Une population et un pays riches ?
En comparaison internationale, le PIB par habitant de la Suisse (2015) est en effet élevé : 71.033 € (26.600 € dans l'Union européenne ; 28.400 € en France). Contrairement à d'autres pays, la Suisse ne connaît pas de salaire minimum. Les salaires sont négociés dans le cadre de conventions collectives. Quant au salaire médian, à titre indicatif, il s'élevait en 2014 à 5.740 €, voire à 8.650 € pour un universitaire. Ce niveau salarial doit toutefois être mis en regard du coût de la vie plus élevé en Suisse que dans beaucoup d'autres pays comparables. Relevons par ailleurs qu'en Suisse, les primes de l'assurance maladie obligatoire (soit 400-550 € par mois plus une éventuelle assurance complémentaire/mutuelle) ne sont pas incluses dans les déductions effectuées sur le salaire brut mais doivent être versées individuellement par chaque résident. Enfin, le coût du logement est particulièrement élevé, notamment dans les centres urbains.
Ceci étant, la précarité existe également en Suisse. Le risque de pauvreté dépend largement de la situation familiale et du niveau de formation. Les groupes les plus exposés étant les familles monoparentales, les personnes âgées vivant seules et les personnes sans formation professionnelle.
Selon l'Office fédéral des statistiques (OFS), en 2014, le seuil de risque de pauvreté se situait en moyenne à 2.219 francs suisses (1.850 €) par mois pour une personne seule et à 4.031francs suisses (3.360 €) par mois pour un ménage avec deux adultes et deux enfants. Ainsi, en 2014, 6,6 % de la population suisse ou quelque 530.000 personnes étaient touchées par la pauvreté monétaire.
La richesse, voire la précarité, sont évidemment liées au marché de l'emploi qui, en Suisse, peut être qualifié de libéral. D'ailleurs, il n'y a pas de fête généralisée du travail en Suisse ! Fédéralisme oblige, chaque canton a adopté des dispositions propres en la matière. Le Code du travail est relativement peu contraignant par rapport à celui, par exemple, de la France. On retiendra ainsi que la résiliation du contrat de travail — qui n'est pas soumise à l'existence de certains motifs — prévoit les délais suivants : un mois pendant la première année de service, deux mois de la deuxième à la neuvième année de service et trois mois à compter de la dixième année de service.
Le taux de chômage en Suisse, en mars 2017, était de 3,4 % (4,6 % selon l'OIT). S'agissant de celui des jeunes, il était de 3,2 % (8,6 % selon OIT). Quant à celui des personnes âgées de plus de 50 ans, il était de 3 %.
Le marché du travail en Suisse est traditionnellement caractérisé par des relations sociales apaisées basées sur la négociation de conventions collectives et ce que l'on qualifie habituellement de « paix du travail ». Une « paix » en vigueur depuis 1937. Ainsi, les mouvements de grèves sont relativement peu fréquents, même si en période de crise économique ils se sont multipliés. Selon une étude allemande (étude Boeckler de l'institut allemand WSI) qui a analysé le nombre de jours de travail perdus en raison de grèves rapporté au nombre d'actifs entre 2005 et 2012, la Suisse est la nation européenne qui fait le moins la grève, avec une seule journée de travail perdue par année pour 1.000 actifs suite à un mouvement de grève. En France, le nombre serait de 139 jours perdus pour 1.000 actifs.
Ceci est un extrait du livre « La Suisse est-elle un modèle ? » écrit par François Garçon, Sonny Perseil et Yvon Pesqueux et al. paru chez L'Harmattan (ISBN-10 : 2343146217, ISBN-13 : 978-2343146218). Prix : 26 euros.
Reproduit ici grâce à l'aimable autorisation des Éditions L'Harmattan.