Industrie du smartphone : entre désastre écologique et business juteux

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Par Laure Cohen et Yoann Valensi Publié le 26 décembre 2019 à 5h24
Smartphone Virus
@shutter - © Economie Matin
10%10% des smartphones achetés en France en 2018 étaient reconditionnés.

C’est officiel : l’impact écologique de nos appareils numériques du quotidien est 5 fois plus nocif que celui généré par le parc automobile français ! Amenée à tripler d’ici 5 ans, cette tendance inquiétante assoit en parallèle l’eldorado du marché de l’occasion et démocratise un mode de consommation aussi économique qu’écologique. Un moyen vertueux de limiter la casse d’un cataclysme environnemental annoncé ?

La polluante industrie du smartphone neuf

En 2018, 1,55 milliard de smartphones ont été vendus à travers le monde. Entre constante innovation et marketing de masse pour créer le besoin, des milliards de nouveaux smartphones toujours plus performants sont proposés par les fabricants chaque année… Mais à quel prix ? Derrière un attrait évident pour une haute technologie aseptisée se cachent de lourdes pollutions et des conséquences sociales dramatiques. 85 à 95 % des émissions en CO2 d’un smartphone proviennent de sa fabrication. Concrètement, acheter un smartphone neuf génère autant de CO2 que de s’en servir pendant une décennie. De plus, alors que 70 kg de matières premières sont nécessaires pour produire, utiliser et détruire un seul smartphone, il y aurait 34 milliards d’appareils numériques dans le monde, soit environ 8 par usager. Une consommation vertigineuse, clairement néfaste pour notre planète.

Vers une conscience plus Green du consommateur ?

2018 fut une année noire pour l’industrie du smartphone neuf qui aura enregistré un recul de 6,5 % sur les ventes annuelles. Un symptôme de l’éveil des consciences ? Oui, mais en demi-teinte. Certes, les « petits » gestes écoresponsables sont devenus tendance : passer en mode digital detox, vider sa boîte mail et son espace de stockage, télécharger des applications Green pour optimiser sa consommation, investir dans un téléphone « écolo » dont les composants sont moins polluants,… On sait aussi désormais que la solution la plus efficace pour réduire l’impact des appareils numériques sur l'environnement, c’est d’allonger leur durée de vie, en les utilisant jusqu’à ce qu’ils ne fonctionnent plus. Et pour autant, les consommateurs renouvellent leur smartphone tous les deux ans, ce qui est beaucoup trop fréquent. Plus encore, l’ADEME révélait en juin dernier que 88% des Français achètent un nouveau téléphone alors que leur ancien appareil fonctionne encore.

Le marché du reconditionné a le vent en poupe

Dans ce paradoxe entre consommation responsable et désir de posséder un appareil dernier cri, c’est le smartphone reconditionné qui tire son épingle du jeu. Avec des téléphones remis en état, 100% fonctionnels et 30 à 50% moins chers que des appareils neufs, il faut reconnaitre que la promesse est alléchante. Et la recette, elle aussi, est gagnante. L’an dernier, 2,1 millions de smartphone reconditionnés ont été vendus en France, ce qui représente environ 10% du secteur. En structuration, ce marché est aussi juteux qu’atomisé et opaque, marqué par la volatilité des prix et par un manque de clarté en matière d’approvisionnement et de contrôle des appareils vendus. Si 6 Français sur 10 seraient prêts à acheter un téléphone de seconde main cette année, l’enjeu pour les acteurs du reconditionné résidera principalement dans leur capacité à offrir un achat serein et transparent, en optant notamment pour un allongement des garanties des produits et un SAV de proximité.

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