Communication des agriculteurs :la puissance des symboles a produit la réussite

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Par Nicolas Boudot Publié le 4 septembre 2015 à 8h39
France Crise Agriculteurs Prix Viande
@shutter - © Economie Matin
33%Seulement 33% des Frnaçais ne soutiennent pas les agriculteurs dans leurs actions.

Q1. Concernant la manifestation des agriculteurs demain (jeudi 3 septembre) à Paris, diriez-vous que… ?

  • Vous la comprenez
    • Plutôt oui : 84 %
    • Plutôt non : 15 %
    • NSP : 1 %
  • Vous la soutenez
    • Plutôt oui : 65 %
    • Plutôt non : 33 %
    • NSP : 2 %

84% des Français interrogés comprennent la manifestation des agriculteurs (65% la soutiennent)

C’est une leçon de communication d’influence et d’organisation qu’ont réussi à produire les agriculteurs de France. Leur action, commencée au milieu de l’été par des manifestations locales en région, a atteint son apogée avec la manifestation du jeudi 3 septembre 2015 et les annonces du gouvernement visant à répondre aux nombreuses difficultés de la profession agricole.

Le soutien massif aux agriculteurs est compréhensible dans l’opinion publique tant l’attachement aux agriculteurs, qui ont la charge de nourrir les Français, est naturel et tant la France est un pays historiquement agricole. Il n’en demeure pas moins que le niveau d’adhésion atteint par le sondage OpinionWay pour Tilder et LCI trouve aussi son origine dans la qualité des actions de communication menées par les agriculteurs. Les résultats du sondage consacrent la méthode suivie par les agriculteurs :

  • Des revendications claires sur les prix de la viande et du lait notamment dont ils ont assuré la pédagogie pendant l’été.
  • Des manifestations locales ciblées pour appeler l’attention de l’opinion publique et la fidéliser sur son discours.
  • Le recours à une puissance symbolique en faisant converger des milliers d’agriculteurs sur leurs outils de travail : le tracteur.

Le recours à la mise en scène des agriculteurs se levant à l’aube pour prendre leurs tracteurs, puis pendant 48 heures, convergeant de toute la France en direction de Paris, suivie kilomètres après kilomètres par l’ensemble des médias qui ont tous de concert annoncé leur entrée dans Paris au matin du 3 septembre a une portée symbolique extrêmement forte qui renvoie dans notre inconscient aux colonnes de la 2ème DB venant libérer Paris à la fin de l’été 44.

Cette force symbolique explique également la tonalité solennelle du discours du Premier ministre à l’issue de l’entretien à Matignon, qui a souhaité leur rendre hommage en rappelant que : « la France ne lâchera pas ses agriculteurs ».

En creux, cette manifestation réussie renvoie aux dernières actions d’autres professions qui, même en ayant recours à leurs outils de travail n’ont pas rencontré le même soutien dans l’opinion. Les taxis notamment dont la manifestation a très vite sombré dans la violence disqualifiant leur discours revendicatif.

Q2. Le président de la République a exprimé le regret de ne pas avoir maintenu l'augmentation de la TVA, votée sous la présidence de Nicolas Sarkozy, en contrepartie d'une baisse des charges sociales payées par les entreprises. Selon vous, a-t-il eu raison ou tort de ne pas avoir appliqué cette augmentation prévue ?

  • Il a eu raison de ne pas appliquer la "TVA sociale" : 46 %
  • Il a eu tort de ne pas appliquer la "TVA sociale" : 50 %
  • NSP : 4 %

TVA sociale supprimée en 2012 par le président Hollande : 50% des Français interrogés considèrent qu’il a eu tort de ne pas appliquer la TVA Sociale.

Cette fois ci, c’est une leçon de tactique politique qui est orchestrée par le président de la République. Ce mea culpa, rendu public dans le livre de la journaliste du Monde Françoise Fressoz, intitulé « Le stage est fini », doit, en communication, être compris comme le premier pas d’un mouvement tactique du président de la République dans l’optique des élections présidentielles de 2017.

En effet, si de prime abord, ce mea culpa peut apparaitre surprenant tant il validerait les commentaires des politologues, qui considèrent que les premières mesures du début du quinquennat de Hollande, ont d’abord été dictées par une volonté d’effacer les actions de son prédécesseur. Bien vite, on perçoit tout l’intérêt politique du président de la République dans cette prise de position.

En effet, si le gouvernement de François Hollande a certes supprimé la « TVA sociale » dans la loi de finances rectificative de juillet 2012, une hausse de la TVA équivalente a été décidée par le même gouvernement au mois de décembre suivant dans la loi de finances pour 2013.

Ce qu’il convient de retenir de cette phrase, c’est le recentrage politique du président de la République sur l’échiquier politique. Cette phrase le replace au centre de l’échiquier et lui permet de faire table rase du début du quinquennat empoisonné par le taux de 75% en matière de fiscalité, les hausses d’impôts qui ont été prises pour compenser l’annulation de la TVA sociale.

En prononçant cette phrase et en l’assumant il fait un double pari politique :

  • Il fait le pari que la primaire, devant opposer les candidats de l’opposition, se jouera sur un positionnement politique très à droite. En assumant ce mea culpa, il se rapproche des principes du centre et pourrait bénéficier de reports de voix importants venus du modem, de l’udi ou des radicaux.
  • Il fait le second pari que l’électorat de gauche le suivra dans cette voie. Le résultat équilibré du sondage (50% contre 46%) tend à montrer que ce pari peut être réussi.

En tout état de cause, pour être réélu, compte tenu de la côte de popularité qui est la sienne à ce jour, il doit faire des paris politiques.

Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay pour La « Question de l’Éco » du 3 septembre 2015

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Directeur de Tilder

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