une guerre des monnaies, mais un effondrement des monnaies !

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Par Charles Sannat Publié le 19 février 2013 à 10h18

Tout le monde me pose ces derniers jours la même question. Enfin ils me la posent par mail car n’ayant pas pris l’option « international » sur mon téléphone portable, je suis injoignable pour le plus grand bonheur de ma femme. Heureusement il y a le wifi et internet. Cette fameuse question c’est est-ce que les cours de l’or vont encore baisser, combien de temps et est-ce grave docteur ? Je voulais vous parler de plein d’autres choses passionnantes qui se passent ici à Londres donc je ne céderai que partiellement à l’amicale pression de notre communauté de contrariens, surtout que l’actualité fait, qu’effectivement, cette baisse sur l’or, est une excellente nouvelle, mais alors vraiment excellente et en réalité tout ce qui se passe est très rassurant pour l’avenir et vous allez très vite comprendre pourquoi.

Tout commence aujourd’hui par la dernière intervention de Mario Draghi, notre grand argentier, devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen, à Bruxelles (pas d’ironie c’est le surnom donné aux gouverneurs des banques centrales à travers la planète) qui a provoqué une belle baisse sur le métal jaune qui se situe en plus sur des seuils graphiques très importants.

La BCE ne devrait pas aider l’économie à repartir à nouveau

Mario Draghi, le Gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), a parlé. Ce qu’il a dit est mauvais. Très mauvais pour l’or. L’essentiel de son message se résume avec l’idée suivante, que la monnaie doit être forte, que les politiques monétaires ne peuvent pas utiliser ni la planche à billets ni les taux bas pendant de grandes périodes impunément et sans que cela ait de conséquences. Je suis parfaitement d’accord avec lui et c’est pour cela justement que je suis un acheteur invétéré d’or (en plus ça brille et c’est beau). Alors voici les petits moments choisis de l’intervention de Mario. Chacun des termes est très, très important pour comprendre la suite. C’est un peu long, mais je sais que mes amis contrariens ne rechignent jamais à l’effort, et vous allez en avoir pour votre temps à défaut d’en avoir pour votre argent !!!

« La BCE est consciente des défis que soulève une longue période d’une politique de taux bas et d’une abondance de liquidités ». « Les faibles taux d’intérêt risquent d’affecter la capacité des épargnants et des investisseurs à générer des rendements, notamment pour les compagnies d’assurance et les fonds de pension » « Des taux d’intérêt bas pendant une longue période, couplés à une abondance de liquidités en circulation, facilitent des prêts de refinancement à coûts très faibles ce qui peut conduire les banques à être moins prudentes dans la gestion du crédit, et peut encourager la formation de bulles spéculatives, en particulier dans l’immobilier ». « En assurant la stabilité des prix, la politique monétaire a contribué à des conditions financières plus stables. C’est essentiel pour les épargnants et les investisseurs. La politique de la BCE reste accommodante ». « Soyons clairs : des changements de politique de taux d’intérêt ne sont pas normalement le meilleur instrument pour répondre à des déséquilibres financiers. Si ces déséquilibres ne menacent pas directement la stabilité des prix au niveau de l’ensemble de la zone euro, c’est aux Etats d’y faire face ».

Enfin Mario Draghi a indiqué qu’il « était très exagéré de parler de guerre des devises », « J’invite tout le monde à adopter une stricte discipline verbale (sur les taux de change). Moins on en parle, mieux ce sera », a conclu Mario Draghi sur ce sujet.

La politique monétaire actuelle est bien la chronique d’une catastrophe inflationniste annoncée

Premier enseignement, nous sommes pour une fois tous d’accord. Effectivement des taux bas, l’injection massive de liquidités, et la création monétaire ne sont pas des politiques normales ni sans risque. Oui cela conduit à la création de bulles spéculatives dévastatrices comme la bulle immobilière dont il parle (mais rassurez-vous il n’y a pas de bulle immobilière en France, nous c’est différent), ou encore celle des marchés actions qui sont gonflées à l’hélium et à l’hydrogène qui va finir par nous exploser à la figure. Deuxième enseignement nos grands « zamis » allemands qui n’y sont sans doute pas pour rien me semblent avoir sifflé la fin de partie monétaire. Fini la facilité. Message implicite adressé à la France qui ne veut plus faire des 3 %, une limite intangible devra se débrouiller seule.

C’est cela le message diplomatique subliminal délivré lorsque Mario dit que « Si ces déséquilibres ne menacent pas directement la stabilité des prix au niveau de l’ensemble de la zone euro, c’est aux Etats d’y faire face ». On va devoir se débrouiller sans l’aide de la BCE. Troisième enseignement, l’euro fort n’est pas un problème pour l’Allemagne, qui a parfaitement conscience du fait que ce n’est pas l’euro qui est trop fort mais bien toutes les autres devises qui commencent à ne plus valoir tripette… et c’est ce qui arrive lorsque l’on imprime trop la même quantité de billets. Tout le monde a déjà joué cette partie de Monopoly où à la fin, la banque n’a plus d’argent, alors les gamins comme les grands commencent à tenir des ardoises vis-à-vis de la banque… seule façon que la partie continue encore et encore sinon le jeu s’arrête.

Retenez donc que l’économie est aussi simple qu’une partie de Monopoly, surtout en ce qui concerne les aspects monétaires.

Il n’y a pas de guerre des monnaies mais un effondrement des monnaies nuance !

Quatrième enseignement, maintenant que la situation recommence à devenir grave (bien qu’elle n’avait en réalité jamais cessé de l’être), il serait temps de se taire… Mario n’ayant pas osé dire de mentir. Donc il n’y a pas de guerre monétaire. Lorsque l’on y pense, il n’a d’ailleurs par fondamentalement tort. Ce n’est pas une guerre monétaire à laquelle vous assistez mais à l’effondrement des grandes monnaies partout à travers la planète et Mario Draghi est parfaitement au courant.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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