Mardi 8 mars 2022, Antoine de Saint-Affrique a présenté le nouveau plan stratégique du groupe Danone : Danone Renew. Le nouveau directeur général souhaite impulser une dynamique pour réorienter les priorités de la troisième entreprise alimentaire européenne d'ici à 2024. Mais cette ambition se heurte à plusieurs sujets sensibles hérités de la précédente direction : suppression d’emplois et gronde de la filière laitière en France.
Danone veut renouer avec la croissance
"2022 sera une année fondatrice pour Danone, avec une croissance du chiffre d'affaires en données comparables comprise entre +3% et +5% portée par l'effet prix, et une marge opérationnelle courante supérieur à 12%." Mais pour Antoine de Saint-Affrique, en poste depuis septembre 2021, ces chiffres ne doivent pas masquer une situation plus nuancée.
"Ces dernières années, Danone a délivre une performance insuffisante" a-t-il affirmé. "A court terme, nous devons tirer le meilleur de notre cœur de gamme, tout en remettant l'accent sur la qualité de notre exécution ainsi que celle de nos innovations."
Concrètement, le plan Danone Renew remet à plat la stratégie du groupe sur ses catégories de produits clés et sur ses zones géographiques stratégiques. Antoine de Saint-Affrique veut maintenir la croissance du chiffre d'affaires entre +3% et +5% chaque année. En parallèle de cette croissance soutenue, la direction de Danone s'engage à limiter le budget des investissements : pas plus de 4,5% du chiffre d'affaires par an.
Suppressions d’emplois programmées en 2022
La restructuration stratégique des activités de Danone passe aussi par un plan social initié sous l'ère Emmanuel Faber. Et le changement de direction ne le remet pas en cause. Danone devrait supprimer 1 600 emplois dans le monde. Les postes concernés touchent en priorité le personnel commercial du groupe ainsi que des cadres. Mais les usines ne devraient pas être concernées.
Le groupe a tout intérêt à ménager la production, d’autant que depuis fin 2021, il fait face à la gronde de la filière laitière en France. La reconversion de l'usine laitière de Villecomtal-sur-Arros en usine de lait végétal passe mal auprès des producteurs de lait locaux. Et l'Association des Producteurs de Lait Indépendants (APLI) s'est même emparé du sujet. Dans une tribune, elle a fait part de son inquiétude pour l'avenir de la filière du lait. Danone voit dans cette reconversion une opportunité commerciale face à la progression des ventes de laits végétaux. Mais les éleveurs s'inquiètent pour les débouchés de leur production.
Le prix d'achat du lait est également en cause, et les éleveurs dénoncent des prix trop bas pour assurer la pérennité de leur activité. D’après l'APLI, le nombre de producteurs laitiers approvisionnant l’usine Danone a déjà drastiquement chuté. En 2015 ils étaient 470 ; en 2021, ils n’étaient plus que 220.