L’activité physique ou sportive, régulière et modérée, est reconnue par l’ensemble des autorités médicales comme un facteur d’amélioration de la santé.
Néanmoins, l’objectif de 30 minutes d’exercice physique par jour, défini par l’OMS, est difficile à atteindre pour un grand nombre d’individus : 43 % des Français évoquent le manque de temps pour expliquer l’absence de pratique sportive. Les femmes et les classes populaires sont particulièrement concernées, en raison d’un temps quotidien contraint, dû au poids très important des tâches domestiques pour les premières, et à l’accroissement du temps passé dans les transports pour les seconds.
Dès lors, pour contourner ces difficultés, la sphère professionnelle pourrait être un lieu de pratique d’une activité physique ou sportive. Ce n’est pas sans bénéfice pour le travail lui-même : plusieurs travaux récents ont mis en évidence les effets positifs d’une pratique sportive régulière sur le lieu de travail : diminution de l’absentéisme et de certaines maladies professionnelles (stress, troubles musculo-squelettiques, dépression, etc.), mais aussi mieux-être général et accroissement de la productivité.
Or, à ce jour, seuls 13 % des Français qui font régulièrement du sport en pratiquent un sur leur lieu de travail. C’est principalement lié à un problème d’offre sportive. Bien qu’elle soit présente dans certaines entreprises ou administrations, elle se cantonne trop souvent à une pratique intense et compétitive, destinée aux seuls sportifs entraînés. Cette situation n’est plus adaptée aux aspirations des salariés et aux caractéristiques actuelles du monde du travail, marqué par une certaine flexibilité de l’emploi, l’allongement des trajets entre le domicile et le travail qui limite le temps disponible le matin ou en fin de journée, la féminisation et l’emploi des seniors.
Concernant ces derniers, en nous inspirant de ce qui a été expérimenté avec succès dans d’autres pays, notamment en Finlande, nous proposons d’encourager et d’accompagner l’activité physique sur le lieu de travail des plus de 50 ans grâce à des programmes sportifs incitatifs, qui pourraient s’appuyer sur un engagement réciproque entre les employeurs et les assureurs publics (Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés et Caisse nationale d’assurance vieillesse) et privés (assurances complémentaires) qui y trouveraient leur intérêt (diminution des arrêts maladie…).
Pour l’ensemble des salariés, l’offre sportive au travail pourrait être plus diverse et concerner des activités de loisir et de détente, destinées aux débutants comme aux sportifs confirmés, aux femmes comme aux hommes, et aux personnes en situation de handicap. Chaque salarié, quels que soient son ancienneté, son contrat de travail, son poste, et quel que soit le secteur d’activité de l’organisation, devrait pouvoir bénéficier d’une activité physique ou sportive adaptée.
Il importe pour cela de poursuivre l’effort de sensibilisation déjà engagé et de s’appuyer sur l’ensemble des acteurs concernés : employeurs, comités d’entreprise, partenaires sociaux, médecins du travail, fédérations sportives, etc. Les collectivités locales, qui sont les principaux financeurs des équipements publics (stades, gymnases…) peuvent être associées, en réservant par exemple des créneaux pour les salariés le matin ou à midi.
En complément, une réflexion sur l’aménagement des horaires de travail est indispensable. Enfin, afin d’éviter ce creuser les inégalités entre les salariés des petites et des grandes organisations, la mutualisation des infrastructures sportives et l’aide financière que les pouvoirs publics pourraient apporter aux PME et TPE sont deux pistes parmi d’autres.
Au final, le développement de la pratique sportive sur le lieu de travail est un enjeu pour les pouvoirs publics mais aussi et surtout pour les entreprises, qui ont tout intérêt à privilégier une voie susceptible de fidéliser leurs salariés, de répondre à leurs aspirations, et d’améliorer leur contribution professionnelle.