Elles débusquent les futures pépites de la Bourse

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Par Michel Delapierre Modifié le 15 novembre 2017 à 22h22
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@pixabay - © Economie Matin

Serions-nous entrés dans un nouveau paradigme favorable à l’investissement en Bourse ?

L’Europe est sortie de la crise et les autorités européennes semblent avoir pris conscience de l’importance de la réorientation de l’épargne en faveur des entreprises et des investissements de long terme.

La croissance globale est robuste, les entreprises publient de bons résultats et même si la menace géopolitique persiste - crise catalane, tensions au Moyen-Orient et en Corée – rien ne laisse présager un retournement de tendance à court ou moyen terme.

Dans un tel contexte, certains acteurs financiers vivent une période historiquement florissante : les sociétés indépendantes de gestion d’actifs.

Méconnues du grand public car elles ne font pas partie des grands réseaux bancaires, elles sont spécialistes de l’investissement en actions. Leur métier est de dénicher les futures pépites de la bourse et de proposer ainsi à leurs clients des performances bien supérieures aux indices boursiers ou aux produits financiers classiques.

La plupart des sociétés indépendantes de gestion d’actifs se caractérisent aussi par leur vision entrepreneuriale. Les salariés sont souvent associés au capital et une partie de leur épargne est investie dans les fonds de la société. Les intérêts des clients et des gérants sont donc largement alignés.

Autrefois réservées aux épargnants les plus fortunés, elles s’ouvrent désormais aux patrimoines plus modestes. Si le ticket d’entrée reste en général élevé, autour de 100 000 euros minimum, ces sociétés indépendantes de gestion d’actifs sont amenées à jouer un rôle de plus en plus important dans la réorientation de l’épargne vers le marché boursier.

Investir en entreprise sur le long terme

Mais ce n’est pas forcément dans les valeurs du CAC40 qu’elles investissent. Même si elles prennent soin de diversifier leurs actifs, elles sont souvent spécialisées dans le stock picking, la sélection des valeurs les plus prometteuses de la cote, en particulier les valeurs moyennes ou petites.

En effet, sur la durée, à échéance de 5, 10, 15 ou 20 ans, les indices des PME surclassent les indices des grandes valeurs. Dans un cycle haussier, ce sont également les petites valeurs qui font les plus belles performances.

Les gérants de fonds des sociétés indépendantes de gestion cherchent donc en premier lieu la stabilité. On est ici à l’opposé de la spéculation de court terme. Leur horizon d’investissement se situe entre 3 et 5 ans.

Chez Amiral Gestion, une société de gestion indépendant réputée, Benjamin Biard, directeur du développement explique qu’ « au-delà d’une analyse financière quantitative conservatrice, nous établissons une grille de lecture très fine de la société dans laquelle nous souhaitons investir. Nous rencontrons le management, les concurrents, parfois même certains fournisseurs, nous allons vraiment dans le détail afin d’apprécier la valeur intrinsèque de l’entreprise et de limiter le risque au maximum ».

Pour Jean-François Bay, directeur de la stratégie, du développement et de l’international à La Financière de l’Echiquier (LFDE), l’une des sociétés de gestion d’actifs françaises les plus emblématiques, « une fois effectué ce travail d'analyse, si nous décidons d’investir, c’est a priori pour plusieurs années. Nous sommes alors convaincus de son potentiel à long terme et accompagnons son développement. »

Le risque, lorsqu’on investit sur des petites structures, est toutefois de se retrouver dans l’impossibilité de vendre des valeurs qui ne performent plus en raison de faibles volumes d’échanges.

De manière générale, le risque de liquidité, pouvoir donner satisfaction à des clients qui souhaitent récupérer leur mise, est un des sujets les plus sensibles pour ces sociétés, certaines en ayant fait les frais dans le passé, notamment lors de la crise de 2008.

Ce risque peut se gérer grâce à des mécanismes de couverture sur des actifs qui jouent un rôle de protection à la vente. Il se gère également grâce à une politique de diversification. Les sociétés de gestion proposent ainsi des produits financiers diversifiés, actions européennes et internationales, obligations, gestion alternative à base de sélections de fonds.

A La Financière de l’Echiquier, « l’exigence de liquidité est un souci permanent, nous sommes toujours en position de pouvoir faire face à la demande de sortie des investisseurs ». « Nos fonds doivent être liquides quotidiennement » précise Jean François Bay.

