Les bons plans pour aller à l’opéra et au concert sans se ruiner, 2020-2021

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Par Philippe Herlin Modifié le 13 décembre 2022 à 20h36
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Les bons plans pour aller à l’opéra et au concert sans se ruiner, 2020-2021 - © Economie Matin
12%Les dépenses culturelles représentent 12% du budget "sorties et loisirs" des Français.

Les programmes de la prochaine saison des grandes salles de musique classique à Paris viennent de sortir. Comme tous les ans, nous reprenons notre guide des bons plans pour en profiter sans trop dépenser.

Le principal conseil que nous donnons consiste à s’y prendre à l’avance et à éplucher les programmes. Cette méthode vaut également pour nos lecteurs de province : Lyon, Toulouse, Nantes, Lille, etc. proposent des saisons de qualité à des prix abordables, il faut épluchez les programmes afin d’en profiter au mieux. Nous conseillons aussi de s’abonner aux newsletters des salles, pour se tenir au courant, et parfois bénéficier d’offres. Nous abordons ici les grandes institutions, mais le mélomane parisien ne manquera pas de consulter également les très interessants programmes de l’Opéra Royal de Versailles, de l’Auditorium du Louvre, de la Salle Cortot, de la Salle Gaveau, des concerts Jeunes Talents dans le Marais, de l’Orchestre des Jeûnes d’Île-de-France, et le Théâtre Marigny pour les amateurs de comédies musicales.

L’Opéra de Paris, entre créations et reprises

Le 350e anniversaire de l’Opéra de Paris aura été un calvaire : entre les grèves de décembre et janvier à propos de la réforme des retraites, à l’initiative d’une minorité de syndiqués, et les annulations dues au coronavirus, la saison s’est trouvée sérieusement amputée. De plus, l’institution s’est fâchée avec une partie de son public car les annulations de spectacles étaient annoncées au dernier moment, à cause du comportement stupide et suicidaire des grévistes. Souhaitons que la prochaine saison se passe correctement ! C’est la dernière de Stéphane Lissner, qui laissera sa place à Alexander Neef, et à qui l’on souhaite bien du courage.

Suite aux pertes de recettes entraînées par la grève, Stéphane Lissner a supprimé deux nouvelles productions, un ballet sur des musiques de Massenet et Jenufa de Janacek. On aurait préféré qu’il garde ce dernier et fasse sauter 7 Deaths of Maria Callas de la plasticienne exhibitionniste Marina Abramovic, incarnation dérisoire de tous poncifs de l’art contemporain, bref. Parmi les nouvelles productions lyriques, on notera le Ring de Wagner, Aïda de Verdi, Faust de Gounod et La Dame de pique de Tchaïkovski, ainsi qu’une création mondiale, Le Soulier de satin de Claudel mis en musique par Marc-André Dalbavie (d’une durée de 6h50 !). Parmi les reprises, on ne manquera pas le léger et délicieux Elixir d’amour de Donizetti mis en scène par l’excellent Laurent Pelly, Iphigénie en Tauride de Gluck par Warlikowski, la très belle Flûte enchantée de Mozart par Carsen, ainsi que son sublime Capriccio de Richard Strauss, sans oublier la Tosca qui réunira Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak. Concernant les ballets, on retrouve avec plaisir des grands classiques de Noureev (La Bayadère, Roméo et Juliette), de Petit (Notre-Dame de Paris), ainsi que des valeurs confirmées du ballet contemporain comme Preljocaj (Le Parc, sur des musiques de Mozart, une réussite totale) et Jiri Kylian.

