Sotchi : les jeux olympiques d’hiver les plus chers de l’histoire débutent aujourd’hui

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Par Laure De Charette Modifié le 7 février 2014 à 3h40

A ce prix-là, chaque mètre de la route flambant neuve créée pour relier le village olympique à la station de ski voisine aurait être pu être pavé d'or... Alors que les JO d'hiver s'ouvrent aujourd'hui à Sotchi, en Russie, sur fond de polémiques (le Washington Post raconte avec humour les déboires des journalistes débarqués dans des hôtels pas finis, où l'eau est jaune, les toilettes inutilisables, la tringle à rideaux cassée, le lobby inexistant), cet évènement sportif est en passe de battre tous les records... financiers ! 36 milliards d'euros auraient été dépensés pour ce grand raout mondial, du moins selon l'opposition russe, qui crie au scandale.

Un budget 28 fois supérieur à celui de Nagano en 1998 !

La Russie a donc dépensé plus que les Chinois à Pékin en 2008 (26 milliards), beaucoup plus que les Anglais à Londres (11,5 milliards) et 28 fois plus que les Japonais pour les Jeux Olympiques d'hiver à Nagano en 1998 (1,26 milliards, un chiffre jugé exorbitant à l'époque) !

Ces roubles ont notamment servi à la construction des sites olympiques et à l'aménagement des infrastructures (routes, gares, ponts, tunnels, nouvel aéroport). Il faut dire que Sotchi, station balnéaire située sur les rives de la mer Noire et au pied des montagnes du Caucase, ne possédait jusque-là quasiment aucune installation sportive. Il a donc fallu les créer ex-nihilo (d'autant que la ville accueille aussi la Coupe du Monde de Football en 2018). Un projet titanesque, ou plutôt poutinesque. Car on sait que l'homme fort de Moscou a la folie des grandeurs, et veut faire briller dans le monde entier sa Grande Russie à cette occasion.

Les travaux auraient pu couter deux fois moins cher sans corruption

Au-delà de ces dépenses faramineuses, qui peuvent choquer dans un pays encore considéré comme un émergent (il fait partie des BRICS, aux côtés du Brésil, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud), le problème est évidemment aussi celui de la corruption.

Selon l'Anti Corruption Fondation, l'écart entre le prix des travaux réalisés à Sotchi et ceux de nature équivalente effectués ailleurs dans le monde est colossal. In fine, la note aurait pu être divisée par deux sans corruption.

L'organisation souligne en outre que la plupart des chantiers ont été attribués à des sociétés appartenant à des proches du Président, et n'ont jamais donné lieu à des appels d'offre.

La Russie va récupérer une partie de l'argent investi : aux derniers JO d'hiver, à Vancouver en 2010, le Comité International Olympique, les droits TV et les redevances versées au mouvement olympique avaient permis de financer 40% du budget total investi.

Par ailleurs, ces Jeux sont attendus comme les plus rentables de l'histoire. Alors, bonne ou mauvaise affaire pour le pays ?

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Journaliste depuis 2005, Laure de Charette a d'abord travaillé cinq ans au service France du quotidien 20 Minutes à Paris, tout en écrivant pour Economie Matin, déjà. Elle est ensuite partie vivre à Singapour en 2010, où elle était notamment correspondante du Nouvel Economiste et où elle couvrait l'actualité politique, économique, sociale -et même touristique !- de l'Asie. Depuis mi-2014, elle vit et travaille à Bratislava, en Slovaquie, d'où elle couvre l'actualité autrichienne et slovaque pour Ouest France et La Libre Belgique. Elle est aussi l'auteur de plusieurs livres, dont "Chine-Les nouveaux milliardaires rouges" (février 2013, Ed. L'Archipel) et "Gotha City-Enquête sur le pouvoir discret des aristos" (2010, Ed. du Moment). Elle a, à nouveau, rejoint l'équipe d'Economie Matin en 2012.

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