Selon le conseil d'orientation des retraites, le besoin de financement du système de retraite sera de 18,8 milliards en 2017. Des prévisions inquiétantes qui ont conduit le ministre de l'Économie et des finances Pierre Moscovici à annoncer qu'une concertation sera engagée d'ici à la mi-2013 pour rééquilibrer les systèmes des retraites.
Invité de RTL ce mercredi 19 décembre, le ministre de l'Économie et des finances Pierre Moscovici a été interrogé sur rapport du conseil d'orientation des retraites (COR), qui a remis un document montrant que le déficit du système des retraites à l'horizon 2020 resterait important : « Il me semble en effet qu'il faudra revenir sur le sujet », a estimé le ministre.
Une concertation d'ici mi-2013
« Il faudra examiner ce sujet. L'examiner pas seulement selon le paramètre financier mais aussi à travers les paramètres fondamentaux, la prise en compte de la pénibilité, les carrières interrompues », a ajouté Pierre Moscovici. « Il y aura une concertation d'ici mi-2013 », a-t-il précisé tout en prévenant que « ce ne sera pas la même philosophie » que la réforme Fillon.
Le ministre de l'Économie a laissé entendre que l'ajustement ne se fera pas par un recul de l'âge du départ à la retraite. Mais plutôt par une hausse des cotisations : « Je ne suis pas le ministre chargé des retraites mais je peux dire que ceux qui ont commencé à travailler tôt et longtemps peuvent partir à la retraite à 60 ans à taux plein », a-t-il affirmé.
Le gouvernement Fillon avait en effet décidé en 2010 de relever progressivement l'âge minimum légal à 62 ans pour effacer le déficit des régimes de retraite à l'horizon 2018.
Des prévisions inquiétantes
Et le gouvernement aurait tort de fermer les yeux, car les conclusions du conseil d'orientation expliquent que, si aucune mesure n’est prise d'ici à la fin du quinquennat, le déficit atteindrait 18,8 milliards en 2017. Ces conclusions englobent les 35 régimes obligatoires, qu'ils soient de base ou complémentaires, qu'ils concernent les salariés du privé, les indépendants ou les fonctionnaires.
Pour le COR, le déficit continuera à se creuser légèrement d'ici à 2030, puis commencerait à reculer. L'amélioration serait significative à partir de 2040, date à laquelle les générations les plus nombreuses du baby-boom commenceront à disparaître.
Dans le meilleur des cas qui table sur une baisse du taux de chômage à 4% (contre 10% aujourd'hui), l’excédent serait de 93 milliards. Dans le pire des cas (7% de chômage), l’excédent atteindrait les 105 milliards : « Cette fourchette souligne la grande sensibilité de l'équilibre de long terme du système de retraite aux évolutions démographiques et économiques », explique le COR.
L’âge de départ à la retraite va bien devoir être reculé
Pour le COR, le gouvernement n’aura pas d’autre choix que de reculer l’âge de départ à la retraite : l'âge moyen du départ devrait atteindre 63 ans dans dix ans, explique le COR. Mais il devrait être inférieur dans la fonction publique, en raison des catégories qui ont droit au départ anticipé.
Cependant, la pension moyenne des retraités ne devrait pas être touchée au cours des prochaines décennies, même dans les scénarios les plus pessimistes. En 2020, le revenu moyen des retraités sera supérieur de 6 % à 7 % à celui de 2011. C'est l'« effet noria », explique le COR, dû à la progression des salaires et au taux d'activité des femmes : « La pension des nouveaux retraités est supérieure à celle des retraités qui décèdent », ce qui relève mécaniquement la moyenne.
D'autres articles du même auteur chez notre partenaire JOL Press