Deux trimestres consécutifs de croissance nulle en France, un niveau de chômage record, des perspectives économiques peut encourageantes et un remaniement ministériel sur fond de crise au sein de la majorité : la rentrée ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. Seule éclaircie dans ce tableau bien sombre, le discours du Premier ministre à l'Université d'été du MEDEF, assumant clairement l'entreprise, la mondialisation et l'économie de marché. L'espoir de voir enfin l'entreprise redevenir le fer de lance d'une stratégie de reconquête économique, à la condition toutefois d'accélérer les réformes car il y a urgence !
Pierre Gattaz, le Président du MEDEF, l'a fort bien analysé en juillet dernier, la situation économique de la France est catastrophique. Plus d'investissement, plus d'embauche et un climat de méfiance chez les chefs d'entreprise rarement atteint. Résultat : la France est à l'arrêt. Il est vrai que le niveau de marge de la plupart des entreprises est si faible qu'il interdit tout développement. Pis encore, les cessations d'activités atteignent des niveaux extrêmement élevés avec 72 000 dépôts de bilan en 2013. Si les réformes engagées ces derniers mois, à commencer par le Pacte de responsabilité, vont dans le bon sens, elles ne seront pas suffisantes pour combler le fossé qui nous sépare de nos principaux concurrents (116 milliards de charges supplémentaires vis-à-vis de l'Allemagne) et leur mise en œuvre est trop lente.
Accélérer le rythme des réformes
Pour briser le triple plafond de verre culturel, réglementaire et fiscal qui freine la croissance et la compétitivité, il faut mettre sur la table des prochaines négociations entre partenaires sociaux, l'ensemble des verrous au développement des entreprises et à la création d'emplois, et travailler ensemble, sans esprit partisan, au redressement du pays. Seuils sociaux, fiscalité, durée du travail, travail dominical, code du travail, marché de l'emploi, formation, financement de la protection sociale... aucun sujet ne doit être tabou. Il en va de la survie de nos entreprises, de nos emplois et de la place de la France dans le monde. Car ce sont nos performances économiques qui décideront de notre influence sur la scène internationale. Le changement de discours opéré par le gouvernement augure d'une nouvelle ère qui replace l'entreprise au centre du jeu, comme acteur essentiel de la création de richesses et du redressement du pays. Une opportunité de dialogue constructif qui peut être de nature à restaurer la confiance, indispensable au retour de la croissance. Une nouvelle approche pragmatique et cohérente qui doit favoriser des accords profitables à tous.
Des propositions concrètes
Depuis un an, le monde de l'entreprise a engagé un vaste dialogue pour faire éclore un projet susceptible de stopper la dégradation et faire redémarrer l'économie et l'emploi. Une démarche collaborative pour des propositions concrètes et pragmatiques qui entendent répondre aux principaux défis auxquels notre pays est confronté, permettre l'adaptation de notre économie aux évolutions sociétales et de consommation et redonner de la marge de manoeuvre pour investir et embaucher. Une révolution culturelle axée autour de 7 boosters de croissance.
1. La mondialisation (7,5 milliards d'individus à équiper en 2020), en pariant sur la « French Touch » et la montée en gamme de nos produits.
2. La construction européenne, en tirant davantage partie de ce marché de 506 millions de consommateurs et en mettant en place une stratégie de compétitivité industrielle et énergétique européenne.
3. La révolution numérique, en mettant les nouvelles technologies au service de notre compétitivité.
4. La Transition énergétique et le développement durable comme levier de croissance de compétitivité et d'emploi en s'appuyant sur le savoir-faire de nos entreprises en la matière.
5. Les filières et marchés du futur en faisant des bouleversements sociétaux des atouts pour nos entreprises.
6. L'audace créatrice et l'agilité en valorisant l'esprit d'entreprendre et en favorisant une économie plus flexible.
7. L'épanouissement des femmes et des hommes, car le bien-être des salariés est un puissant levier de performance économique.
C'est parce que la France n'a pas su faire les réformes structurelles nécessaires que ses voisins ont su mener à bien à un moment où la croissance mondiale était plus élevée et les déficits moins importants, qu'elle se retrouve aujourd'hui dans cette situation critique. S'il n'est pas encore trop tard, nous sommes cependant à la croisée des chemins. Il n'est plus temps pour les atermoiements. Nous devons tous ensemble engager dès maintenant le vaste mouvement de redressement du pays et osez les réformes indispensables à l'émergence d'un terreau favorable à la réussite et au développement de l'entreprise, donc de la France et des français.