A moins de 80 jours du premier tour de la présidentielle, le gouverneur de la Banque de France, Françoios Villeroy de Galhau, entre en campagne. Il vient d’expliquer que l’abandon de l’Euro, proposition que Marine le Pen voudrait soumettre aux Français par référendum, coûterait 30 milliards d’euros à la France, par an.
Quel est le calcul fait par la Banque de France ?
Pour arriver à ce chiffre qui parait faramineux, comparé aux 70 milliards d’euros de déficit budgétaire annuel, le gouverneur de la Banque de France prétend que c’est ce que cela nous coûterait en plus pour continuer à emprunter, car le retour au franc obligerait la France à emprunter à des taux très élevés..
Seulement voila : les intérêts de la dette française coûtent aujourd’hui 45 milliards d’euros par an à l’Etat. Ces intérêts-là, ne bougeraient pas d’un iota ; ce sont les intérêts de la dette future, émise en francs, qui flamberaient si l’on suit le raisonnement de François Villeroy de Galhau.
Pour que les intérêts de la nouvelle dette coûtent 30 milliards d’euros par an, il faudrait que les taux exigés de la France soient très supérieurs à ce qui a été réclamé à la Grèce au pire moment de la crise. On parle de taux de plus de 10 %. Or, qu’on le veuille ou non, la situation économique et financière de la France n’a strictement rien à voir avec la situation de la Grèce hier, et encore aujourd’hui : quand la Grèce empruntait à plus de 10 % son déficit budgétaire dépassait 13 % ! et sa dette représentait plus de 2 fois son PIB.
Une analyse vivement critiquée
Plusieurs économistes sont montés au créneau pour contester le calcul du gouverneur de la Banque de France, c’est assez inédit, car ils soutiennent qu’il est impossible de préjuger des taux d’intérêt que la France devrait accepter de payer si elle retournait au franc.
Cette incantation, 30 milliards, 30 milliards, ressemble à s’y méprendre aux menaces de catastrophe économique annoncée si le Royaume-Uni votait, là aussi, par référendum, la sortie de l’Union Européenne. Résultat des courses, le Royaume-Uni est en tête des pays membres du G7 en ce qui concerne la croissance, affichant 2 %.