Le rapport rendu le jeudi 15 février 2018 par Jean-Cyril Spinetta prévoit de lourds changements de la SNCF. Ouverture à la concurrence, fin du statut de cheminot, abandon de certaines lignes, tant de réformes contre lesquelles la CGT-Cheminots et d'autres syndicats vont protester lors d'une mobilisation générale le 22 mars. Mais cette fois-ci, les employés de la société ferroviaire ne semblent pas en position de force.
Un bras de fer entre l'Etat et les cheminots
La lutte s'annonce rude entre les syndicats et le gouvernement. Depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron ne recule pas face aux manifestants et met en application les réformes qu'il avait annoncées. Les cheminots sont en train d'en faire l'expérience, mais ils ne vont pas abandonner la bataille. Les premières discussions ont ce lieu lundi 19 février, mais la CGT a déjà annoncé qu'elle manifestera le 22 mars. Les deux autres syndicats majeurs de la SNCF n'ont pas encore confirmé leur participation mais ils s'opposent eux aussi aux mesures du gouvernement.
Cependant, la CGT est désavantagée dans ce combat. Contrairement à 1995, où les cheminots avaient bloqué la circulation ferroviaire pendant 3 semaines, les manifestations de 2018 ne pourront pas prendre une telle ampleur. Les restrictions du droit de grèves et certaines obligations, comme l'instauration d'un service minimum dans les transports limitent en effet les mobilisations. La SNCF refuse de plus de payer les jours de grève, ce qui contraint les grévistes à retourner au travail plus rapidement.
Les cheminots ne sont plus défendus par l'opinion publique
La mauvaise image qu'a acquise la SNCF ces dernières années, due aux grèves et aux retards à répétitions ne permet pas aux cheminots d'être soutenu par l'opinion publique. Dans une interview donnée au JDD, un représentant de SUD atteste que "tous les feux sont au vert pour que le public soit derrière le gouvernement". La date choisie pour la manifestation générale n'est donc pas anodine puisqu'elle coïncide avec celle des fonctionnaires. En se joignant à eux pour gonfler les mouvements contestataires, les cheminots espèrent également se trouver des soutiens parmi l'opposition.
De son côté, le gouvernement essaie aussi de soigner sa copie en apportant des nuances au rapport pour ne pas être jugé trop ferme par l'opinion. En atteste le report probable de la fermeture des petites lignes ferroviaires, qui touche directement les usagers.