Les stages limités par les quotas : une bonne idée pour l’emploi ?

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Par Laurent Meriaux Publié le 21 octobre 2013 à 3h16

Le gouvernement veut de plus en plus encadrer les stages en entreprise afin de mettre fin aux abus qui entoure ces travailleurs rémunérés un tiers que la normale. Une idée qui part sans aucun doute d'un bon sentiment et qui répond à un véritable problème. Mais limiter le nombre de stagiaires pourrait ne pas être une bonne idée pour l'emploi des jeunes. A moins que tout ne soit fait dans les règles de l'art.

Le stage, passage obligé pour l'étudiant

Le stage n'est sans doute pas la période la plus appréciée par les étudiants. Payés un tiers du SMIC pour le même travail, ils se sentent souvent inutiles (lorsqu'ils font ceux qu'ils appellent les « stage photocopie ») ou exploités (lorsque le travail est le même voire est supérieur à celui de leur voisin de bureau qui, lui, est en CDI). Mais, malgré cela, ils sont tous à la recherche d'un stage. Pourquoi ?

La réponse est plus que simple : le stage est la première expérience de travail de l'étudiant, surtout si celui a suivi un cursus général et non professionnel. Pire encore, il est souvent la première expérience professionnelle des jeunes. Or, sur le marché du travail, cette expérience à une valeur fondamentale qui compense souvent les quelques mois difficiles passés à suivre des ordres d'un chef tyrannique, pour exagérer un peu. Et puis, au final, malgré tous les problèmes que peut représenter un stage, les étudiants qui font des stages finissent tous par apprendre quelque chose d'utile.

Limiter le nombre de stagiaires c'est limiter l'accès aux stages

Le gouvernement veut, afin de résoudre le problème posé par la multiplication des stagiaires au sein des entreprises, limiter le nombre de stagiaires. Une idée qui est dans les cordes depuis longtemps puisque déjà en mars dernier Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement Supérieur, avait énoncé la possibilité de limiter le nombre de stagiaires à 10% de l'effectif de l'entreprise. L'effet recherché est simple : moins de stagiaires signifie moins de performance de la part de cette catégorie de travailleurs non encore qualifiés. Donc les entreprise ne pourraient plus compter sur ces stagiaires pour remplacer leurs effectifs ou éviter de recruter de nouveaux employés.

Une idée qui tient la route sans aucun doute mais qui pose un problème aux stagiaires eux-mêmes. Ils sont déjà dans une situation où ils ont du mal à trouver un stage, surtout lorsqu'ils recherchent un stage dont la durée est supérieure à deux mois (car en deça, le stage n'est pas rémunéré donc les entreprises sont plus qu'heureuses de les accueillir). Limiter le nombre de stagiaires au sein d'une entreprise entraînera forcément une baisse de l'offre et donc augmentera la difficulté des aspirants stagiaires à trouver un poste.

Cercle vicieux oblige, s'ils ne trouvent pas de stage, il ne trouveront que plus difficilement un travail. S'il est déjà difficile de trouver un premier emploi avec un bon cursus universitaire et quelques stages, il est encore plus difficile d'intégrer le marché du travail lorsque l'on a pas cette première expérience professionnelle, si peu utile soit elle.

Pourtant, c'est bien ce que le gouvernement compte faire...

Michel Sapin l'a pourtant explicitement dit : « un stage, ce n'est pas un travail, ça ne doit pas être un travail, ça ne doit pas être une période de salariat ». Qu'est-ce donc ? Une période d'apprentissage en milieu professionnel ? Certes, mais quelle entreprise prendrait à sa charge quelqu'un sans expérience pour simplement lui montrer des choses sans que celui-ci ne fasse de travail en retour ? Et qui en plus serait payé ?

Ce n'est pas sur le nombre de stagiaires que se trouvera la situation mais dans, par exemple, la suppression de la période de deux mois en dessous de laquelle le stage n'est pas rémunéré. Les entreprises n'auront alors pas le choix que de payer leurs stagiaires et, donc, ne seront pas tentées par leur proposer des périodes de deux mois plutôt que des périodes de six mois.

Et les étudiants en seront que ravis puisqu'ils auront alors le temps d'apprendre réellement et auront, comme bagage, une véritable expérience professionnelle à mettre dans leur CV.

Alors que les jeunes français ont de plus en plus de mal a trouver un travail, crise économique oblige, on ne peut qu'espérer qu'en pensant leur rendre service le gouvernement ne leur mette pas encore plus les bâtons entre les roues.

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Laurent Meriaux est cadre dans le business development. Depuis maintenant plus de dix ans, il accompagne les sociétés de haute technologie dans leur développement à l'international.

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