Le shadow banking est de retour et la banque centrale européenne n’aime pas ça. Un rapport vient d’être publié sur le sujet et ne loupe aucun des thèmes qui ont fait la grandeur de la crise en 2008.
Le shadow banking est de retour
Contrairement à ce qu’on a pu croire, le shadow banking n’est pas du tout en perte de vitesse depuis 2008, année où il mit le monde au bord du gouffre, mais en expansion constante. Ce petit tableau le montre:
Pour bien comprendre ce schéma, précisons que le FSB n’est autre que le Financial Stability Board, qui évalue ici les actifs détenus par les OFI, les « autres intermédiaires financiers ». Comme le souligne le tableau, ces actifs valaient 67.000 milliards de $ en 2007. Ce chiffre est passé à 80.000 milliards de $ en 2014. Dans cette masse, la part relative des Etats-Unis et de la zone euro a globalement diminué de 7 points, au bénéfice notamment de la Grande-Bretagne et de la Chine.
En l’espace de 7 ans, le volume global des actifs détenus par le shadow banking a donc augmenté de 20%.
40% des actifs de la zone euro détenus par le shadow banking
Au sein de la zone euro, il est intéressant de suivre l’évolution du volume des actifs depuis une vingtaine d’années. Le graphique ci-dessous en rend efficacement compte:
En 1999, les actifs de la zone euro n’atteignaient pas les 30.000 milliards €. En 2016, ces actifs flirtent avec les 70.000 milliards, soit plus qu’un doublement en moins de 20 ans. Sur ce volume global, le shadow banking représente 39%, soit un peu de moins de 30.000 milliards € aujourd’hui. Pour mémoire, le PIB français représente 2.000 milliards €, et le PIB de la zone euro représente moins de 11.000 milliards €. Autrement dit, le shadow banking de la zone euro représente aujourd’hui trois fois la richesse annuelle qui y est produite.
Les risques du shadow banking
Comme le souligne la BCE, cette situation constitue une prise de risque.
Among the main vulnerabilities within the sector, the growing liquidity mismatch within the investment fund sector is a key concern. Open-end funds add to the illusion of stable liquidity conditions by promising daily callable claims to purchase assets which may not be very liquid in a period of market repricing. While most euro area funds offer daily redemption to investors, their cash buffers and shares of liquid and short-term assets have been falling. This increases the sector’s vulnerability to large-scale redemptions and raises the risk of an adverse liquidity spiral.
Traduction: en cas de remontée des taux, les épargnants voudront vendre leurs actifs en masse pour les placer en liquidités mieux rémunérées. Ce retournement du marché sera catastrophique, parce que les fonds d’investissement ne disposent pas de la liquidité nécessaire pour rembourser les investisseurs.
À bon entendeur, salut!
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog