La question des superprofits des entreprises du secteur énergétique, sur fond d’explosion du prix du gaz et de l’électricité, est arrivée à Bruxelles. Et malgré la, semble-t-il, ignorance sur le sujet de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie français, pour l’Union européenne, ils existent. Et non seulement ils existent, mais ils doivent être taxés pour soutenir les ménages les plus pauvres.
Von der Leyen a tranché : il y a bien des profits records
Lors de son discours sur l’état de l’Union du 14 septembre 2022, Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, n’a pas pu éviter la question de l’énergie, du risque de pénurie et des profits des entreprises du secteur de l’énergie. Des « superprofits », comme il ont été appelés, que l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) estime à près de 200 milliards d’euros pour le seul premier semestre 2022.
« Ce n'est pas juste de réaliser des bénéfices extraordinaires en ce moment grâce à la guerre et sur le dos des consommateurs », a déclaré la présidente de la Commission européenne. En somme : il y a bien des superprofits, des profits records… Bruno Le Maire, qui avait déclaré qu’il ne savait pas de quoi il s’agissait lors de l’université d’été du Medef, peut donc désormais se référer à cette définition claire et précise.
Une taxation bien précise annoncée… tout comme les bénéficiaires de cette taxe
La Commission européenne vise donc à implémenter une mesure simple et efficace : prélever l’intégralité des bénéfices des producteurs d’électricité dès lors que le prix de vente du Mégawattheure dépasse les 180 euros. Le prix de production est en effet beaucoup moins élevé, mais le prix de vente est aligné, sur le marché, à celui du gaz qui a, au contraire, explosé à cause des tensions avec Moscou. Et c’est ainsi que les superprofits naissent. Le prix du gaz, sur le marché de référence d’Amsterdam, affiche le 15 septembre 2022 217,88 euros le MWh, en hausse de 208% sur un an.
Outre ceux des producteurs d’électricité à bas coût (nucléaire et énergies renouvelables), les superprofits des producteurs utilisant des énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) seront également taxés.
Dans l’ensemble, la Commission européenne espère ainsi récupérer la coquette somme de 140 milliards d’euros, dont 25 milliards pour les énergies fossiles. Des sommes qui devront être « partagées », et tout particulièrement destinées aux ménages les plus fragiles.