« Jusqu’ici tout va bien … »

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Par Charles Sannat Modifié le 1 juillet 2013 à 14h24

Mes chères contrariées, mes chers contrariens !
Parlons un tout petit d'or... Juste un petit rappel pour bien commencer votre semaine. Souvenez-vous, c'était dans l'édito du 16 avril 2013 du Contrarien Matin. J'écrivais la chose suivante :

Pour le moment, ce n'est qu'une correction violente dans un violent mouvement haussier

"Encore une fois les plus anciens se souviendront, en ce qui me concerne j'étais trop jeune, mais après tout c'est à cela que servent les livres (un truc en papier que l'on utilisait dans l'ancien temps avant l'apparition du Web 2.0 et de tous les appareils commençant par i-quelque chose).

Nous vivons donc en direct une situation qui ressemble à s'y méprendre à celle du milieu des années 70.
L'or va passer de 35 $ en 1971 à 195 $ en 1974. Son cours va alors se stabiliser peu ou prou légèrement en dessous de ses plus hauts avant de connaître une chute vertigineuse dès septembre 1975... pour redescendre jusqu'à 104 $ fin août 1976. Sur cette période, l'once d'or va perdre presque 45 % de sa valeur.

Fin de l'histoire, explosion de la bulle de l'or ? Non pas du tout, c'est au contraire le commencement de tout puisqu'en janvier 1980 l'once d'or atteindra le record historique de 850 $ l'once, la valeur de celle-ci étant multipliée par 8 par rapport à ses plus bas de 1976.

Cette fois-ci en 2013, les choses ne seront sans doute pas très différentes de ce qu'elles ont été en 1976."

Il est évident que je ne retire pas un seul mot de ce que j'écrivais il y a deux mois. Au contraire. Nous continuons ce mouvement de correction. En nous basant sur les éléments du passé « récent » sur l'or, nous pouvons estimer que ce mouvement sera de 50 % de baisse au maximum par rapport aux plus hauts atteints sur les cours du métal jaune. Cela nous donne un objectif de cours dans les 980 dollars l'once.

À titre personnel, je pense que le support de 1 000 dollars tiendra fermement. Il n'est d'ailleurs pas dit que nous l'atteignons. Disons que mon intime conviction est la suivante. Je pense (mais je n'ai pas de preuve à part l'analyse graphique) que nous ne descendrons pas sous les 1 100 dollars l'once d'or, et que si c'était le cas, c'est la barrière des 1 000 dollars l'once qui serait infranchissable à la baisse.

Conclusion ?

On ne sait pas jusqu'où tout cela descendra et vous allez pouvoir vous rendre compte dans le reste de ce que je vais partager avec vous qu'il y a d'innombrables risques pesant sur nos économies, des risques qui peuvent se matérialiser à une vitesse considérable dans ce monde de déni.
Logiquement, je conseille – uniquement car c'est ce que je m'applique à moi-même – à tous ceux qui veulent se positionner ou se renforcer sur l'or de commencer dès maintenant à le faire. Vendredi, l'or a monté de 1,22 % en une séance. Il y avait peu de chance que ce soit le cas, et cela n'aurait pas dû se produire. Mais c'est arrivé.
Achetez donc régulièrement, la même quantité, tous les mois ou toutes les semaines. Vous lisserez votre cours d'achat. Ensuite, oubliez vos pièces dans un coin et laissez la poussière retomber. Cela prendra du temps mais la gravité fera son office. La poussière redescendra. Ce jour-là, nous compterons les « morts » et les « vivants » je l'espère qu'en terme patrimonial.

Des risques qui peuvent se matérialiser à n'importe quel instant

C'est l'histoire d'un type qui tombe du haut d'une tour. (Ne m'en veuillez pas, je raconte mal les histoires drôles. D'un autre côté, je ne suis pas censé être drôle mais économiste. Sauf que depuis 5 ans, humour et économie ont fusionné dans une nouvelle multinationale... du rire et des larmes.) Donc le type en question tombe du haut de sa tour on dira d'une centaine d'étages. Arrivé au 51e, il croise un type penché à la fenêtre qui lui dit : « Ça va ? » Et le type qui tombe de répondre... : « Oui, jusqu'ici tout va bien. » Il a raison ce pauvre gars qui tombe. Ce qui fait mal, ce n'est pas la chute. C'est le contact à haute vitesse avec le sol.

Pour ceux qui n'auraient pas compris la métaphore, disons simplement que celui qui tombe c'est l'économie mondiale en général et française en particulier. Mais jusqu'ici tout va bien. D'ailleurs, c'est ce que vous explique notre Président Hollandouille 1er.

Italie, jusqu'ici tout va bien

L'Italie va-t-elle subir des pertes colossales sur des produits dérivés qu'elle a souscrits pour satisfaire les critères de l'entrée dans la zone euro ?
C'est le titre d'un article de l'Express.be qui revient sur un lièvre qui a en réalité été levé par Fabrizio Bensch, très vilain journaliste de l'Agence de Presse Reuters qui ne devrait pas tarder à rejoindre les geôles de nos grandes démocraties en s'étant préalablement vu retirer sa carte de presse, étant indigne de poursuivre cette profession, et qui sera vraisemblablement retrouvé mort de plusieurs balles dans la tête, le corps coulé dans un bloc de béton immergé au large des côtes italiennes, ce qui permettra à la police de conclure sans l'ombre d'un doute... à un suicide, la victime n'ayant pas supporté son dérapage épistolaire ayant entraîné sa déchéance professionnelle.