Comment assister à ces spectacles sans trop dépenser ? On peut bien sûr s’abonner, même s’il n’est pas forcément pratique de bloquer des dates un an à l’avance. Sinon une bonne solution consiste à acheter ses places à l’unité environ trois mois à l’avance, en respectant le calendrier d’ouverture des réservations : par exemple, pour voir L’Elixir d’amour, qui commence le 11 septembre, il faudra se connecter au site le 9 juin à 12 heures. On peut ainsi acquérir des places dans toutes les catégories, dont plusieurs sont bon marché, mais il ne faut pas traîner parce qu’elles partent en quelques minutes. Il existe aussi un excellent dispositif fonctionnant tout au long de l’année : la Bourse aux billets officielle qui permet la revente de billets entre spectateurs en toute transparence et sans commissions, avec souvent des prix attractifs. Reste enfin une solution le jour même : une centaine à visibilité très réduite à 10 euros à Garnier proposées à l’ouverture des guichets de Garnier à 10h, mais les places debout à 5 euros à Bastille ont été supprimées, on le déplore. Les moins de 28 ans bénéficient d’une opération spéciale avec des Avant-premières Jeunes à 10 euros seulement. Signalons également 6 soirées offrant des tarifs réduits (-40%) aux moins de 40 ans (ouverture des ventes le 21 juin) et 4 soirées à prix cassés pour les familles qui ne sont jamais venues à l’Opéra, Ma Première fois à l’Opéra.

Le Théâtre des Champs-Elysées, pour tous les goûts

Il y en a pour tous les goûts au Théâtre des Champs-Elysées, tous les genres et toutes les époques sont dignement représentés. On trouvera de l’opéra mis en scène avec Le Messie de Haendel mis en scène par Robert Wilson, Salomé de Richard Strauss avec Patricia Petibon et mis en scène par Warlikowski, La Somnambule de Bellini, La Voix humaine de Poulenc complétée par une création du très doué Thierry Escaich. Parmi les opéras donnés en version de concert (toujours surtitrés, même les oratorios, comme toujours au TCE) on notera une Passion selon Saint Matthieu de Bach par l’Orchestra of the Age of Enlightenment, Oreste et Tamerlano de Haendel, Parsifal par l’Opéra d’État de Bavière, Capriccio dirigé par Thielemann. Plusieurs grands orchestres seront présent comme le Philharmonique de Vienne, celui de Saint Petersbourg, le Philharmonia, ainsi que l’Orchestre de chambre de Paris avec des programmes recherchés qui excitent la curiosité. Les rendez-vous importants ce sont aussi les grandes voix (Sabine Devieilhe, Jonas Kaufmann, Philippe Jaroussky, Sonya Yoncheva...), les grands pianistes (Berezovsky, Anderszewsky, Sunwook Kim, Fazil Say...), la danse, la musique de chambre et les concerts du dimanche matin.

Il existe des formules d’abonnement, d’ores et déjà ouvertes, à partir de cinq spectacles, et permettant d’obtenir des tarifs accessibles. Pour les concerts à l’unité, la vente sur le site pour tous les spectacles de la saison commencera le lundi 15 juin à 10h. Reste ensuite l’avant-dernière catégorie (visibilité limitée), à 15 euros, en vente aux guichets à partir du 2 septembre à 11h puis sur le site à partir du 9 septembre à 10h. La dernière catégorie (visibilité faible ou nulle) à 5 euros, est mise en vente le jour même une heure avant la représentation. Il existe aussi une Bourse aux billets, qui permet de trouver des tickets bon marché.

Le copieux programme de la Philharmonie

Avec presque 500 pages, le programme de la Philharmonie de Paris est digne de figurer au Livre des records ! Il faut dire que ses activités s’étendent encore avec la Philharmonie des enfants (4 à 10 ans) qui ouvrira en février 2021. Dans ce programme splendide et d’une profusion incroyable, on pourra retenir le Wozzeck de Berg dirigé par Simon Rattle (21/9), la 1e et la 15e symphonie de Chostakovitch dirigées par Valery Gergiev (28/9), Dienstag aus Licht de Stockhausen (24/10), Andris Nelson avec le Gesandhausorchester Leipzig (20-22/11), le récital de Cecilia Bartoli (29/11), Krystian Zimerman et Simon Rattle dans les cinq concertos pour piano de Beethoven (11-13/12), la 8e de Mahler par l’Orchestre de Paris (22-23/12), Elektra dirigé par Esa-Pekka Salonen (12,14/2), le récital de Maurizio Pollini (12/3), Stravinsky dirigé par Valery Gergiev (29-31/3), le film Metropolis accompagné par l’Orchestre de Paris dans une partition originale de l’excellent Martin Matalon (8-9/5), l’orchestre du MET de New York dirigé par Yannick Nézet-Seguin (30/6, 1/7).

