Victoire de Syriza en Grèce : vers le défaut salvateur

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Par Charles Sannat Modifié le 27 janvier 2015 à 14h40
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@shutter - © Economie Matin
320 MILLIARDS €La dette de la Grèce est de 320 milliards d'euros.

Après que les institutions européennes ont cherché à faire peur aux Grecs, les Grecs ont voté et les Grecs ont porté au pouvoir un parti de gauche plutôt à gauche dont la volonté affichée (nous verrons, dans les faits, ce que ce parti fera) était de renégocier avec l’Europe. Malgré tout, le soleil s’est levé sur la Grèce, il s’est levé sur l’Europe.

Le nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras va donc diriger la Grèce sur un « chemin abrupt » selon ses propres mots et est allé se recueillir au mur des fusillés où 200 communistes avaient été exécutés par les nazis. Et pourtant le soleil s’est levé sur la Grèce, il s’est levé sur l’Europe.

Tsipras veut renégocier une dette qui, de toutes les façons, n’est tout simplement pas remboursable, ce dont tout le monde convient. Et pourtant le soleil s’est levé sur la Grèce, il s’est levé sur l’Europe.

La Grèce se dirige donc vers une forme de défaut de paiement salvateur. La seule question désormais n’est pas de savoir si la Grèce va rembourser ou pas ses dettes, mais comment elle va ne pas les rembourser et quelles seront les modalités pour atténuer la souffrance financière de ce pays. Et pourtant le soleil s’est levé sur la Grèce, il s’est levé sur l’Europe.

Tsipras a donc été élu. Syriza a gagné, « l’extrême gauche » est au pouvoir et les marchés ne se sont pas effondrés, loin de là… On peut donc dire que le soleil s’est levé sur la Grèce, il s’est levé sur l’Europe.

BCE : « Une réduction de la dette grecque est impossible »

Mais même si le soleil s’est levé sur la Grèce et l’Europe, nous allons vivre quelques semaines de poker menteur entre le nouvel exécutif grec et les créanciers de la Grèce, à savoir les États européens et la BCE puisque depuis les derniers plans de sauvetage, en réalité les dettes de la Grèce ont été en totalité transférées aux contribuables européens au sens large. Les banques commerciales ont refilé aux États européens l’ensemble des dettes grecques ne valant pas tripette à leur prix d’achat ou presque dans l’une des plus grandes escroqueries financières des derniers siècles…

C’est évidemment l’une des raisons pour lesquelles le soleil s’est levé sur l’Europe ce matin, sur les marchés et sur la Grèce. Car non seulement plus personne ne détient de dette grecque mais en plus la BCE a annoncé la semaine dernière un QE de 1 100 milliards d’euros… qui, soit dit en passant, peut toujours être retoqué partiellement ou en totalité par différentes juridictions européennes ou allemandes…

C’est dans ce contexte de négociations incertaines que le membre du directoire de la BCE, Benoît Cœuré, a indiqué qu’ une « restructuration des titres de dette grecque en sa possession est impossible »…

Pourquoi ?

Parce que selon lui, « il est absolument clair que nous ne pouvons approuver aucune réduction de la dette qui toucherait les titres grecs détenus par la BCE. Cela est impossible pour des raisons juridiques »…

Il faut dire que la BCE détient actuellement 27,2 milliards d’euros de dette grecque négociable : cela fait beaucoup de sous si ces derniers devaient être passés par pertes et profits… ce qui finira bien par être le cas.

Que retenir de tout ce qui se passe ?

D’abord les risques systémiques bien que semblant maitrisés sur l’euro sont loin d’être derrière nous, bien au contraire. Lorsqu’il faut passer à la caisse, on voit bien qu’il n’y a plus aucune solidarité européenne et que chaque banque centrale monétisera à sa guise. Cela signifie donc la fin de tout espoir de plus d’Europe et le long cheminement délicat et cahoteux vers de moins en moins d’Europe (ce dont je me satisfais chaque jour) et pourtant le soleil s’est levé.

La Grèce finira par sortir de l’euro et d’autres pays aussi, et la terre continuera de tourner.

Les pays, sous une double pression sociale et économique, devront reprendre leur souveraineté abandonnée et pourtant le soleil se lèvera tous les matins.

Non, il n’y aura pas de solutions faciles. Non, il n’y a pas de solution indolore. Oui, cela va faire mal, oui cela sera long, oui la transition vers le nouveau monde dont nous n’avons même pas défini les contours va être génératrice de grandes souffrances… Mais le soleil continuera de se lever.

Il n’y a aucune fatalité. Il y a juste des démissions collectives et des compromissions politiques ou financières.

Les Grecs ont voté… Et pourtant le soleil s’est levé sur la Grèce, il s’est levé sur l’Europe.

Il est déjà trop tard, préparez-vous.

Au coffre Le Contrarien Charles Sannat

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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