Moi j'adore quand les journalistes, pour dire quelque chose, posent une question. Je n'affirme rien hein les gars. Je pose simplement une question. Et si l'Italie avait, elle aussi, comme la Grèce, maquillé ses comptes pour rendre la mariée plus belle au moment de son entrée dans la zone euro?

Oui, quand on pose la question en novlangue politiquement correcte, c'est que l'on sait que son information est vraie, véritablement véritable, mais que c'est tellement choquant qu'il faut essayer de « déchoquer » un peu le lecteur, surtout lorsque l'on vise directement des mamamouchis vachement haut placés, c'est-à-dire super puissants par rapport à vous, justes bon à finir dans un bloc de béton.

Bon, vous lirez l'article si vous avez envie, en clair l'Italie a caché sous le tapis plein de dettes masquées, grâce à tout plein de produits dérivés complètement moisis et qui vont nous péter à la gueule normalement assez prochainement (moins de 6 mois). Il faut dire que le mamamouchi à l'époque qui s'était occupé de réaliser un miracle dans les finances italiennes pour leur permettre d'atteindre les fameux 3 % du PIB et rentrer dans l'euro n'est autre que le patron à l'époque de la Trésorerie Italienne... un certain Mario D. ; je ne peux pas vous dévoiler son nom, il trop puissant actuellement, il est en effet gouverneur de la BCE en exercice. Mais je ne peux pas le dénoncer et dire que Mario Draghi est un pourri, et qu'en plus il avait fait la même chose pour la Grèce en tant que vice-président de Goldma(n)gique truquetescomptes.fr avec des produitsdérivés.com. Non, on ne peut pas dire des choses comme ça. C'est beaucoup trop affirmatif. Donc on fait comme moi. On se cache derrière l'humour et la dérision, et on pose des questions.

Sa seigneurie Mario Draghi (béni soit son nom sur 1 000 générations) est-il pourri jusqu'à la moelle et un empaffé de première ??

Bien sûr la question est juste posée. Il est interdit d'apporter une réponse. Vous en serez juge dans votre intime conviction.

Chypre, jusqu'ici tout va bien

La BCE n'accepte plus de la dette chypriote en garantie. C'est le titre de cette dépêche de l'AFP qui nous apprend que sa seigneurie Mario Draghi, (béni soit son nom sur 1 000 générations) et qui, le pauvre, fait face à des esprits chagrins lui prêtant de très mauvaises actions alors que Mario est un saint-homme (surtout qu'il est très très puissant et que je n'ai pas les moyens de me payer un avocat), a annoncé que la BCE « n'acceptait plus temporairement de la dette chypriote en garantie des prêts qu'elle accorde aux banques de la zone euro après l'annonce par l'île d'un programme d'échange de dette d'un milliard d'euros ».

Il faut dire que Mario a été obligé de prendre une telle décision à cause d'une méchante agence de notation qui a décidé de dire que Chypre était en faillite. « Cette décision prend en compte les changements de la note de la dette chypriote intervenus après les transactions annoncées par le ministère des Finances de la République de Chypre le 27 juin 2013 en effet l'agence de notation financière Standard & Poor's avait annoncé vendredi qu'elle abaissait la note de la dette souveraine de Chypre, la portant à défaut sélectif, après la décision chypriote ».

Pour Fitch, « les titres concernés par l'échange en « défaut limité », estimant que le report de leur échéance allait représenter des pertes pour les titulaires de ces obligations, pour la plupart des banques locales. »

Il faut comprendre par là que tous les détenteurs de dette de Chypre viennent de se faire « temporairement », selon la terminologie de la BCE actuellement en vigueur, encore un peu plus chyprer ! Ils ont donc perdu leur pognon, leur fric, leur blé, leur flouze... Fini, y'a plus rien.

France, jusqu'ici tout va bien

Les fonctionnaires ne seront pas une « variable d'ajustement » selon Hollandouille 1er. L'âge de la retraite légal sera ramené à 60 ans par Hollandouille 1er. Hollandouille 1er va également inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année. Hollandouille 1er ne touchera pas non plus aux régimes spéciaux et enfin Hollandouille 1er n'augmentera pas les zimpôts...

Le problème c'est que d'après cet article de BFMTV, qui disons-le quand même n'est à proprement parler une chaîne Pro-Hollandouille 1er, il semble que notre délégué de classe François se soit pris une bonne soufflante à Bruxelles par les vrais patrons de la France. Résultat ? Il va falloir trouver encore quelques dizaines de milliards supplémentaires en économie. Deux solutions. On tond encore plus ras les mêmes moutons (les classes moyennes) mais elles commencent à avoir le pelage troué, et désormais quand on leur augmente la dose d'impôts il y a moins de sous qui rentrent (le fameux concept des rendements décroissants). La deuxième solution c'est de réduire les dépenses, comme celles consacrées aux régimes spéciaux par exemple. En tout cas, c'est ce que l'Europe nous a demandé.

Mais jusqu'ici tout va bien mes amis. Alors, je ne sais pas précisément à quel étage nous nous situons. Sommes-nous au cinquante et unième ou plus bas, ce qui est certain, c'est que nous nous rapprochons chaque jour et à chaque seconde un peu plus du point d'impact.

Nous ne le verrons pas venir dans le sens où le choc sera brutal, et qu'il n'y aura pas de signes avant-coureurs supplémentaires par rapport à tout ce que nous savons aujourd'hui. Nous savons tout. Nous avons compris. Nous ne savons juste pas quand tout cela se produira. Alors préparez-vous, et pour les détenteurs d'or, vous l'aurez compris, tenez vos positions avec la plus grande des sérénités. Nous sommes politiquement en 1984, pour les cours de l'or en 1976, et économiquement en pleine chute et nous venons de passer le 51e étage.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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