Star Wars VII « Le Réveil de la Force », un hymne néoconservateur

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Par Philippe Herlin Modifié le 18 décembre 2015 à 6h17
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@shutter - © Economie Matin
1977Le premier Star Wars est sorti au cinéma en 1977.

[Garanti 100% sans spoilers : cet article ne révèle aucun élément de l'intrigue]

Après dix ans d’absence, Star Wars revient sur nos écrans de cinéma avec "Le Réveil de la Force", le premier volet d’une nouvelle trilogie. Comment comprendre la fascination qu’exerce cette saga sur notre imaginaire ? Quelques éléments d’explication.

Un passionnant documentaire tourné en 2007, intitulé "Star Wars, les origines d’une saga", diffusé sur Arte en 2014, offre une intéressante approche de ce phénomène culturel (on y entend d’ailleurs J. J. Abrams, le réalisateur). Il montre comment, dans le chaos des années 70, envahit par les idées soixante-huitardes, Star Wars a restauré une vérité essentielle : il y a le bien et le mal. Pour cela, la saga s’appuie sur des archétypes mythologiques que l’on retrouve dans l’histoire de l’Occident, ce n’est d’ailleurs pas un hasard car son créateur, George Lucas, a lu, rencontré et déclaré s’être inspiré de Joseph Campbell (1904-1987), célèbre écrivain, universitaire et spécialiste de la mythologie comparée.

Le documentaire s’attache ainsi à montrer les correspondances que l’on peut trouver entre la saga Star Wars et les grands mythes de notre civilisation. Citons-en quelques uns, en commençant par la "Force" bien sûr, qui montre qu’il existe quelque chose qui nous dépasse et nous guide, qui donne un sens à l'univers, même si on est ici dans une approche panthéiste et non pas dans un système monothéiste. Luke Skywalker, c’est l’odyssée du héros évidemment, mais qui comme Ulysse ou Moïse, hésite à accomplir sa mission. Il a besoin de mentors (maître Yoda, Obi-Wan Kenobi, Qui-Gon Jinn) et, hormis le premier, ceux-ci disparaîtront car c’est leur destin. Luke passe des épreuves comme Hercule, la dernière consistant à affronter son père, Dark Vador (un thème biblique, les fautes des pères passant aux fils). Les deux robots R2-D2 et C-3PO sont le gros et le mince (Laurel et Hardy), une respiration comique, qui joue le rôle du chœur antique qui commente l'action. Les Jedi sont les jésuites de l'univers, ceux qui disent le bien et le mal, et leur disparition entraîne la victoire de l’Empire (du mal).

Dans ce cadre, Star Wars VII "Le Réveil de la Force", constitue une splendide réussite par sa formidable capacité à réactiver le mythe de la saga Star Wars, notamment à travers les personnages principaux des trois épisodes centraux (les trois premiers sortis, entre 1977 et 1983). Cette réactivation mythique se fait cependant sans jamais basculer dans la nostalgie, mais au contraire pour se projeter dans l'avenir, dans une nouvelle épopée et avec de nouveaux héros très attachants. En ce jour de sortie, le 16 décembre, les applaudissements et les cris de joie du public lors de la réapparition de ces figures glorieuses exprimaient une émotion que l’on voit rarement à ce point au cinéma.

La réussite est incontestable, contrairement aux épisodes I et II (sortis en 1999 et 2002) dont les scénarios se révélaient faibles. Le III (La Revanche des Sith, 2005), qui montrait la "naissance" de Dark Vador, était par contre remarquable, cinglant comme une tragédie grecque.

"Le Réveil de la Force" est incontestablement un film néoconservateur, une exaltation du retour des Anciens qui servent de référence pour les jeunes, qui les guident sans les étouffer. Le nouveau "méchant" de la saga est précisément celui qui rejette ses parents. Le mal est ici incarné par un régime totalitaire (Le Premier Ordre), dans lequel les troupes de base (les Stormtroopers) sont constitué d'enfants arrachés à leurs parents à la naissance et éduqués au combat. Une société qui nie le passé, la famille, l'humanité. La lutte contre le mal passe par le retour aux mythes fondateurs, voici une belle leçon.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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