Les Français détiennent le record mondial en matière de vacances ! 30 jours par an alors que la moyenne européenne est de 26 jours et la moyenne mondiale de 15 jours. Ce privilège ils le doivent notamment à la mise en place des fameuses journées de RTT depuis qu'en 2000, nous sommes passés à la semaine de 35 heures.
On ne peut que se réjouir de ce temps libre acquis pour s'évader, se détendre, s'investir au service d'actions caritatives ou tout simplement rendre la vie familiale plus fluide. Les vacances c'est toujours bénéfique, non ? Il se pourrait pourtant que ce bel acquis social est un coût humain plus dévastateur qu'il n'y paraît.
En effet, durant le temps qu'ils passent au travail, les Français sont, avec les Américains les plus productifs du monde. Ils ne ménagent pas leur peine à l'ouvrage. Cependant, ils constatent avec angoisse que ce niveau de productivité ne suffit plus à relever le défi de la compétitivité mondiale. Chacun craint de perdre son travail.
Du coup, on part en congé, mais pour « rattraper », on met les bouchées doubles au retour. Le rythme que l'on s'impose nous fait perdre en une journée le bénéfice de quelques jours d'arrêt. On repart sur les chapeaux de roue en culpabilisant par rapport à nos collègues qui sont passés en surcharge. Pour produire notre charge de travail annuelle, chaque journée, chaque heure, chaque minute compte... On fait le grand écart ! On s'impose des différences de rythme inhumaines pour préserver notre productivité tout en donnant une priorité maximum au repos et aux loisirs.
Un sondage d'ANACT-CSA de 2009 indique que 41% des salariés sont stressés au travail. On peut alors se demander si donner un peu plus de temps de travail sur l'année aux salariés ne serait pas bénéfique ? Peut-être cela éviterait cette surchauffe dans la course à la productivité et apporterait un peu de sérénité dans les organisations. Les propositions faites par le MEDEF cette semaine sur l'assouplissement des 35 heures ou de la suppression de certains jours fériés doivent pour nous être l'occasion de se poser la question.
Dans tous les cas, notre réponse à cette interrogation devra mettre en priorité ce qui est bien pour l'homme avant les considérations sur la performance économique. Rappelons-nous ce qu'a écrit Jean Paul II dans Laborem Exercens : « Le but du travail reste toujours l'homme lui-même. »