Jadis l’apanage des « voyous du web » (maîtres-chanteurs, créateurs de fake news et de vidéos pornographiques), les « deepfakes » sont sur le point d’entrer dans notre quotidien en devenant un simple amusement accessible sur n’importe quel smartphone.
Les « deepfakes » testés au sein de TikTok
Depuis l’avènement des réseaux neuronaux qui ont rendu possible la création de « deepfakes », le phénomène n’a pas cessé de faire peur. Pouvoir remplacer sur une vidéo le visage d’une personne par le visage d’une autre, avec un réalisme étonnant en plus, a fait flipper plus d’un. Aujourd’hui, c’est au tour des grandes applications, et pas des moindres, de s’intéresser à cette technologie : Snapchat l’a récemment intégrée, tandis que TikTok l’a testée sans jamais la rendre publique. Dans le monde de la tech, l’information a toutefois fait l’effet d’une bombe.
C’est grâce à la start-up israélienne Watchful.ia que la nouvelle a fait surface : ses spécialistes ont découvert au sein de l’application TikTok un code destiné à « scanner » le visage de l’utilisateur sous toutes les coutures, avant de le « transférer » sur l’une des vidéos proposées au sein de la collection. Dans le code, cette fonctionnalité s’appelle Face Swap. Contacté par TechCrunch, un porte-parole de la société ByteDance (éditrice de l’application TikTok) a toutefois déclaré que la société n’avait pas le projet d’intégrer cette fonctionnalité dans la version publique de l’application. Il est néanmoins possible que celle-ci fasse son arrivée sur Douyin, l’application développée par ByteDance pour le marché chinois qui reprend largement le fonctionnement de TikTok.
« Deepfakes » : la technologie n’attend qu’à être monétisée
Snap, la société éditrice de Snapchat, vient quant à elle d’acquérir la start-up ukrainienne AI Factory, qui avait développé pour Snapchat sa nouvelle fonctionnalité Cameos, lancée le 18 décembre 2019. Tout comme la fonctionnalité développée à titre expérimental par ByteDance, celle-ci permet de prendre son selfie, puis le coller sur l’une des courtes vidéos de la collection. Dans les deux cas, les développeurs ont prévu des garde-fous : on peut faire la manipulation seulement avec son propre selfie, et on ne peut pas uploader de vidéos de son choix mais seulement choisir parmi ceux proposés au sein de la collection. ByteDance a par ailleurs rendu obligatoire l’apposition d’un logo indiquant qu’il ne s’agit pas d’une vidéo réelle et a rendu cette fonctionnalité inutilisable par les mineurs.
La fascination actuelle pour cette technologie ouvre bien entendu des possibilités de monétisation, que Snap aurait tout intérêt à saisir. En réalité augmentée, la start-up propose déjà des superpositions mettant en avant des marques, chaque utilisation de ces objets virtuels lui apportant des revenus publicitaires.