Tests de résistance bancaire : une formalité pour le secteur qui cache des lacunes

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Par Christopher Dembik Publié le 21 octobre 2014 à 2h43

Les tests de résistance ne sont pas paroles d'Evangile, c'est avant tout un exercice ayant pour but de restaurer la confiance. Ils ne donnent qu'un point de référence au marché en se basant sur des critères qu'on peut tout à fait contester.

Les résultats des tests de résistance qui seront révélés ce dimanche ne devraient être qu'une simple formalité pour le secteur bancaire européen avant la mise en place du Mécanisme de Surveillance Unique (MSU) le 4 novembre prochain. Sur les 131 banques visées en Europe, une très faible minorité devrait être contrainte à soulever davantage de capital dans les prochaines semaines. Aucune surprise notable en perspective.
Notre scénario de base n'est pas celui d'un lundi noir pour l'ensemble du secteur dans la foulée de la publication des tests. Les banques ayant échoué n'éviteront bien-sûr pas une sanction du marché. On ne peut toutefois pas complètement exclure un phénomène de panique en partie irraisonnée intervenant alors que la volatilité est au plus haut depuis 2012 et que les investisseurs font preuve d'un comportement très erratique, ce qui serait le pire des scénarios.

L'état du secteur bancaire européen est déjà largement connu. Les grandes banques, en particulier en France, sont en bonne santé tandis que les banques de taille intermédiaire restent fragiles, en particulier les banques des pays du Sud et les banques régionales allemandes dont les difficultés sont de notoriété publique. Le deleveraging s'est poursuivi mais le processus de consolidation en Espagne ou encore en Italie n'est pas complètement terminé et il pourrait s'accompagner, dans bien des cas, de licenciements afin de réduire davantage les excès de capacité.

Les tests de résistance ne sont pas paroles d'Evangile, c'est avant tout un exercice ayant pour but de restaurer la confiance. Ils ne donnent qu'un point de référence au marché en se basant sur des critères qu'on peut tout à fait contester. On peut d'ailleurs souligner que les résultats ont toutes les chances d'être au moins partiellement biaisés. En effet, récemment, plusieurs pays du Sud de l'Europe (Espagne, Grèce, Italie et Portugal) ont adopté des législations afin d'améliorer artificiellement la situation financière de leur secteur bancaire pour se conforter aux exigences réglementaires de Bâle III. Ces législations ont permis de conserver les actifs d'impôt différé (DTA), qui peuvent être utilisés pour réduire la charge fiscale d'exercices à venir, au capital des banques. Seul problème, en cas de difficulté ou de choc systémique, elles n'ont pas accès immédiatement à ces fonds. On voit déjà les limites des tests de résistance et l'ingéniosité mise en œuvre par certains gouvernements pour les contourner.

On aurait également tort de croire que, les tests de résistance maintenant terminés, la croissance du crédit va s'étoffer substantiellement dans la zone euro. Au cours des deux dernières années, le processus de renforcement des fonds propres a été l'excuse la plus couramment expliquée pour justifier l'atonie du crédit dans l'Union. Le diagnostic a été, en fait, mal posé. Il n'y a pas fondamentalement un problème d'offre de crédit mais plutôt de demande de crédit. C'est notamment particulièrement le cas en France comme le révèlent les enquêtes mensuelles de la Banque de France. L'explication réside dans l'absence de perspective de croissance suffisamment positive pour inciter à investir et donc à emprunter. Il ne faut pas s'attendre à un changement notable dans les trimestres à venir à ce niveau.

A maints égards, les tests de résistance sont présentés comme le baromètre ultime pour connaître la santé du secteur bancaire européen mais ils comportent de sérieuses lacunes qui devraient inciter les investisseurs à la prudence lors de leur publication. Ils sont toutefois suffisants pour accentuer un mouvement de panique en cas de poursuite de la correction des marchés. Ils tombent au plus mal moment pour la zone euro et la BCE.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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