Les formules d’abonnement sont déjà déjà ouvertes, mais il faut surtout noter dans son agenda le lundi 27 avril à 12h pour l’ouverture sur le site de l’achat des places à l’unité pour l’ensemble des concerts de la saison, premiers arrivés, premiers servis ! Surtout que les places de dernière catégorie à 10 euros, mais offrant une excellente visibilité, ne seront disponibles qu’à ce moment, soit un imbattable rapport qualité/prix. Ceci dit, les catégories supérieures demeurent tout à fait abordables. Si l’on se décide seulement quelques jours avant le concert, outre le site lui-même bien sûr, on ira faire un tour sur la Bourse aux billets qui permet de souvent de trouver des places bon marché.

Radio France, le National et le Philhar’ mais pas que

Comme la grande salle de la Philharmonie, l’auditorium de Radio France offre une excellente acoustique et une vision parfaite pour l’ensemble des places, dans un volume plus petit (1600 places contre 2400). Il ne faut donc pas s’en priver, notamment pour aller écouter les concerts de l’Orchestre national de France dirigés par Emmanuel Krivine et ceux de l’Orchestre philharmonique de Radio France dirigés par Mikko Franck, tant la symbiose entre ces formations et leurs directeurs musicaux fonctionne parfaitement. Pour ce dernier, on retiendra particulièrement une 4e de Mahler (25/9), la 13e de Chostakovitch (15/1) et la 14e (13/6). On ne manquera pas non plus Barbara Hannigan dans La Voix humaine de Poulenc (6,7/1), Chung dans la 9e de Mahler (19/3), la Saint Jean de Bach par Koopman (20,21/3) et la Messe en si par Pinnock (1/4), Alan Gilbert dans la 5e de Mahler (12/5), le Festival Présences consacré à Pascal Dusapin, et des concerts consacrés à deux grands compositeurs de musique de film (Gabriel Yared, Howard Shore). On consultera également le programme de musique baroque, de musique chorale, de musique de chambre, d’orgue, de jazz, et du jeune public.

Les abonnements viennent d’ouvrir, il existe une intéressante formule pour les moins de 28 ans (4 concerts pour 28 euros). La vente des concerts à l’unité permet d’accéder aux places de la 5e et dernière catégorie à 10 euros, où la vue est parfaite, soit un exceptionnel rapport qualité/prix, elle commence le mercredi 3 juin à 10 heures pour les concerts de septembre à novembre, le 3 septembre pour les concerts de décembre à février, le 3 décembre pour les concerts de mars à juillet, des dates à noter dans son agenda !

Le Théâtre du Châtelet, toujours aussi abscons

Même en épluchant le dossier de presse, on peine à comprendre la nature des spectacles qui sont présentés au Théâtre du Châtelet… À force de faire du multidisciplinaire fait de bric et de broc (un chorégraphe-prestidigitateur !), du coq à l’âne (la Chanson de Roland chantée par des chœurs arabes), du n’importe quoi (enlacer un arbre, dans les jardins du Palais Royal). Une MJC chic et hors de prix, voici ce qu’est devenu le Théâtre du Châtelet.

Qu’y a-t-il à sauver dans cette saison ? Des choses qui viennent de l’extérieur, ou de la direction précédente comme la comédie musicale 42nd Street, la Passion selon Saint Jean de Bach par les Talens Lyriques et mis en scène par Calixto Bieito, Lessons in Love and Violence, le dernier opéra de George Benjamin, éventuellement Le Rossignol et autres fables de Stravinsky mis en scène par Robert Lepage (un spectacle du festival d’Aix qui date de 2010!). La location est ouverte depuis le 3 mars.

L’Opéra Comique, en décalé

L’Opéra Comique présente sa saison de façon décalée (de janvier à décembre), on pourra donc noter en septembre une nouvelle production de Carmen de Bizet, avec la très talentueuse Gaëlle Arquez dans le rôle titre puis, en novembre, Hippolyte et Aricie de Rameau. Deux spectacles à ne pas manquer. On peut d’ors et déjà réserver ses places.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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