Au-delà des PME

Bénéficiant de l’aura de son fondateur Didier Le Menestrel, militant infatigable du marché actions depuis plus de 25 ans, La Financière de l’Echiquier est internationalement reconnue comme l’un des meilleurs experts sur les valeurs françaises et européennes. Elle s’est également fait connaître pour sa gestion de conviction, une gestion active - sans être activiste - des dossiers dans lesquels elle investit.

Mais l’horizon d’investissement ne se limite pas forcément qu’aux PME. Que ce soit à La Financière ou ailleurs, le secteur offre également un espace de jeu aux esprits créatifs.

Ainsi, Stéphane Toullieux, ancien bras droit de Didier Le Ménestrel, a repris la majorité des parts d’Athymis Gestion en 2015 et transforme petit à petit sa boutique en véritable laboratoire d’innovation financière.

Si le chiffre d’affaires de la société dépend encore beaucoup des performances de ses fonds classiques, la jeune pousse mise sur des fonds thématiques : Athymis Millenials, Athymis Millenials Europe et Athymis Better Life.

Les deux premiers fonds ciblent les sociétés qui ont fait de la génération Y, née entre 1980 et 2000, une priorité stratégique. « Nous avons étudié que les entreprises qui tirent partie de cette tendance des Millenials sont plutôt gagnantes et performantes en bourse. Lorsque vous êtes une entreprise, si vous ne vous adaptez pas à cette génération là, vous êtes sur une population vieillissante, vous ratez toute une génération au pouvoir d’achat grandissant et qui est en train de prendre le pouvoir » explique Stéphane Toullieux.

De fait, la taille et le secteur des sociétés dans lesquelles Athymis investit importent peu. « Il n’y a pas que des valeurs technologiques. Vous avez les GAFA bien entendu (Google, Apple, Facebook, Amazon) mais aussi des sociétés plus classiques comme L’Oréal, LVMH, Accor, Danone, Valeo, Wallmart, Visa. Toutes ces sociétés ont su développer des produits, des filiales, des marques, des usages qui correspondent aux attentes des Millenials. Ce sont des entreprises qui sont en train de faire complètement basculer nos modèles de société. Le problème est que ces actions coutent cher. Mais je suis prêt à payer cher une boîte fantastique car elle continuera de monter et sera encore plus chère demain.»

Avec son fonds Athymis Better Life, Stéphane Toullieux fait également le pari de l’investissement socialement responsable. « L’idée est simple : choisir les entreprises qui contribuent à un monde meilleur. Nous avons donc trois critères : est-ce que l’entreprise est performante, car si elle ne l’est pas, notre fond ne sera pas performant et les clients ne s’y intéresseront pas ; deuxième dimension : l’humain, est-ce que c’est une entreprise qui fait du bien aux gens à la fois à l’extérieur et à l’intérieur ; 3ème dimension, est-ce que c’est une entreprise qui fait du bien à la planète ? Pour moi, pour mes enfants, c’est important. J’ai toujours pensé qu’on a une responsabilité quand on a du capital ».

Créer un cercle vertueux entre l’épargne et le financement de l’économie

C’est en communiquant toujours plus sur leur métier, leurs résultats, leur philosophie d’investissement que les sociétés indépendantes de gestion d’actifs tentent de faire évoluer les mentalités vis à vis de la Bourse.

Le challenge est de taille puisqu’il s’agit de changer le regard des épargnants sur la notion de risque et de les inciter à investir plus en actions.

Or, sur les questions financières, les français privilégient avant tout la sécurité au détriment de la rentabilité. Ils continuent ainsi de placer la majorité de leur épargne soit sur des produits garantis en euros mais qui ne rapportent plus rien, soit sur de l’immobilier alors même que ce marché est saturé et excessivement cher.

Dans son Guide du Routard de l’investissement en Bourse, Didier Le Menestrel explique être convaincu que l’investissement en actions sur le long terme est pourtant le placement le plus rentable pour valoriser son épargne et protéger sa retraite.

Il en appelle au réveil des français afin de créer un cercle vertueux entre l’épargne et le financement de l’économie. Plus la Bourse sera puissante, plus les entreprises pourront se développer, investir et embaucher.

Cela suffira-t-il à convaincre les épargnants ? Possible mais à une condition : que les français voient rapidement les effets de ce cercle vertueux sur la dynamique économique et sociale du pays.

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