Sénégal : L’ouverture d’un nouveau préfixe pour Orange se justifie t’elle ?

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Par Economie Matin Afrique Modifié le 17 octobre 2012 à 16h21
C'est à travers un communiqué plutôt laconique que l'Agence de régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) vient d'annoncer l'ouverture du préfixe « 78 » pour l'opérateur mobile Orange en plus du « 77 » plus communément connu. La raison évoquée pour justifier l'attribution de ce nouveau préfixe est la saturation des numéros commençant par « 77 » qui seraient presque épuisés.
Ce genre d'opération répond effectivement à un souci de satisfaire les besoins des opérateurs mobiles en ressources de numérotation, il ne doit par contre se faire que lorsque les ressources précédemment attribuées ont été utilisées de manière efficiente et iraient vers un tarissement proche. Cette activité correspond pleinement à un des rôles de l'ARTP, la gestion des ressources rares, notamment ceux de numérotation.
Pour mieux comprendre de quoi il s'agit, nous allons vous présenter le format d'un numéro téléphonique. Les 9 chiffres sont matérialisés par des lettres alphabétiques de la manière suivante : ZA BPQ MCDU.
abpq
Après avoir attribué des préfixes (« ZA ») à chaque opérateur mobile, l'ARTP leur attribue des « BPQ » au fur et à mesure de l'évolution de leurs besoins mais aussi en fonction du taux d'utilisation des BPQ précédemment attribués. Et c'est normalement à l'épuisement de l'ensemble des « BPQ » d'un « ZA » donné que le régulateur peut attribuer un nouveau préfixe « ZA ».
Pour le cas présent, nous pouvons très légitimement nous poser des questions sur l'opportunité de l'attribution de ce nouveau préfixe après avoir évaluer le potentiel de numéros possibles pour chaque préfixe. Partant du postulat que l'ARTP a attribué l'ensemble des « BPQ » pour le préfixe 77, Orange détiendrait avec ce préfixe « 77 » pas moins de dix millions de numéros utilisables. Les dernières statistiques de l'ARTP sur le secteur des télécommunications nous informent qu'Orange avait au 30 juin 2012 un nombre d'un peu moins de sept millions de clients actifs, ce qui voudrait dire que sur les 10 millions de numéros en sa possession, Orange n'en utilise que 7 millions, ce qui lui fait une réserve de 3 millions de numéros théoriquement utilisables. Mais de manière pratique, il est fort possible qu'une partie de ces 3 millions de numéros soient attribués à des cartes SIM inactives, d'où la nécessité pour un régulateur de demander le recyclage de ces numéros non utilisés avant toute attribution d'un nouveau préfixe et méme d'un nouveau « BPQ ». De plus, le taux de croissance du parc mobile d'Orange étant très faible, il faudra attendre plusieurs années avant que cet opérateur s'approche du potentiel réel du préfixe « 77 », c'est-à-dire 10 millions de clients.
L'ARTP s'est elle réellement assurée de l'utilisation efficiente des ressources de numérotation déjà attribuées à Orange avant de lui attribuer ce nouveau préfixe « 78 » ? Nous pouvons très sérieusement en douter. De plus, ce nouveau préfixe peut être un avantage concurrentiel pour Orange car pouvant attirer des clients potentiels voulant avoir un numéro commençant par « 78 » et donc un numéro très particulier. Ce caractère « rare et nouveau » peut être ressenti par le client potentiel comme un avantage que peut lui confèrer Orange et non les autres opérateurs mobiles.

 

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La rédaction d'Economie Matin Afrique

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