La Chine s’annonce prête à riposter en cas de « guerre des monnaies »

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Par Charles Sannat Publié le 4 mars 2013 à 13h18

Comme vous le savez certainement, depuis le dernier G20 qui s’est tenu en Russie au moment même où des astéroïdes bombardaient le pays comme un signe du ciel adressé à nos grandes éminences, il n’y a pas de guerre des monnaies. D’ailleurs, le communiqué du G20 précisait bien qu’il fallait tout faire pour éviter une guerre des monnaies qui n’avait pas lieu et qui n’aura jamais lieu…

Cela m’avait fait dire à ce moment qu’effectivement ce n’était pas tant une guerre des monnaies qu’un effondrement simultané des plus grandes devises mondiales. C’est donc une information qui nous vient de Chine et qui remet au centre de la préoccupation ce sujet central dans les relations géopolitiques entre les grandes nations. Je vous cite donc intégralement cette dépêche de l’Agence de Presse Xinhua.

La Chine est préparée en cas de guerre des monnaies

« BEIJING, 2 mars — La Chine est tout à fait prête en cas de guerre des monnaies si une telle chose devait réellement se produire, bien qu’ "évitable", a annoncé vendredi soir Yi Gang, vice-gouverneur de la banque centrale chinoise. Yi Gang, vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, a fait cette remarque face à l’inquiétude généralisée que les grandes économies mondiales pourraient utiliser des politiques d’assouplissement monétaire afin de faire baisser leurs monnaies dans le but de gagner un avantage commercial.

Depuis l’entrée en fonction du Premier ministre japonais Shinzo Abe, le yen a chuté de 20 % à la suite de mesures inflationnistes audacieuses. Le yen a varié entre 92,30 et 94,30 par rapport au dollar américain au cours des deux dernières semaines, soit son plus bas niveau depuis plus d’un an. Une guerre des monnaies pourrait être évitable, a déclaré M. Yi, si les décideurs des grands pays observaient le consensus, atteint lors du récent G20, selon lequel les politiques monétaires devaient avant tout servir d’instrument aux économies domestiques.

Les membres du G20 ont promis qu’ils n’engageraient pas de guerre des monnaies, mais aucun d’entre eux n’a montré de signe de recul dans l’assouplissement monétaire qui a injecté un flot de liquidités sur les marchés mondiaux. Ils craignent en effet que la suppression du stimulus ne plonge leur économie dans une nouvelle récession.

« La Chine est tout à fait prête », a déclaré Yi Gang. « En termes de politiques monétaires et d’autres mécanismes, la Chine tiendra pleinement compte des politiques d’assouplissements quantitatifs mis en œuvre par les banques centrales des pays étrangers. » » (Agence de Presse Xinhua).

La Chine se lance dans la dissuasion monétaire

Après la dissuasion nucléaire, la Chine invente la dissuasion monétaire. L’idée est de mettre en garde les autres pays, ceux qui utilisent l’arme monétaire de la dévaluation compétitive. Alors certes, pour des raisons diplomatiques, les chinois préfèrent citer dans leur dépêche le cas du Japon avec lequel les relations sont ce qu’elles sont, plutôt que de mettre nommément en cause certains pays occidentaux (accessoirement grands clients de la Chine) comme le Royaume-Uni, ou encore au hasard les Etats-Unis !

Dans tous les cas le message n’en est pas moins clair. La Chine ne sera pas le dindon de la farce monétaire. Une baisse de sa compétitivité ne lui sera pas imposée. Cela ne peut être que négocié entre grands partenaires et ce ne peut être dans l’esprit de nos amis chinois qu’un processus progressif. En disant cela, je ne suis ni pour, ni contre, je constate simplement les faits de la politique économique menée par les autorités de Pékin. Pendant ce temps, justement au Japon, le nouveau gouverneur s’installe avec justement comme objectif de favoriser la croissance japonaise en imprimant autant de billets que nécessaire, jusqu’à ce que la faiblesse du Yen renforce les exportations japonaises.

Haruhiko Kuroda est nommé à la tête de la Banque du Japon

C’est un article du Monde, qui détaille ce sujet. « Décidé à sortir le Japon de la déflation et à soutenir la croissance par les plans de relance et un assouplissement monétaire drastique, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a choisi une personnalité partageant pleinement ses idées pour diriger la Banque du Japon (BoJ). Désigné par le gouvernement, jeudi 28 février, l’actuel président de la Banque asiatique de développement (BAD), Haruhiko Kuroda, devrait, si le Parlement nippon valide ce choix, succéder, le 19 mars à l’actuel gouverneur, Masaaki Shirakawa ».

Pour le nouveau gouverneur Kuroda, « il y a de multiples possibilités d’assouplir la politique monétaire, la BoJ n’a pas pleinement joué son rôle ». Il considère en effet que la banque centrale japonaise doit diversifier encore plus ses achats d’actifs, et aller jusqu’à acquérir des actions !!! Et là je dois le dire je suis resté assez médusé par cette dernière information. Vendez votre maison et votre appartement (puisque ça y est l’immobilier en France décroche enfin) et investissez tout en bourse. C’est sûr que si la banque centrale imprime des billets à volonté pour acheter des actions en bourse, il n’y a plus aucune raison pour que les cours baissent !!

La banque centrale japonaise vient donc d’inventer l’interdiction de vendre des actions. Il n’y a plus qu’une seule position, l’achat ! Nous atteignons donc des sommets dans la création de fausse monnaie. Les marchés ne peuvent en aucun cas être efficients dans la mesure où ils sont désormais totalement biaisés. On le savait pour le marché de la dette souveraine, et puis pour celui des taux et enfin celui des devises. Ne restait plus que les marchés boursiers sur lesquels les banques centrales vont se porter officiellement acquéreuses a priori pour soutenir les cours.

La banque centrale japonaise va ouvrir la voie aux autres !

On peut raisonnablement penser que ce que s’apprête à faire la BoJ va ouvrir la voie à de nouveaux assouplissements quantitatifs aussi bien en Angleterre qu’aux Etats-Unis et à une échéance assez brève. Dans ces conditions les politiques monétaires deviennent à peu près du grand n’importe quoi, tout juste au niveau de la partie de Monopoly de gamins de 10 ans…

C’est l’ensemble de ces éléments qui a conduit la Chine à indiquer officiellement qu’elle ne resterait pas en retrait et protégerait ses intérêts. Les beaux engagements de papier du dernier G20, sont donc totalement enterrés, et le Japon n’a jamais eu l’intention de ne pas jouer avec sa monnaie. En ouvrant la porte à de nouvelles méthodes encore plus « sauvages » les japonais ouvrent la boite de pandore.

Pendant ce temps de l’autre côté de l’atlantique les Etats-Unis sont en train de tomber de la falaise fiscale dans un silence assourdissant.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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